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Billet de blog 4 juin 2025

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OBSCENITES

Surtout, soyez toujours capables de ressentir au plus profond de votre coeur n'importe quelle injustice commise contre n'importe qui, où que ce soit dans le monde. C'est la plus belle qualité d'un révolutionnaire. Ernesto Che Guevara

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pendant presque deux semaines, réseaux sociaux, media traditionnels, terrasses de cafés, bruissent, à l’approche d’un événement qu’on perçoit immédiatement comme aussi important que la Libération de Paris.

Les hordes sont haranguées, de crédibles parleurs, font état de l’humidité de leur slip à l’évocation d’une possible victoire, non pas de l’Ukraine sur la Russie ou de quel qu’autre utopique solution pacifique quelque part sur cette planète qui commence à ressembler à une pomme fripée sur la table du capitalisme et du libéralisme financier, mais de la tenue d’un ... match de foot !

Les rues se peuplent de pauvres types vêtus de T shirts moches, ciglés PSG et Qatar, deux fleurons de la corruption, de la triche et de l’arrogance. Les pauvres portent l’étendard de multimillionnaires, dont le seul mérite est de courir vite, balle au pied, sur un terrain gazonné, cernés par une foule d’abrutis hurlant, souvent des propos racistes. Des cons.

Le jour dit, les millionnaires parisiens, gagnent sans combattre, un match livré par d’autres millionnaires, endormis, qui ne jouent pas, attendant sans esclandre, que les buts entrent dans leur cage. On peut se demander combien la prince, propriétaire du PSG a déboursé pour acheter cette victoire.

La veulerie des journalistes et commentateurs montre son climax dans la très longue séquence des clameurs, du commentaire de l’hyperexcitation des millionnaires en short, paradant sur les Champs Élysées, l’avenue la plus hideuse du monde, avant de se rendre chez le contre-pitre, peu après qu’il a eu pris une beigne dans la gueule, de la main du clown blanc qui l’accompagne partout, ou peut-être bien de la clowne, qu’en sait-on ?

Des morts, des arrestations par centaines, des garde-à-vue, sont le bilan des célébrations de cette absolue obscénité que constitue ce match de foot et ses effets collatéraux.

L’unique objet de ce sport spectacle, n’est-il pas la démonstration du pouvoir de l’argent, du déversement d’une palanquée de fausses valeurs, celle, du pognon vite gagné, peut-être le fantasme d’une possible ascension sociale fulgurante, par les prostitués en short et leurs souteneurs que sont les mafias médiatiques et autres imbéciles revendiquant un amour du foot qui en fait pleurer certains. Cela leur viendrait de leur jeune temps, pauvre jeunesse ! et rendrait leurs larmes de crocodiles aussi valables que les larmes de sang que verse un père gazaoui en ramassant la dépouille de son fils sur le tas de gravats laissé par une bombe israélienne sur sa maison.

Comment ne pas avoir peur d’une société au sein de laquelle peut se développer un tel cancer métastasique de la pensée, d’une virulence extraordinaire, dont le symptôme est une ferveur mystique dévolue à un sport de triche, de violence et de fric ?

La déception engendrée par la prise de position sur cet événement, de personnalités, par ailleurs tout à fait respectables, dont la parole est habituellement en phase avec l’exigence la plus pointue, pendant cette phase de folie, n’est pas près de disparaître.

En effet, comment se fier à des gens qu’on a entendu sanctifier le foot et liquider ce qu’ils ont de fierté et de décence dans le bonheur qu’ils ont exposé comme on montre ses fesses, du fait de la victoire d’un club arabe hébergé à Paris ?

Et Gaza dans tout ça ?

On entend, ici et là des objections à la politique du nazi sans prépuce, et de sa clique de dégénérés, mais d’actes, point.

A tendre l’oreille, on se demande, d’où vient cet étrange brouhaha qui n’a pas, et n’aura jamais l’amplitude de l’immense clameur qui a résonné pendant 48 heures en honneur de la victoire d’un club arabe contre un club italien.

Comme disait Jacques Chirac, dans un moment de grande forme cognitive, on fait des greffes de tout de nos jours, des reins, des foies, des cœurs, sauf des couilles ... faute de donneurs !

La veulerie, la lâcheté sont les piliers de l’indifférence au pire. Hitler était un gosse malfaisant comparé à Netanyahu, ils l’ont regardé faire, sans bouger, et même dénoncé, transporté des juifs, les Palestiniens d’alors, et se sont demandé, plus tard, en se regardant dans la glace, qu’aurais-je fait en 43, dans une dystopie thérapeutique pour tenter de guérir du sentiment qu’on aurait porté le même costume de collabo qu’on a sur le dos en 2025.

  « — Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d’excréments, vous l’auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l’exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »

« Le Chien et le Flacon » de Baudelaire

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