Serge MALIK (avatar)

Serge MALIK

Expert

Abonné·e de Mediapart

139 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 mars 2025

Serge MALIK (avatar)

Serge MALIK

Expert

Abonné·e de Mediapart

Dieu existe

Dans l’imaginaire collectif, et plus encore dans celui des croyants, quelle que soit la religion, Dieu est cet être suprême qui voit tout, à toute heure du jour et de la nuit, toute la semaine ;

Serge MALIK (avatar)

Serge MALIK

Expert

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Money © Bartcass

il sait tout, de ce que chacun de nous fait, que ce soit l’amour ou la guerre, de chacun des instants que nous vivons, il sait. Et après la mort, il a encore du boulot comme chacun peut s’en douter, compte tenu de ... ça c’est le Dieu d’avant, celui des vieux livres des anciennes croyances, un vieux Dieu que certains craignent parce qu’ils croient en son existence, que beaucoup craignent aussi, bien qu’ils n’y croient pas, parce qu’on ne sait jamais.

Le Dieu d’avant a pour lui l’immanence, il n’a besoin de rien d’autre, l’immanence étant très sobre en dépense énergétique et en volume de stockage ... mais il y ce doute sur son existence.

Aujourd’hui, ce doute n’est plus permis, croyants et athées, sont réconciliés par la certitude que Dieu existe vraiment.

Ce Dieu-là, est doté de l’Immanence Algorithmique, surnommée Intelligence Artificielle.

Il n’est pas encore tout à fait prêt à remplacer le vieux, mais ça ne saurait tarder.

Qui peut en effet, ignorer l’emprise phénoménale sur toutes les activités humaines, que nous promet l’irruption de l’IA ?

L’IA qui sait tout, peut tout.

Écrire, composer, traduire, transposer, imiter, peindre, dessiner, parler, chanter, en somme, créer.

De toutes parts, on entend que l’apocalypse est proche.

Il n’est pas question, ici, de ces technologies grossières utilisées depuis longtemps, pour remplacer le lumpen, les buroliers en surchauffe ou en burnout pour parler le français du siècle, par des robots, non, là, c’est de l’IA conversationnelle qu’il s’agit.

Imaginez que tout un chacun pourra interroger, interagir, conversationner, avec Dieu.

Imagine our minds linked in one bright chain,

Imagine a wisdom that guides every thought,

Imagine a code where no battles are fought.

Le chat j’ai pété, ce chat, qui somnole sur le paillasson de la maison de Dieu, je l’ai interrogé. Il propose des liens et des codes, une sorte de bondage dont Somerset Maugham aurait honte, se fiche de la poésie, ses dires sont des versets, des sourates.

Imaginez donc, un monde peuplé de Don Camillo abrutis, dans l’encore vaste espace du monde, les surtouristes, les jeunes de 18-24 ans, les moins jeunes de 24-35 ans et les autres, même les seniors, les nouveaux parents de chiens ; bref, les incultes qui peuplent les grandes villes, biberonnés au smartphone, aux réseaux sociaux et aux voyages low cost, les indifférents à la nature dont ils font partie à l’insu de leur plein gré, imaginez !

Quand les premiers téléphones portables, sont apparus, équipant la masse, tout un chacun pouvait vérifier, sur le trottoir devant la boulangerie, dans le bus, le métro et même la salle d’attente, que l’objet était majoritairement utilisé pour poser une question brève t’es où ?, suivie d’une conversation, limitée par l’exorbitance des tarifs.

Le bondage tarifaire ayant été vaincu par le Droit, les usages du portable, désormais intelligent, pardon, smart, se sont débridés. Aujourd’hui, c’est de la voix et des pouces qu’on communique entre soi, c’est aussi la manière dont on pourra s’adresser à Dieu.

Fini le frisson mystique produit par la réverbération de la voix de Don Camillo, de Peppone ou de Jésus, dans l’Église de Brescello ; les suppliques, les demandes, les injonctions seront émises sans l’émotion que requerrait jadis les adresses à Dieu.

Ainsi l’IA ayant orchestré l’obsolescence programmée de la prière et des entours de la foi, démocratisé, si, c’est comme ça qu’on dit, l’accès au tout-puissant, via, pour un temps encore, le matou péteur, prendra le pouvoir sur tous les esprits indigents, ceux qui, impréparés, sidérés par la transcendance de ce Dieu tout neuf, prêt-à-consommer, se prosterneront.

