Ce matin, il a fallu se farcir Cécile Coulon, qui accumule les prix littéraires dont pour l’essentiel, il faut vivre en lointaine province, pour en connaître, comme un sportif les coupes. Son bavardage raconte plus confiance et estime de soi, autosatisfaction, que génie littéraire.
Cécile Coulon, que je n’ai pas lue, et n'ai pas l’intention de lire, semble incarner ce qu’est en train de devenir la littérature.
Alain Finkielkraut, décrit cet autre monde d’après, dans son livre L’après Littérature, où il est question d’un monde qui n’est plus nourri par l’expérience littéraire, mais par des surgissements féministes, des éruptions identitaires, des éructations médiatiques.
Ces événements, au lieu de faire modèle, de creuser la question, singulière, de l’être, de la pensée complexe, remplissent la fonction de masquer les réalités, éradiquent l’esprit critique, élaborent mensonges et hypocrisies, pour occuper les esprits, loin de la réflexion de l’analyse critique et du libre-arbitre.
Finkielkraut, devenu prudent, depuis qu’il est académicien, n’ose plus le scandale, mais ne peut empêcher ses lèvres de frémir de l’envie de gueuler sa haine viscérale du féminisme, qu’il affuble, pour l’affadir, du préfixe néo. Il hait ce féminisme chié par Me2, décret liberticide, raciste envers les hommes en tant qu’espèce, dont le succès donne des ailes aux femmes les plus abusives, les plus radicales et les plus extrémistes.
La revendication, mille fois réitérée de l’égalité des salaires, comme fer de lance de la lutte pour l’égalité homme/femme, occulte le fait que le patriarcat est une vieille lune, obsolète. L’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas résolue, et ne le sera pas, tant que l’agenda organique des femmes, qui doivent interrompre le cours de leur activité, si elles veulent perpétuer l’une de leurs fonctions qui est de procréer, ne sera pas caduque.
Les hommes n’ont pas de menstrues et n’accouchent pas, ces différences sont irréductibles, n’en déplaisent aux femmes qui ont en tête une révolution visant à niveler l’espèce humaine, c’est à dire égaliser, un projet abscons, assez typiquement féminin, dans le sens femelle.
Pour finir sur l’entretien de Demorand-Salamé avec Finkielkraut, l’animateur de la matinale, interpelle l’académicien sur le fait que son livre, ses livres, sont pleins de ce qu’il n’aime pas. Bon, et alors ? Quel est l’intérêt de raconter, dans un essai, ce qui vous plaît, ce que vous aimez ? C’est vrai que pour faire son métier, Demorand a besoin de brosse à reluire et de langue chatoyante, ce qui n’est pas nécessairement le cas d’un essayiste, d’un philosophe, d’un sociologue ou d’un romancier qui dit le monde tel qu’il le voit, et qui a une bonne vue.
Finkielkraut se justifie, au lieu de se fâcher, affirmant qu’il aime sa femme et que son bouquin commence par Proust et sa tante Léonie ... un effet secondaire de Me2 ?
Sur France Culture, s’exprimait, ce matin également, Alexandre Devecchio, dont le deuxième prénom Mario, lui permet de se prévaloir d’une sorte de légitimité à se prononcer sur des questions aussi controversées que l’intégration vs l’assimilation, d’une manière péremptoire.
Il invoque l’expérience du grand-père, immigré italien, qui se prénomme Mario, justifie sa préférence pour l’assimilation, qui fût le choix de sa famille d’origine italienne.
Ces gens, venus de la péninsule, se seraient assimilés, auraient renoncé à une partie de ce qui les constitue, c’est à dire leur identité, pour épouser entièrement la culture du pays d’accueil.
La démonstration de Devecchio, on connaît. Les italiens venus en masse dans notre pays pour échapper à la misère qui régnait dans le leur, ont été longtemps l’objet d’un racisme terrible. Des pancartes interdit aux chiens et aux italiens fleurissaient aux abords des cafés et des guinguettes, dans les belles années où les français, haïssaient ces voisins, voleurs de pain et de travail.
Ayant conçu un complexe d’infériorité compréhensible, beaucoup ont renoncé à leur langue et aux prénoms italiens. Ainsi pour Mario, l’assimilation n’est pas un gros mot, puisque le principe repose sur le sacrifice de l’usage de sa langue dans notre pays, et l’adoption de prénoms grecs plutôt qu’italiens, et rien d’autre.
Donc, l’assimilation. Comment tu t’assimiles à un peuple chrétien blanc quand tu es noir et musulman ? Quand on te demande de t’intégrer, au lieu de faire en sorte que ce soit le pays, qui t’intègre ?
Comment tu t’assimiles, quand tu es maghrébin, issu d’un pays, objet d’une longue colonisation ignoble, que tes ancêtres ont constamment été humiliés, dominés, esclavagisés par un colonisateur raciste et méprisant, qui hait les arabes et leur religion, dont le système éducatif donne la priorité a des langues inutiles comme l’allemand, au lieu d’enseigner l’arabe, langue certainement utile à l’intégration de millions de locuteurs ?
Pour les Africains et les maghrébins, sans le soutien de leur foi, pour certains, de leur culture pour la plupart, il serait impossible de vivre en paix, dans un pays dont la population a été complice des pires atrocités envers leurs ascendants.
L’intégration, ça veut dire aussi que la culture du pays d’accueil s’enrichit constamment de l’altérité culturelle, de l’apport des expériences, des savoirs de ceux qui viennent d’ailleurs. La culture est un concept universel, les flux, d’où qu’ils viennent se mêlent, aboutissent dans un creuset commun, le nôtre.
Alors, Alexandre, ce n’est pas parce que ton grand-père, Mario, a choisi pour sa sécurité, et celle de sa famille, de faire profil bas, qu’il faut vouer les personnes venues d’ailleurs à la génuflexion à laquelle, vous, italiens, blancs et chrétiens avez consenti. D’ailleurs, ton père, ne t’as pas nommé Jean, ou Luc, mais Alexandre, un prénom pas du tout français, qu’est-ce que ça cache ?
Il faudrait que j’arrête d’écouter la radio.