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Billet de blog 16 novembre 2021

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Allons z'enfants!

Les populations constituant les sociétés contemporaines, évoluées vers l’âge adulte dans l’étau éducatif utilitariste du néo-libéralisme, sont-elles adultes ? C’est le sujet du livre Grandir de Susan Neiman, paru aux éditions Premier Parallèle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il s’agit là d’un thème que le contexte politique Zemmouropathologique rend plus que pertinent.

Le peuple français, façonné par un système éducatif dans la main de gouvernants formés au productivisme capitaliste, est-il en mesure de voir au-delà du pouvoir d’achat, de refuser la mise en lumière d’imposteurs racistes comme Zemmour, et tous ceux revendiqués de droite, néo-gaullistes et même de gauche qui se réclament des mêmes éléments de langage, de la même pensée, que l’érudit du moment ?

Il n’y a plus d’enfants, cette expression populaire qui fleure bon ses trente glorieuses, se déclinerait aujourd’hui ainsi, il n’y a plus que des enfants. A l’occasion d’un zapping sur les chaines infos, pour attraper au vol les impressions laissées aux experts, commentateurs et chroniqueurs, par le discours d’Emmanuel Macron, j’ai entendu qu’il y était bien plus question des sondages à propos de l’avancée de Zemmour dans les intentions de vote des Français, que du meeting de campagne télévisé du président.

A ma surprise, un chroniqueur s’inquiète de l’engouement de ses concitoyens pour le candidat d’extrême, extrême droite, et propose que, peut-être, les Français jouent comme des enfants à se faire peur, balancent une grosse boule vanneuse sur la piste de bowling de la prochaine élection présidentielle, pour faire chier, faire causer, réveiller, que sais-je, pour s’amuser ?

Je n’avais pas pensé à l’hypothèse selon laquelle un peuple infantilisé par le système éducatif ultra libéral de notre pays, relayé par le système économique mondialisé, finirait un jour, par retomber en enfance pour de vrai.

L’enfance, cet état de nature, cher à Rousseau, ce philosophe des Lumières qui oppose nature et culture, et pour lequel la nature est bonne et parfaite, la société est corrompue, pourrait être la cause du jeu dont la rhétorique de Zemmour serait l’objet.

Pourquoi pas ? On se rassure comme on peut.

Puis vient la glose de Jupiter, tiens, ça fait un bail que je n’ai pas employé le pseudo de notre président ! Les fainéants de chômeurs ont intérêt à y mettre du leur, s’ils veulent continuer à percevoir des indemnités. Le président des riches, oublie que les feignasses, ont dûment et durement contribué, par leurs cotisations sociales, à la constitution des moyens qui permettent que l’inconvénient du chômage ne les plonge pas dans la misère ; les Français assurent par eux-mêmes le financement des avantages sociaux et de l’assistanat, ces ennemis irréductibles du patronat et des riches. Ils financent aussi, bien entendu, les avantages fiscaux, niches et autres évasions qui manquent au budget national à hauteur de 83 Mds/an.

Les déclarations d’Emmanuel Macron, visent à l’évidence, les prospects de droite, dont il aura besoin pour sa réélection.

Désormais, les chômeurs devront faire état de 6 mois d’activité salariée, dans les deux ans qui précédent leur inscription à Paul Emploi, SA, pour bénéficier du statut et être indemnisés ; il faudra travailler plus longtemps pour celui de retraité.

On ne dira plus troisième, quatrième etc. dose de vaccin mais rappel, ça évite que le bon peuple déduise de cette obligation qu’elle est due à l’inefficacité des vaccins. Le pass sanitaire, est prolongé ad vitam, sa validité subordonnée à l’obligation d’avoir fait l’objet de deux injections de Pfizer ou autres vaccins.

Bref, ça c’est pour les mauvaises nouvelles. Les bonnes, c’est la réussite éclatante du quinquennat de Jupiter, le CAC au plus haut, le chômage au plus bas, la relance, bla bla, la croissance etc., les 300 euros d’augmentation du salaire des soignants, la mise en construction de nouveaux EPR, de quoi se plaindrait-on ?

Qui ne voudrait pas une deuxième dose de macronisme, ooops, un rappel, hein ?

A part de ça, il fait beau par ici, même pas froid. On cherche le soleil, en marchant dans l’axe de l’astre qui s’incline vers l’horizon hivernal. Sa lumière oblique découpe la ville en moindres détails, révèle reliefs et couleurs, embellit les banalités urbaines.

L’atmosphère éblouissante des heures d’or, des après-midis d’un bel automne parisien, sophistique nos balades, réinvente les rues que nous peinons à reconnaître ; ici une terrasse improbable, un renfoncement, sous une toiture qu’un trait orangé souligne ; les passants semblent costumés, l’ombre allongée des corps en mouvement anime les trottoirs, précède les déambulations, démesurément.

La fabrique à nostalgie fonctionne, tu te souviens de cet automne de 2021, ce ciel uniformément bleu, ce soleil de ouf. Les balades à Saint Germain, la Seine, presque sans bateaux-insectes, les cars n’étaient pas encore revenus.

On a eu du bol, que Zemmour ait été élu. Personne n’avait prévu qu’il mourrait d’un cancer du cerveau au bout de six mois ... La sixième république, finalement c’est pas mal, et puis une troïka pour gouverner c’est bien...

Les philosophes des temps anciens, des obscurités, des temps oubliés ou des Lumières, ont laissé au monde, en héritage, des pensées, comme ici Platon, in La République, rêver n’est-ce pas ceci, soit pendant le sommeil, soit en étant éveillé, prendre un objet qui ressemble à un autre, non pour une simple ressemblance mais pour l’objet lui-même auquel il ressemble, pour inspirer l’humanité.

Imagine no possessions, I wonder if you can, no need for greed or hunger, a brotherhood of man

Lennon

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