Pendant ce temps, en quelques invectives formulées dans un anglais approximatif, le Judas de l’Amérique, pour quatre ans, a déclenché un énorme pataquès en Europe.

Il y est question dans chaque pays, de regarder de plus près les dépenses sociales, et autres contributions publiques au bien-être commun, en France bien sûr, mais aussi en Allemagne, parce que, compte tenu de la dette, il faudra bien aller chercher de quoi financer l’industrie militaire, le recrutement etc., nous dit la radio.

Dans la bouche du diseur, suit l’information selon laquelle, l’année 2024 a établi un record absolu quant au montant versé en dividendes aux actionnaires, c’est dire où, exactement, nous en sommes, comme citoyens des démocraties occidentales, vis-à-vis du capitalisme prédateur, même en ces temps d’avant-guerre.

Soudain, en février 2025, les européens s’aperçoivent que la quasi-totalité des ressources en matière de communication, informatique, distribution, machines de guerre, armes, munitions, sont acquis aux producteurs américains, par tous les pays du continent européen.

Ces faux amis, dont de Gaulle se méfiait, ont habilement colonisé les économies occidentales, faisant, des pays d’Europe avec leur consentement ravi, voyez l’attitude servile de Macron à la Maison Blanche, des filiales, et de leurs gouvernants, des gérants. Le fameux parapluie américain, au nom duquel on achète du matériel de guerre US, que les journalistes s’obstinent à qualifier de matériel de défense, est déployé pour rien, si on se réfère aux cent mille morts de la guerre des Balkans et au génocide des musulmans de Bosnie. On ne voit pas pourquoi il servirait davantage aujourd’hui surtout avec Trump à la manœuvre.

Consolation, selon le chat que j’ai interrogé, la dissuasion nucléaire joue encore son rôle et le matou de Dieu ne voit pas de guerre entre la Russie et l’Otan à court terme, ce qui n’empêche pas les dingos de la politique et de la finance de commencer à réfléchir à remettre des usines en voie de faillite au travail pour fabriquer des douilles d’obus, au lieu de lampadaires et des carrosseries de chars d’assaut au lieu d’automobiles. Ouf !

Pourquoi donc envisager la création de grands complexes militaro industriels, éventuellement rétablir la conscription, un service militaire qui s’adressera forcément aux hommes aux femmes et aux LGBT++, et, pourquoi pas, envisager un retour des Charlots et de de Funès, si le chat lui-même, ne sent pas la poudre, dans les exhalaisons trumpiennes ?

Après l’ubuesque séquence soigneusement orchestrée du trio rabelaisien constitué par Trump, Zelenski et Vance, une farce comme on pouvait croire que les premières gesticulations de Hitler en étaient, ou prémices d’une catastrophe mondiale, comme il est ordinaire dans notre société du spectacle, les chaînes d’info continue et les autres, ont entrepris de convoquer leurs nombreux experts pour discuter du sujet.  Sur le thème porteur de la France a peur, de Giquel et choisis ton camp, camarade, de Coluche, les débats remplissent les cases, fournissant du contenu à la tuyauterie du spectacle médiatique.

Or donc, Trump tient l’Europe par les houilles, faiseur de prémices d’on ne sait quoi, puisque le gars change d’avis comme de chemise le caprice lui tenant lieu de stratégie politique. Une chose est sûre, c’est que Trump n’a pas du tout l’intention de s’aligner sur des obligations qui entravent la croissance, puisqu’il croit aux arbres qui poussent jusqu’à la planère Mars.

Il est déjà bien établi que les USA de Trump on fait un grand pas en arrière sur les engagements écologiques, la protection de l’environnement et de la nature, la neutralité carbone des activités industrielles comme horizon etc., les grandes entreprises industrielles occidentales suivent le même chemin. Amen.

Apocalypse

Auront peut-être lieu

Les adieux déchirants des humains à la Terre

par la volonté d’un tyran

qui se croit dieu

Plus de ciel bleu

ni de soleil éblouissant

que le règne du feu

et les derniers cris des innocents

que le noir entre nous et la lumière

la fin de toute vie

et l’hiver nucléaire

Cet homme qui est-il

pour tant haïr son espèce

pour qu’en moins d’un battement de cils

le vivant disparaisse ?

Vladimir, que la grâce

de la raison

enfin t’illumine

pour que chacun

en sa saison

sente encore ce mystère

qui l’anime

Kamal Zerdoumi, 2022

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.