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Billet de blog 20 novembre 2021

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La connaissance des mots conduit à la connaissance des choses.

Toutes les études montrent que les préoccupations des Français sont la santé, le pouvoir d’achat et la sécurité ... La pandémie a accéléré la montée en puissance d’un sentiment déjà très présent dans l’opinion, comment ne pas le comprendre ?

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L’insécurité sanitaire est évidemment une préoccupation d’autant plus prégnante dans l’opinion qu’il est de plus en plus difficile, voire, carrément impossible, dans certaines régions, de se faire soigner, sauf à parcourir des kilomètres et patienter dans l’angoisse pendant des mois.

Alors comment expliquer l’omniprésence de sujets comme le grand remplacement, l’immigration, l’Islam, dans le discours des politiques et dans les ébats de commentateurs et d’experts, sur tous les plateaux de télévision et dans les studios de radio ?

Comment l’expliquer, sinon que la réalité du pays n’intéresse ni les politiques ni les media. La part d’audience, le nombre de likes, seuls comptent. Les Français se distraient à écouter les followers de Zemmour, parmi lesquels on peut signaler l’étrange présence de types comme Montebourg, lequel pourtant, proche des abeilles qu’on trouve généralement à la campagne, ne doit pas ignorer ce que pensent les habitants des régions. Ainsi va la société du spectacle.

Les mauvais acteurs que sont tous ces gens du cirque politico-médiatique, usent des mêmes mots qui portent les mêmes idées moisies, les mêmes impensables projets, comme celui d’expulser des immigrés qui ne coûtent rien au budget et ne font de mal à personne.

Ils se distraient, les Français, mais n’adhèrent pas forcément. Qui ne voit pas, quotidiennement, à Paris, Lille, Marseille, Bordeaux ou Lyon que les ordures sont ramassées par des immigrés, l’épluchage et la plonge dans les cafés et les restaurants sont des boulots d’immigrés, les livraisons à vélo ou à mobylette, le nettoyage des rues, la garde des enfants, les sales boulots aux horaires aléatoires, nuiteux, mal payés, sont réservés aux immigrés. Voyez-vous des Français monter des échafaudages, poser des dalles ou des pavés, creuser des tranchées dans les rues, nettoyer des vitrines ?

C’est de ces gens-là que le chœur des fachos voue aux gémonies, dont les extrémistes LR, RN et autres Montebourg, veulent se débarrasser.

A part de ça, une lanceuse d’alerte, intervenant forcément anonymement, sur France Culture ce matin, surnommée par Guillaume Erner du joli prénom de Cécile, a dénoncé au risque de se faire des ennemis puissants, malversations et combines, qu’elle a eu à connaître dans le cadre des ses hautes fonctions. Cécile était responsable de la gestion d’une institution régionale, regroupant plusieurs hôpitaux publics.

C’est dire, si, malgré le millefeuille administratif et comptable qui ingère 30% du budget des hôpitaux, il y a encore de larges trous dans la raquette. Rendre, à ceux qui sont seuls, légitimes à prévoir, anticiper, évaluer les besoins d’un hôpital, c’est à dire les médecins et leurs équipes, est une nécessité. Ce n’est, hélas pas le chemin que notre président a pris. Si les Français sont cohérents, ils feront en sorte d’en changer.

Et Julian Assange, ce journaliste, fondateur et rédacteur en chef de Wikileaks, recherché par les USA comme un terroriste, meurt à petit feu, en prison.Son crime, informer. Ses armes ? La publication sur Wikileaks de données, d’informations, au sujet de la manière dont les Américains mènent leurs guerres.

La défense des lanceurs d’alerte est chose compliquée, parce qu’il faut mesurer à une aune relevant non seulement de l’évidence mais aussi du Droit ; la valeur d’intérêt général, c’est à dire la pertinence à l’égard de la notion de bien public, du corpus de ce qui est livré à la connaissance de tous.

Que les révélations ne concernent jamais la sphère privée, ne trahissent pas le secret médical, l’obligation de respecter la confidentialité des procédures judiciaires et l’indispensable secret des relations entre l’avocat et son client, sans parler des sources des journalistes... ouf... ça en fait des obstacles !

Il y a un véritable enjeu à sauver le soldat Assange, et protéger les lanceurs d’alerte à hauteur de Loi, car ils sont un contre-pouvoir

Ce matin, je me demandais ce qu’est bien parler. J’ai fait un petit tour de la question, me suis documenté. C’est une question de mœurs, d’éducation. Bien parler, c’est faire plaisir à celui ou à celle à qui on parle. Ne pas se laisser aller à rechigner systématiquement, dire oui au lieu de non, utiliser les mots pour séduire, pas pour contrarier.

Trouver la formulation idoine, quand on n’est pas d’accord pour donner l’impression du contraire tout en ne se reniant pas. User des figures de style, elles sont faites pour ça.

Euphémiser, par exemple, tu veux boire un verre ? Non, j’ai pas soif ! euphémisé en je te remercie, mais il est un peu tôt pour moi. Le langage est ductile, il se tord, s’expand, se contracte, s’allège, s’empèse, c’est selon.

Molière, dans son Bourgeois Gentilhomme fait dire au maître de philosophie de Monsieur Jourdain, Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d’amour. Ou bien : D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d’amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d’amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle Marquise, d’amour.

Tout le monde n’est pas Molière mais trouver à formuler, prosaïquement, même de manière extravagante, une phrase dont on souhaite qu’elle plaise, plutôt que par fainéantise, se laisser aller à des mots qui font déchanter, c’est une sorte de moindre des choses.

Générer une atmosphère de légèreté, par des mots qu’on dit pour séduire, enchanter, plutôt que plomber, what else ?

Mal dire c’est être mal entendu, endolorir celui qui mal entend. Comme faisait dire Euripide, à un beau vers de sa composition, un ulcère cruel se repaît de mes chairs, c'est ce que maudire procure à mon âme.

A bon entendeur.

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