La rue c’est du bruit, des bagnoles, et toutes sortes d’autres véhicules, de mouvements, dont les nuisances extrêmes, neutralisent les autres sens.
Le vide réactive l’odorat.
De senteurs discrètes, échappées de basses fenêtres, et de balcons fleuris, aux remugles agressifs, voyous, venus de ces entassements dominicaux dont les parisiens sont coutumiers, et de quelques poubelles négligées, la gamme est étendue.
Des odeurs encore, je pense au Parfum, de Süskind et sa description du quartier des Innocents, où l’air était irrespirable, au point qu’on mettait un chiffon devant le nez et la bouche, pour passer de la rue de la Ferronnerie, à la rue Berger. Ça vous rappelle quelque chose ?
Faubourg Saint Denis, sous le cagnard de midi, la rue aux trottoirs-terrasses bondés, sert les passants d’effluves de cartes postales aromatiques, Lahore, Pendjab, Assam, Kerala, dans sa partie haute. A la cardamome, au curry, au cumin, et au girofle, succèdent, après la rue des Petites écuries, les fumets brutaux des kebabs turcs, les keftas et aubergines frites, des mini bistrots kurdes. Après la porte Saint-Denis, on devine la fondue coréenne à 200 mètres, mais globalement, les extracteurs y marchent mieux.
Le scandale ? Oui, il faut un scandale, pour rester vigilant. Ce qui me choque ici, c’est l’énorme pouvoir d’un machin qui s’appelle le CIO. On dirait une ONU efficace, toute puissante. Ce que le CIO veut, les pays le peuvent. Oui, les pays. Le Japon, la France, puisque ce sont les deux pays dans la cause de l’organisation de cette machine à cash du moment, que sont les JO, sont aux ordres.
Des JO à huis clos, au Japon, des japonais, déjà surendettés, comptant le pognon qu’il faudra cracher après le bilan financier catastrophique pour le pays, qui suivra l’échec cuisant, sur le plan économique de ce raout obscène.
Le CIO est une organisation internationale à but non lucratif, dont le siège est en Suisse, qui eût parmi ses membres, des anciens nazis, et le célèbre scélérat franquiste, Samaranch, est tout entière dédiée au bien-être des partenaires. Les équipementiers, en particulier se régalent. Les seuls perdants, aux JO, à part les athlètes malheureux, sont les pays organisateurs. Il n’y a jamais eu, depuis l’origine des jeux, un seul pays organisateur qui affiche un bilan positif ou même neutre.
A l’heure où il faut réfléchir plus que sérieusement à la production d’effets délétères sur le climat mondial, par des machins qui ne servent qu’à la gloire des marques, pourquoi ne pas supprimer les JO ?
Dans la même veine, qui n’a pas aperçu le carnaval délirant, qu’on appelle la caravane du Tour, se demande si c’est en vrai. Je me suis pincé, pour être sûr. Retour d’une visite fort agréable de l’Institut Giacometti, niché dans un immeuble d’un maître de l’art décoratif, Paul Follot, voisin de l’immeuble superbe où vécu Simone de Beauvoir, là-haut, à Denfert, je suis tombé, avec ma copine de washi washa, sur ladite caravane.
Trois kilomètres de bagnoles et de camions découverts, aux couleurs de marques de biscuits, de lessive, de produits et objets en tous genres, des filles dénudées harnachées à des arceaux de sécurité, avertisseurs sonores, micros débridés, moteurs assourdissants, sont passés devant nous, au bas de la rue Dauphine.
Je ne suis pas exactement à l’endroit ou j’aurais dû me placer d’instinct, c’est à dire derrière la rubalise, un flic m’interpelle qu’est-ce que vous faites là ? Je lui réponds machinalement, et vous ? J’ai senti que le type aurait bien voulu me traiter au tonfa. Il n’a pas insisté.
Ma copine m’avoue, c’est la première fois que je vois ça. Normal, c’est pas au Liban ni en Syrie, qu’on est assez con pour faire défiler des véhicules de cirque dans les rues ! Ils seraient pris, dans la seconde, en enfilade par des tirs de roquettes !
Sinon, a Cannes, Spike Lee, qualifié d’amateur, pour la tenue erratique de son statut de Président du jury, a promu une femme, pour le film Titane, objet de fascination, acclamé par ceux qui le trouvent rock’n roll et vomi par les autres. Un palmarès clivant, comme il se doit.
En Allemagne, les morts, nombreux, appellent, de sous la boue qui les a tués, les survivants et Angela, à regarder la question du climat, autrement qu’avec l’œil torve du profit, du greenwashing, du mensonge et de l’imposture. La nature, tue.
Je ne sais pas si dans le cerveau en béton, de la clique LREM, le désastre que viennent de vivre les pays du Nord de l’Europe, le signal ALERTE ! sera passé, mais il est évident que le climat est une cause autrement plus urgente que celle du vaccin anti variant delta, ce prétexte sanitaire, qui inspire les pires décisions de ce quinquennat pourri.
Le tourisme de masse à repris son œuvre de destruction. Le libre-échangisme a repris du poil de la bête, la finance ne s’est jamais aussi bien portée, comme l’immobilier. Cela devrait continuer, jusqu’à la prochaine inondation, le prochain incendie, la prochaine canicule. La leçon des catastrophes récentes, en Inde, aux USA, en Australie, au Japon, en Chine en France, en Italie, et maintenant en Allemagne au Luxembourg et en Belgique, n’est toujours pas inscrite au tableau du capitalisme, et encore moins à celui de cette Europe malade du marché, quoi qu’il en coûte, comme moteur de l’économie et donc de la politique.
J’attends des histoires de bord de lac, c’est pour ça que vous avez droit à de petites chroniques dans la chronique.
Yvoire et Evian, le Royal Hôtel, les bords de lac, le soleil. Une belle cérémonie, étirée sur deux soirées et deux journées, des retrouvailles, des sourires, des revoyure.
C’était bien, c’était chouette, on y retournera, une fête bien organisée, chic et simple, des gens formidables ...
Pendant ce temps, le Gars consulte. Il veut supprimer le ministère de la Culture et celui de l’Intérieur. Son projet ? Régionaliser les pouvoirs régaliens, sauf la justice. Pourquoi la police serait-elle une évidence nationale ? Les régions possèdent les mêmes caractéristiques que des pays. Elles ont des langues, des mentalités, des mœurs variées. Un flic marseillais n’a rien à voir avec un parisien.
Prenez un contrôleur de tram à Montpellier et un de la RATP à Paris. L’un est, dès le mois de mai en chemisette, le téléphone collé à l’oreille, il est souriant, même s’il fait appliquer les règles. Le même à Paris, patibulaire, teigneux, il fait la gueule, à le teint gris et une chemise à manches longues qui gratte, par-dessus laquelle il porte un blouson moche.
Le Gars veut vraiment éclater les pouvoirs, les compétences, égrener la grenade centraliste dans tout le pays, donner ce grain à moudre à des gens qui savent de quoi est fait leur pays.
Le Gars veut réformer, c’est à dire redonner sa forme initiale à la démocratie.