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Billet de blog 4 juillet 2024

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A fronts renversés

Où est passée la politique ? A lire, regarder ou écouter les media, il n’y a que querelles de clans invectives et délires, au sein des partis, les extrêmes, comme ceux de droite et du centre, avec une prévalence augmentée pour le Nouveau Front Populaire, lequel se trouvant dans la situation d’avoir à combattre l’extrême droite, le macronisme et la presse.

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Les journalistes ramasse-miettes de la nappe médiatique nettoient l’essentiel, sous le frottement incessant du rien du tout qui fait l’audience. Cette presse, de journalistes encartés, dont le sel du travail, est de mettre en valeur les petits riens, ces breaking news, dont les chefferies des radios, télés et presse écrite, pensent qu’ils sont les ingrédients nécessaires à leur soupe quotidienne. Elle ne creuse pas, le fond fait peur, à l’exception heureuse de quelques titres ; elle occupe tout l’espace cognitif de la population qu’elle est supposée informer pour faire exactement le contraire, au grand profit du RN.

Peu de journalistes rendent compte des courants sous-cutanés qui traversent la société. Les boues anciennes de la défiance envers celui qui est différent remontent à la surface ; le racisme ontologique, comme une maladie autoimmune dont ce peuple de France est victime, défigure notre société, par l’image d’une haine irréfragable, qui se soigne, de Gaulle l’a fait, mais ne guérit pas.

Bâtie sur l’excuse des trahisons répétées de la gauche, comme de la droite qu’on disait encore, dans l’avant Ciotti, républicaine, la dynamique pro-RN s’est enclenchée avec une force inédite, un Covid de la pensée dont les variants sont tous plus virulents les uns que les autres.

Désormais les fachos osent tout. Témoin cette lettre adressée à son domicile, anonyme, bien entendu, dans laquelle des menaces racistes sont proférées contre le journaliste Karim Rissouli, usant d’un vocabulaire qui trahit au moins la génération à laquelle appartient l’auteur, le terme bicot n’étant plus en usage dans les nouvelles générations.

Pour ceux qui regardent la télé, certains auront vu le déferlement de haine raciste dont a été victime Divine, une femme à la peau noire, aide-soignante de son état, par sa voisine, secrétaire de greffe de TJ, monstrueuse dans son apparence, hurlant a la niche ! poussant des cris de singe, tout cela devant micro et caméra d’une chaine publique. C’est dire à quel point, avant même le vote aux législatives anticipées du 30 juin, les digues sont tombées. une enquête

a été ouverte par le parquet local concernant les faits dont la secrétaire de greffe s’est rendue responsable

La perspective de voir les descendants des milices pétainistes et autres racistes, antisémites, islamophobes, enfin accéder au pouvoir, fait sortir du placard des millions de revanchards, anciens communistes, socialistes et gaullistes, brandissant un droit de se défendre contre les injustices sociales dont ils sont les victimes, par le coût des énergies, la stagnation des salaires, l’insécurité ressentie et autres misères, que la présence des immigrés génère, au surplus de l’incompétence de ceux qui gouvernent, les marcheurs sur l’eau.

Il est vrai que la gauche du progrès social par une juste distribution des fruits de la production, une valorisation du travail augmentée, par rapport à celle du capital, n’existe plus. Les vieilles idées de partage, de solidarité, de fraternité, portées par la classe ouvrière défunte, ont été largement solubilisées dans les génuflexions des gouvernants socialistes devant le marché, et leur obéissance aveugle aux diktats économiques, les œillères de tous les pouvoirs successifs depuis 40 ans.

Ce constat aide sûrement à comprendre le concept d’extrême appliqué à la gauche, une commodité dont on se passerait bien.

L’autre invariant du bruit de fond que sont les campagnes successives, est le mot antisémitisme cette boule du flipper de la norme langagière du moment, projetée de droite et de gauche, en forme d’accusation, de stigmate, d’oraison, de raison, de motif, d’effet de style, d’épithète, d’adjectif, de gros mot, par tout un chacun, comme si, le fait de dire antisémitisme, pouvait masquer la réalité profonde de cette détestation si particulière du Juif, marqueur fort et indélébile de bien des sociétés occidentales, dont la nôtre.

Et pendant ce temps au nom du même slogan, de la même pensée des gosses violent une autre gosse, la traitant de sale juive. Ils ont 13 ans elle en a 12.

La violence, l’insécurité supposés qui sont l’escabeau sur lequel perchent les idées des néo-nazis du RN, n’existe que dans leurs esprits malades. La véritable insécurité et la violence certaine sont des projets, ceux du RN.

Il faut espérer que les gens du peuple pour autant qu’ils laissent tomber le masque du consommateur, pour l’échanger contre le visage du citoyen, exposé aux intempéries idéologiques, verront le virage en épingle dans la brume des éructations médiatiques ordinaires et celles des réseaux sociaux, suffisamment tôt pour braquer vers la gauche, dans un dérapage bien contrôlé.

Les Jeux Olympiques font figure d’obscénité dans la séquence tragique que traverse notre pays. Les contraintes qu’ont consenties au CIO nos dirigeants, en premier lieu la ville de Paris, c’est à dire faire de notre ville de tous les jours un camp retranché, sont insupportables. Enfermés nous serons, dans nos quartiers, avec ausweis obligatoire pour traverser les zones réservées, tous suspects, tous assujettis à l’ambition de quelques-uns qui n’ont jamais réussi à faire adhérer les parisiens, premiers concernés, à leur projet délirant.

Bien entendu, les JO sont une aubaine pour les RN car l’olympisme, pour mémoire, sort de la tête malade d’un Coubertin, réactionnaire, raciste, pour qui les races sont de valeur différente et à la race blanche, d'essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance. Aucun problème donc pour Bardella et Le Pen dans la conquête du pouvoir politique un peu avant que s’ouvre les JO de Paris 2024.

Qui saura lire dans les moments que nous vivons dans la coïncidence entre la création du Front Populaire et la publication de son programme et l’organisation des JO par les nazis qu’Hitler voulait comme la vitrine de son idéologie au début de l’année 1936, et la même, en 2024 avec les JO pour vernir le blason de Hidalgo et la création d’un Nouveau Front Populaire et la publication de son programme, l’urgence absolue de se ressaisir devant la menace de l’avènement d’un fascisme contemporain, incarné par l’influenceur de pacotille Jordan Bardella ?

Par chance, l’histoire ne se répétera pas et les JO resteront la tête de gondole de Coca Cola, de Nike et de la soumission du sport à la pire des dérives du capitalisme et de la financiarisation de la planète.

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