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Billet de blog 18 août 2021

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Il nous appartient de soumettre au joug bienfaisant de la raison, tous les êtres.

La séquence Macron d’hier, avait quelque chose de surréaliste. Le président de la République s’adresse, une fois de plus, à la population pour lui donner une todo list. Il se comporte comme un chef de bureau qui fait un stand-up meeting pour donner des instructions à ses subordonnés.

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Les Français s’habituent à se considérer comme les subordonnés du président, dont il est vrai que 20% seulement d’entre eux, ont contribué à le désigner comme tel. Hallucinant, non ?

Macron, et son bras droit, Castex, multiplient des comportements empruntés au pire de ce qui se fait dans le monde des buroliers. Petits chefs, disposant d’un large pouvoir, auquel ils sont censés appartenir, et pas le contraire, car en démocratie le pouvoir est au peuple, c’est le pouvoir d’être.

L’affaissement progressif du sens même, de ce que sont les libertés individuelles, la dissolution, par étape, en gros à chaque intervention de Macron et Castex, caricatures de gouvernants, de l’esprit de résistance aux abus du pouvoir, sont très préoccupants. Les Français sont obéissants. Pendant que Macron pérorait, près d’un million de citoyens ont pris d’assaut la plateforme Doctolib pour un rendez-vous dans un centre de vaccination.

Vous pouvez me rétorquer que Macron est un malin, qui sait très bien qu’au moment des départs massifs en vacances, énoncer la liste de tout ce que les Français ne pourront pas faire, s’ils ne sont pas vaccinés, est efficace.

Voilà les restaurateurs, les gérants de salles de cinéma, de théâtre, de concert etc. transformé en flics. Sur le fond, pas grand-chose de choquant dans un pays de délateurs. En chaque Français sommeil un poulet. Notez que le poulet, c’est de la volaille, du flic, mais aussi un billet, une missive. On délate souvent par écrit !

La politique de l’ausweis, n’aura peut-être même pas raison de la réélection de Macron. L’opposition, qui semble concentrer ses espérances sur Anne Hidalgo, comme incarnation de la gauche unie, excusez, je ne peux pas m’empêcher de pouffer, oui, à cause de l’oxymoron la gauche unie, et aussi la contradiction des termes Anne Hidalgo et de gauche, ne semble pas voir l’énormissime erreur, qu’elle est en train de commettre. Bon, d’accord, l’opposition n’existe pas vraiment, donc c’est personne qui se trompe.

Pendant ce temps-là, la croissance, croît, les milliards qui s’accumulaient chez les hyper-riches, s’accumulent, les pauvres qui dormaient dans la rue, dorment dans la rue, et tout va bien.

Je relève un paradoxe, dans un débat à la radio, sur l’immobilier à Paris. Il semble que moins la capitale attire de gens, plus le prix du M2 augmente. Entre 40 et 50 000 personnes quittent la capitale chaque année, selon moi, 25 à 30 000, selon la mairie, pour aller s’installer sous des cieux plus cléments, et ça ne fait pas baisser les prix. Avant, l’argument était que les étrangers achetaient beaucoup d’immobilier à Paris, mais ce n’est plus vrai.

La ville est devenue un lieu de passage, pour la plupart des étrangers, surtout les plus riches. Ces gens-là, n’apprécient plus trop les malls géants, que sont devenus les centres des grandes capitales du monde, les paquets de gens agglutinés derrière des parapluies, les files d’attente devant tout.

Qui, sérieusement, à envie de se balader du côté des galeries Lafayette ou sur la rue de Rivoli, entre Châtelet et Hôtel de Ville ?

Ainsi, la croissance, est-elle en train, peut-être, de parvenir à la fin de son cycle destructeur d’espace vital, de matières premières, du climat, et, in fine, de la planète tout entière.

Le commerce, le libre-échange, alfa et oméga de la croissance, activité vitale pour la prospérité des peuples, nécessité pour les interactions sociales et économiques, est comme le cancer. Il produit des cellules en surnombre, qui se multiplient à l’infini, et finissent par avoir raison du corps qui les contient.

La croissance, finira par avoir raison du corps qui la contient, l’humanité.

Pour l’instant, à la radio, Anne Hidalgo, de sa voix monocorde, qui contient quelque chose comme de l’arrogance, du mépris, énumère les actions qu’elle mène à Paris depuis 7 ans. C’est plein de trucs positifs, n’empêche.

Avant elle, on n’avait jamais vu des habitants, par douzaines se rassembler et envisager de créer des milices armées pour défendre leur voisinage contre les agressions de pauvres ères tellement camés qu’ils en deviennent agressifs.

On n’avait jamais vu des files d’attente derrière les camions des Restos du cœur et autres secours catholique, s’étirer sur plusieurs centaines de mètres, le long du mur des Récollets, ni ces centaines de errants, de jour comme de nuit aux abords des gares, et encore moins ces mains tendues, dans la rue, à toute heure et dans tous les quartiers, sans compter ceux qui, assis, implorent qu’on leur vienne en aide.

Madame Hidalgo, fabrique des voies cyclables, loge des bourgeois dans des logements sociaux, mais ne fait rien pour mettre en œuvre la Loi DALO, qu’il serait assez facile de faire appliquer, notamment dans les immeubles acquis par des abrutis, pour louer en Airb&b, et qui n’en peuvent mais, après les ravages sur cette activité, générés par le Covid.

Le Droit au Logement est un droit fondamental. Ce devrait être la première préoccupation de la maire de Paris, bien avant les pistes cyclables. L’indignité que constitue l’inaction de cette femme, est un argument, hors tous les autres, et ils sont nombreux, pour ne pas la choisir comme successeure à notre petit dictateur agité.

Chaque fois que l’on refuse 1 milliard pour le logement, c’est 10 milliards que l’on prépare pour les tribunaux, les prisons, les asiles de fous, disait l’Abbé Pierre, il y a 60 ans.

Le texte du titre de cette chronique est emprunté à la traduction française de Nous Autres le chef-d'oeuvre de Ivanovitch Zamiatine qui inspira le 1984 de George Orwell

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