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Billet de blog 4 novembre 2021

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COP 26, le poids des maux

Plusieurs centaines de voitures contenant plusieurs milliers d’agents secrets et de sécurité, des dizaines d’avions, des embouteillages à n’en plus finir, c’était Roma Città aperta mais pas celle de Rossellini, que les nécessités de la colonisation par le monde capitaliste ont verrouillée, pour permettre aux dominants de discuter de la relance et de la croissance.

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Presqu’en même temps, d’autres centaines d’avions transportant d’autres milliers de personnes venues de 120 pays, se sont posés à Glasgow, où les milliers sont allés, pour discuter de la question du climat et de l’urgence pour les dirigeants des plus riches de ces pays, d’entrer en sobriété énergétique, comme on entre en religion, car le temps de la génuflexion devant l’épouvantable destin de l’humanité est advenu.

Rome vs Glasgow, c’est le match qui se joue selon un calendrier qui rend compte du cynisme absolu régissant notre monde. Il y a fort à parier que Glasgow restera au fond du classement.

La réunion de la dernière chance, un sommet décisif, un tournant pour l’humanité, etc... Les mêmes mots, pourquoi en changer, pour décrire le sommet des promesses jamais tenues, car les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.

COP 26, un nom de flic ricain et un matricule pour acronyme, une bande d’illuminés et d’opportunistes, quelques militants sincères, des prises de parole, un voyage d’agrément, en somme.

Bien entendu, aucun de ces Pères Noël du climat n’est venu en bateau à voile, ne repartira de même, et, en attendant la farce N° 27, à Pétaouchnock, on reste amis, n’est-ce pas ?

Le peuple du monde aime ce genre de grand raout qui, dans une toute petite mesure, en Scandinavie et au Québec nourrit la conversation familiale au p’tit déj, et le washi washa burolier à la machine à café.

L’impuissance manifeste des COP à modifier le cours de la catastrophe en marche, n’est en rien un motif d’y renoncer. Au moins par pudeur, les organisateurs de la teuf pourraient-ils faire en sorte que leur calendrier ne coïncide pas avec celui des barbares du G20, pour lesquels la croissance du capital est une religion.

Ainsi, les dirigeants des 20 pays les plus riches de la planète assisteront ils aux ouragans, tsunamis, incendies géants, verront-ils la Sibérie se réchauffer, brûler sur des millions d’hectares, perdre des dizaines de mètres de pergélisol, les Yacoutes mesurer des températures de zéro degré, là où elles étaient de moins 40 avant le début de l’Apocalypse.

N’empêche, le capitalisme, what else ? Qui osera en faire le but ultime de toutes les luttes, sa fin l’espérance du plus grand nombre ?

Évidemment, ainsi formulé, le projet paraît bancal, car le capitalisme, ce n’est pas une idéologie, c’est une drogue dure, dont il faut se désintoxiquer.

Pénaliser les réunions comme le G20 où il est question de multilatéralisme c’est à dire la possibilité pour un pays de vendre à un autre des produits dont il n’a pas besoin à raison du fait que le pays qui achète pose comme condition que le pays vendeur lui achète sa propre production dont ledit pays n’a pas non plus besoin, c’est ce qu’il faut faire. Mais qui pour dresser la contredanse, qui pour la faire payer ?

La valse des porte-conteneurs et des camions, qui charrient des billions de tonnes de marchandises dont l’unique raison d’être est d’assurer la croissance de l’économie mondiale, et la conséquence, corollaire obligé, la destruction rapide de la planète par la modification du climat, est composée et mise en musique par le G20 ; jouée sous la menace de sanctions du FMI et de l’OMC par tous les pays qui ne sont pas dans les 7 et par l’Europe cette pole dancer,  maîtresse de mafieux, qui se donne à qui veut la prendre.

La pandémie Covid 19 ne doit plus masquer l’autre pandémie, celle du virus de la consommation et du tourisme de masse.

Confiscatoire, disais-je, naguère, à propos du tourisme envahissant qui me prive, et pas que moi de mon déjeuner à la Closerie des Lilas, envahie par les hordes, me fait renoncer à la Coupole devant laquelle les mêmes ont disséminé des avatars. Je me dis, comme une prière, un mantra, heureusement, les chinois ne sont pas encore revenus !

Paris est détruit par le tourisme de masse comme le sont Barcelone, Lisbonne, Venise et bien d’autres villes, la phase terminale est commencée. Même sans les chinois, les trottoirs sont bruyamment striés par les roulettes de millions de valises qu’on retrouve à côté de leurs propriétaires entre les tables des restaurants et des cafés.

L’atmosphère, l’ambiance, sont transformés en profondeur par la présence encombrante de ces gens dont on se demande ce qu’ils sont venus chercher à Paris qui, comme les villes de leur propre pays, est défigurée par les mêmes enseignes, les mêmes MacDo, Starbucks, et autres vespasiennes.

Les files, il y en a aussi devant d’insignifiantes boutiques, de très longues files, formées par des gens venus de banlieue pour l’essentiel, à l’appel de Tik Tok ou Insta. Des boutiques de donuts, de pâtisseries en forme de pénis, ou des restaurants chinois ultra low cost...

Entre réunions qui ne servent à rien et tourisme de masse, comme Mark Twain je choisirai le paradis pour le climat, et l'enfer pour la compagnie.

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