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Billet de blog 15 septembre 2021

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La rentrée, c'est maintenant ou jamais!

Changement de mois, changement de moi ... la rentrée. Je n’ai jamais tellement aimé ce trait typiquement français, disons même franchouillard, qui consiste à arrêter de travailler, fermer les écoles, pendant plus de deux mois, chaque année.

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N’importe le développement de nouveaux modes de travail, la disparition totale de l’industrie manufacturière et donc des ouvriers, et bien sûr de la paysannerie, la coutume se perpétue.

La civilisation des vacances, née des nécessités imposées par la période des moissons, pendant laquelle les paysans avaient grand besoin de l’aide des citadins, lesquels voulaient du bon air, fuir les villes surchauffées par la saison, est devenue la période de l’envahissement des villes par le tourisme de masse, et des bords de mer et de la montagne par les citadins.

En septembre, on rentre chacun chez soi, bronzé, en forme, impatient que les prochaines arrivent.

Paris au mois d’août, un parisien que les vacances ont fait célibataire, sans enfant, disponible pour l’aventure, erre par les rues désertes de la ville. Du côté du Pont Neuf, il croise la route d’une touriste anglaise, blonde émerveillée par la ligne impeccable des monuments du front de Seine, la soudoie d’un sourire et de quelques mots.

Elle rit, il lui prend la main, la regarde, lui sourit, il sait que bientôt ce sera fini, presqu’aussitôt que commencé, balayé par septembre, notre amour d'un été, tristement se démembre, et se meurt au passé, j'avais beau m'y attendre, mon cœur vide de tout, ressemble à s'y méprendre, à Paris au mois d'août.

Paris désert, n’est plus qu’un fantasme, n’existe encore que dans la mémoire de ceux qui ont connu les époques bénies des façades noires, des poubelles en métal, couvercles boucliers, des bignoles furieuses mariées à des hirondelles à vélo ou à des agents de la circulation, bâton blanc et pèlerine, balayant devant leur porte.

Le Paris attaqué par les hordes infatigables, occupé par les alignements de cars, bruissant du roulement des valises, est celui d’avant Covid. La convalescence achevée, quand les masques vont tomber, quel Paris aurons-nous ?

Je disais changement de moi. Le Delta est passé par mon moi d’août. Il a moissonné, siphonné, ensemencé, laissé des traces. Mon moi de désormais est d’accord avec mon moi d’avant, il est sûr que ce virus #19 est une création du mode de vie de la population mondiale, de la consommation, de l’emprise du marché sur le monde.

Il ne ressemble pas à ma grippe parisienne de soupente humide, il est froid, implacable, c’est une production du capitalisme global.

J’entends et je lis. Les politiciens, comme un seul homme, continuent de marteler que le marché a besoin de croissance, qu’il faut recommencer à consommer, ce que les populations déconfinées des pays riches ont recommencé à faire sans attendre les injonctions ; s’ils étaient encore un peu des citoyens qui utilisent leur libre-arbitre, ils sauraient qu’on leur demande de mettre de la cigüe dans leur Spritz, parce que la croissance, c’est le virus matrice de tous les virus.

Dans le cerveau malade des tenanciers de la boutique capitaliste, est née le concept de croissance verte, une aberration, un oxymore appauvri, une connerie.

Comme l’écrit Hélène Tordjman, dans son livre, La croissance verte contre la nature,

Loin d’opérer la rupture nécessaire avec le système économique qui nous conduit à la ruine, ce mouvement témoigne en réalité d’une volonté de maîtrise et d’instrumentalisation de toutes les formes de vie sur Terre et d’une foi inébranlable dans les mécanismes de marché.

N’empêche, la machine à faire de la croissance est relancée, on dirait même que le Covid 19 a été un énorme accélérateur de croissance pour les entreprises, d’enrichissement pour les riches, s’il faut croire les chiffres, ces trucs qui ne se discutent pas selon le slogan publicitaire du Ministère des solidarités.

Quand on fera le bilan de cette pandémie qui a permis aux bourses mondiales d’exploser, aux grandes fortunes de grossir, aux dividendes et, d’une manière générale à la rente, de connaître des hauts inégalés, sans compter la hausse des prix de l’immobilier, celle de l’énergie et j’en passe, qu’elle sera la conclusion ?

La question est posée à des économistes, atterrés ou non, qui trouvent les mots pour justifier que pendant que la planète était confinée, que quatre millions et demi de gens mouraient du Covid, l’économie mondiale se régalait.

Mon moi du jour ne comprend pas.

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