Avant, ma voix commençait à s’altérer vers 17 heures, maintenant, la pollution me serre le kiki dès 14 heures. ma voix, c’est mon détecteur, plus elle est rauque, plus l’air est pollué.
Je suis allé à Artparis, la foire d’art contemporain de printemps, décalée Covid à la fin de l’été. J’y étais hier, au lieu d’aujourd’hui, à l’horaire prévu pour la preview de demain, bref, je me suis trouvé, avec ma compagne du jour, seuls, au beau milieu de quelques dizaines d’ouvriers finissant de brancher des prises, enlevant les rubalises devant les stands, nettoyant les allées.
La foire, quel nom moche ! se remplit peu à peu des habituels visiteurs du vernissage. Le Grand Palais éphémère, une réalisation écoresponsable, de l’architecte Jean Michel Wilmotte est impressionnant par sa surface et son volume. Une nef gigantesque, barrée d’un pseudo transept, fait paraître l’ensemble, calé entre l’École Militaire et la Tour Eiffel, pour un plan d’église.
Rien de nouveau dans ce lieu, sinon l’impression d’un marché tout neuf, renforcée par la présence de grandes galeries qui n’auraient pas posé une cimaise sur un stand de Artparis, dans le monde d’avant.
Rien de nouveau non plus dans l’offre, le salon est de même nature que celui des arts ménagers, c’est un lieu de commerce où on vend à peu près toujours la même chose.
Je note quand même, une recrudescence, comme dit la police, de tableaux de Soulages et de solo shows dont un de ... Picasso.
Je m’en vais, quand l’effervescence est à un niveau tel, qu’on commence à croiser des gens, être obligés de contourner des groupes, immobiles, au milieu des allées. Le truc, dans les salons d’art contemporain, c’est de se coller à 6 ou 8 en plein milieu d’une allée, comme on fait dans les raouts à cacahouètes et champomy, où les 6 ou 8 se collent contre le buffet.
A part de ça, je sens venir l’automne, malgré la chaleur qui poisse, et le ciel dont le bleu pas Klein est immaculé. Quelque chose dans une subtile vibration, une onde légère, impressionniste, trahit la résignation de la végétation à accueillir le déclin promit par la saison polychrome.
Il n’y a guère qu’à Paris, et dans les grandes villes du monde, que les saisons pratiquent les avant-premières.
Le procès impossible, qui se déroule dans l’ile de la Cité, occupe la scène médiatique, la terreur en jugement, cohabite avec l’immense popularité du défunt Bébel. Impossible de ne pas donner toute sa place au Magnifique, même en ces temps d’extrême tension, d’émotion nationale, de deuil de masse, dont le procès le plus sécurisé de l’histoire entame le récit.
La presse, ayant épongé les témoins et raconteurs d’anecdotes moisies, s’est plongée dans les cas d’éviction médiatique de morts célèbres dont la nécrologie a concurrencé celle d’autres morts célèbres.
Ainsi Lady Diana a-t-elle pris toute l’obscure lumière du deuil planétaire, au détriment de Mère Térésa.
Mais l’histoire récente, fourmille de ces headlines où il est impossible de faire figurer deux noms, au risque de manquer au devoir de dévotion auquel sont auto assujettis les media. Michael Jackson et Farah Fawcett, on peut comprendre, c’est deux poids, deux mesures, mais comment justifier qu’un River Phoenix, gloire récente, sans grande envergure mourant à 23 ans d’une OD, occulte totalement la mort de Federico Fellini ? Citons les malchanceux comme Aldous Huxley et C. S. Lewis qui meurent le même jour que JFK ou Prokofiev qui casse sa pipe en même temps que Staline.
La presse sort des frigos les nécros qui vont vendre, on éditorialise, comme ils disent, à raison de ce qui sort de la conf’ de rédac’. C’est qui, Fellini ?
L’automne est la saison du deuil, anyway, celui des vacances, du farniente, du bronzage, du vert des feuilles, de l’or du soleil, de la longueur du jour, de la brièveté de la nuit.
De tout ce que génère la saison automnale, qu’en anglais on dit avec justesse, fall, c’est la mélancolie qui m’inspire le plus. L’humeur brunit comme les feuilles des arbres, le crépuscule envahit le jour, comme la marée la plage. A change is coming, soupire la nature.
Heureusement il y a Castex ! Casse Tex ! cas stex ! Comme Findus, Fin Duuusse ! c’est un machin mort, avec les yeux dans les coins. Quand il parle, j’ai l’impression d’entendre un vieil écho, complètement has been.
Le mec se prend tellement au sérieux, qu’il fait paraître Macron génial, humain, proche des gens les bonnes nouvelles ne doivent pas nous mener à une autosatisfaction annone-t-il. Le genre de phrase débile typiquement Castexienne, peut-être pondue par un crâne carré de son cabinet, qui nous prend pour des cons.
Et puis il y a Bébel, l’Alpagueur, qui, en mourant, dans une ultime facétie de sa façon, à chopé l’intégrale du malheur national, du chagrin inconsolable, y compris parmi les jeunots, qui roulaient en poussette quand Pierrot le fou a eu son AVC et s’est vu relégué au rang de people en chaise roulante.
Chapeau, bravo l’artiste !