On s’habitue à tout, dit-on. Allons-nous prendre l’habitude de porter un masque, de se saluer à coups de poings, de ne plus se rassembler, transpirer, trépigner, se marrer ensemble ? Vérifier les dates des dernières vaccinations avant de sortir de chez soi, pour ne pas endurer les sanctions promises aux oublieux ?
Les agences de santé vont-elles nous demander de nous vacciner une fois par mois, le pouvoir imposer un pass permanent ?
Je me souviens qu’on nous rabâchait naguère, que si la population était vaccinée à 80%, on serait sortis d’affaire, on aurait atteint un seuil à partir duquel une immunité globale protégerait chacune et chacun d’entre nous. Nous en sommes à 87% et pourtant, le Covid repart comme en 40.
Il semble que les affirmations de nos smart managers, n’étaient que des prétentions.
Le monde d’après, nous y sommes. La bourse est au plus haut depuis vingt ans, les riches sont juchés au sommet de leur tas d’or, tandis que d’innombrables activités ont basculé dans le néant, que la misère de beaucoup, s’est accrue. D’aucuns fuient les villes pour échapper à on ne sait quoi, puisque C19 court plus vite qu’une marée bretonne et qu’il frappe partout.
Le monde dans lequel nous entrons, est celui du masque et des gestes barrière, de l’individualisme préventif, de la défiance généralisée, d’un internement définitif à l’intérieur d’un camp de règles, de Lois et d’injonctions qui sont autant de barreaux, de limitations des libertés individuelles les plus fondamentales.
On a beau faire comme si de rien n’était, comme des millions de gens pendant les avant-guerres, mimer une vie normale, alors que tout nous raconte que nous sommes passés sous le régime de l’anomalie.
Macron, sera le nom, si un jour le monde en réchappe, du pire moment que l’humanité aura vécu, pendant son mandat, soit par la faute d’une bande de chauve-souris bouffeuses de pangolins, soit du fait de la maladresse d’un laborantin chinois, forcément chinois. C’est son destin.
Le virus projette le monde dans un no-future que n’auraient pas renié les punks et autres épinglés les plus ravagés.
Je me demande si les gens, comme on dit puis, réalisent ce qui est en train de se passer, s’ils perçoivent, dans les interstices des flux médiatiques, la montée de la catastrophe.
L’éditeur du Goncourt qui rassure les libraires, disant qu’il n’y a pas à craindre de pénurie de papier et que le livre sera bien disponible jusqu’à Noël ; dans les supermarchés, et même chez les épiciers comme il faut, des produits manquent, à cause de la pénurie de blé, ou de tel autre ingrédient ; d’autres ne sont même pas fabriqués, du fait de l’augmentation inouïe du prix de certaines matières premières et font défaut.
Le cinéma ? Hier je suis allé voir, avec des potesses, un film au Max Linder. Comme d’habitude, on se presse pour pouvoir coloniser le premier rang du balcon, à cause des jambes, qu’on peut étaler. La salle à moitié pleine, pour ne pas dire à moitié vide, pas à cause du film, exotique et plutôt bien foutu, Casablanca Burning. Quand on est sortis, pas un spectateur n’attendait, pas de file d’attente devant le guichet. La misère.
J’en ai parlé, du cinéma, avec des professionnels, metteur, et producteur. La météo de l’activité n’est pas au beau fixe. On a importé des USA la déshérence des salles obscures. La morosité, le pessimisme que j’ai lu sur les visages, entendu dans les voix de mes interlocuteurs sont des glas.
Le cinéma, comme toutes les productions visuelles, sauf peut-être celles qui échappent à la diffusion de masse, comme les arts plastiques, est soluble dans l’innovation qui veut que toute production soit désormais un contenu destiné à alimenter comme un vulgaire carburant, les tuyaux de Netflix, YouTube, Disney, Amazon et autres plateformes.
On est entrés dans l’ère des virus. L’innovation technologique est le premier de tous, il vient même avant le Covid 19. Voyez la dépendance, la vôtre et la mienne, à l’outil numérique.
Regardez la copine qui mate des films sur l’écran de son téléphone, et celle-là qui marche dans la rue comme si elle était ivre, ne sait où elle va, ni même où elle est, tant elle est captivée par son smartphone.
Entendez les polémiques à propos de FB et autres YouTube, attendez de voir ce que sera l’Internet du futur qui vous permettra de disparaître totalement de la réalité car, grâce à META, vous pourrez vivre dans le monde virtuel de Marco.
Le problème, c’est que, comme pour le Covid, les vaccins n’ont aucun effet sur ces virus-là, sauf peut-être celui de vous donner l’illusion que vous êtes protégé.
Le beau Goncourt attribué à Mohamed Mbougar Sarr et son roman La Plus Secrète Mémoire des hommes, nous console un peu. Je ne suis pas d’accord avec le symbole que semble porter le choix du jury Goncourt, car le talent n’a pas de couleur, car il n’a pas de peau.
Alors, heureux ?