Donc, la démocratie connaîtrait un glissement de plaque tectonique énervée ?
Oui, ça glisse dans le mauvais sens, sans jeu de mot. A résumer ainsi les pauvres ne votent plus, ce sont les riches qui vont à l’isoloir on peut trouver du censitaire, à condition de prendre en compte le fait que ceux qui ne votent pas, renoncent à l’exercice d’un droit et ne sont pas les victimes du caractère discriminant du vote.
Et le peuple, premier terme de la démocratie, où est-il ? Dans les hypermarchés et chez les concessionnaires automobiles. Le mal profond de la démocratie est le virus de la consommation de masse et ses invariants. Le citoyen n’est plus qu’un consommateur, de la chair à canon pour la mobilisation totale des producteurs-consommateurs, ce nouveau peuple du monde, un soldat du capitalisme ultra-libéral.
Le citoyen est désormais le porteur d’un drapeau sur lequel est écrit à l’encre de Chine There Is No Alternative, et sur le biceps duquel est tatoué TINA.
Les étudiants vont pouvoir retourner à la fac’... J’entend celui-ci et celle-là on nous a dit qu’il fallait rester chez nous, on a laissé nos locations, ces taudis à prix exorbitant, et maintenant, comment on fait pour se loger, si on doit aller en fac’ ? Lequel, d’entre Blanquer, Macron ou Castex a-t-il anticipé une telle situation ? Il y a des solutions, puisque le temps est à quoi qu’il en coûte. On pourrait par exemple financer des chambres d’hôtel, coup double, donner du boulot à l’une des corporations les plus lésées par la crise sanitaire, et loger décemment la petite foule des étudiants en déshérence. Combien de SUV subventionnés cela coûterait-il ?
Sur France Cul, le matin on peut se rassurer, un peu, à l’écoute de vrais connaisseurs de l’ARN et de l’ADN. On ne comprend pas tout, mais les mots, et le sens qu’ils portent ont l’air bien, ils sont seyants, tranchent avec la brume épaisse de l’autosatisfaction et de la verve improbable d’improbables spécialistes. On se dit qu’un jour, un vaccin viendra, comme le lapin de la chanson de Chantal Goya, trucider le virus qui commence à nous peler tant il met en évidence notre impuissance mondialisée. En France, on ne sait pas fabriquer un vaccin. Sanofi ? C’est bien pour les dividendes mais pas pour la santé.
La vaccination devient LE sujet médiatique du moment. Les lapsus abondent, dans la bouche de ceux, politiques, médecins, journalistes qui s’expriment à longueur d’antenne. On dit vaccin au lieu de virus, preuve que la fièvre est là.
Le temps des Cassandre est venu avec l’espoir suscité par le vi...vaccin. Ceux-là n’y vont pas avec le dos de la cuillère, puisqu’ils annoncent rien moins qu’un déluge de va...virus, bientôt. On attend avec impatience la déferlante de ceux qui se sont spécialisés en va...vi...va...virus !
Les français sont nostalgiques des années 80, cette avant dernière décennie du siècle dernier, qui a connu une hécatombe d’artistes, de jeunes fêtards, d’homosexuels, camés, malades du Syndrome d’Immuno Déficience Acquis, suicidés, accidentés. Bizarre, non ? Cette décennie maudite dont on ne retient presque rien, des airs fanés, comme ces chansons à deux balles qui vous trouent les oreilles, fascine y compris les générations qui ne l’ont pas connue. Légendaires les années 80 ? L’avènement du thatchérisme et du reaganisme, la rage libérale initiée à travers la planète, Thatcher liquidant les mouvements ouvriers dans son pays, imposant sa loi à l’Europe, laissant mourir en prison, d’une grève de la faim de protestation, Bobby Sands, un député irlandais, et 9 autres prisonniers, shootant sa population au libéralisme le plus sauvage, transformant le pays qui inventa l’industrie en une banque géante. Quant à Reagan, assis sur sa selle de cow-boy, il intervient au Nicaragua et au Chili, pour se débarrasser des dictatures, tandis que le FMI broie les économies de l’Argentine et du Mexique qui ne s’en remettront jamais. Les USA de Reagan, servent des taux d’intérêt incroyables aux investisseurs étrangers, aspirent l’argent du monde, générant les plus profondes inégalités, le chômage de masse, créant une misère insupportable subie par des dizaines de millions d’américains.
Comment peut-on être nostalgique des années 80, en France, sauf à ne voir que l’espérance portée par l’élection de Mitterrand qu’il s’empressera de trahir ? Il scellera le sort de l’idée socialiste qui l’a portée au pouvoir, en enfilant les patins de Maggy la folle. Le mitterrandisme créera le MATIF Marché à Terme des Instruments Financiers, une saloperie de roulette boursière, privatisera une grande partie des grandes compagnies nationales, donnera des gages au marché, en liquidant ce qui tenait du bien commun, engageant les services publics dans la pente de la liquidation pure et simple.
Mitterrand a fait des rois, menti, créé autour de lui une cour des miracles où de grands prédateurs sont venus s’abreuver, les Pinault, Arnault, Tapie pour en citer quelques-uns, dépeceurs d’entreprises riches d’actifs, qui feront leur fortune grâce à des Fabius dévoués à la cause du grand capital.
Alors, les années 80, ça vous branche ?