Le client, un François le français, grand et chauve, avec des grands pieds et sûrement une gueule de résistant de 45, pousse des hauts cris : il n’a pas de masque ! il n’a pas de masque ! et le voilà sur le chemin de la porte, je m’en vais ! Joao un sourire dans la voix, lui dit que je viens de mettre mon masque. Le collabo se ravise, prend les 3 endives maigrichonnes qu’il convoitait, paie les 3,80€ qu’on lui demande et débarrasse le plancher. Cette scène, je l’ai vécue plusieurs fois depuis le début du re-confinement. Les français ne changent pas. Les françaises non plus.
Obéissant.es à la tyrannie, adorateurs et trices du totalitarisme à la sauce Macron/Castex (lui, qui s’occupait de dé-confinement a changé de blouse. Il me fait penser à un contremaître d’abattoir converti à l’élevage), comme ils furent autorisés à se revendiquer résistants à l’instigation de Dieu Gaulle penseur de l’Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental. Laquelle ordonnance se lit à la lumière de celle du 24 septembre 1941, créant le Comité national français qui considère que de multiples preuves établissent que l'immense majorité de la Nation française, loin d'accepter un régime imposé par la violence et la trahison, voit dans l'autorité de la France libre l'expression de ses vœux et de ses volontés, alors que les français dans leur immense majorité se sont, entre ces deux dates, vautrés dans la collaboration la plus abjecte, usant et abusant des dénonciations et de la spoliation des juifs.
Je ne sais pas d’où me vient ces remontées de bile anti François le Français, mais quand j’en vois un.e, je ne me maîtrise plus, mettant tout le monde dans le même sac de goudron et de plumes. Mais je me rassérène et me pardonne assez vite. Juste le temps d’achever la montée de la rue des Martyrs la mal nommée. J’attends que ma chérie ait fini d’attendre sa baguette derrière une bonne femme qui veut savoir si les grenades qui ont servi à la glace qu’elle vient d’acheter proviennent d’Iran. La vendeuse, une grande antillaise adorable, à la voix douce a l’esprit ailleurs. Elle met un temps fou à répondre à la dame. Une longue file s’est formée à l’extérieur de la boutique au sein de laquelle, des clientes habituées, supputent.
La routine des soirées confinées, pas de resto mais des magasins de bouffe en veux-tu en voilà. La frénésie du premier Conf. a disparu, laissant la place à une normalité floue. On voit des gens se saluer, se reconnaître sous les masques, s’arrêter pour entamer une discussion de voisins. D’autres, pilotant caddies et poussettes, forment des lignes offensives sur les trottoirs, fonçant vers on ne sait quel but. Une rue ordinaire dans un moment extraordinaire. Le Prisonnier. Voilà à quoi ce paysage urbain me fait penser. Je guette la grosse boule blanche qui surgira peut-être de la rue Clauzel quand je me mettrais à courir.
Non Mastex, je ne suis pas un numéro !