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Billet de blog 20 décembre 2024

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Valeurs

Comme Platon, il est sage, et il n’a jamais été aussi opportun, de s’interroger sur la permanence des choses, des notions, du vraiment beau, du juste, du vrai, des valeurs.

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C

omme un curseur, la valeur se déplace au fil du temps, des événements, elle ne peut jamais être une notion fixe, établie une fois pour toute.

Par ailleurs, au fil de l’histoire de la philosophie, de Platon, à personne, la valeur, appliquée aux sciences sociales et à la politique, est une notion ductile.

Pour Marx le capitalisme consiste dans l’inversion du sens de la valeur si l’on considère ce terme comme s’appliquant au produit du travail, la valeur d’échange se substituant à la valeur d’usage, tandis que pour Max Weber, les valeurs, en sciences sociales, étant source de partialité et de conflit, il convient de ne pas penser les jugements de valeur, mais les rapports aux valeurs comme neutralité axiologique.

Alors que penser des valeurs de la République, de celles de la démocratie ? A quelle doctrine, à quelle pensée actuelle ou contemporaine, comme on dit puis, se fier, pour envisager la possibilité d’une vision politique compatible avec les aspirations d’un peuple divisé ? La politique, cette notion prise comme ce qui permet le fameux vivre ensemble.

La diabolisation de LFI concomitante avec la dédiabolisation du RN par une presse dont il n’est pas utile de mentionner la spectacularisation des pratiques, dans la droite ligne des promesses de Debord, n’arrange pas les choses. La hargne avec laquelle quelques ministres et députés macroniens millionnaires, attaquent le programme de LFI, notamment l’augmentation du SMIC a 1600 euros, est un marqueur fort des différences profondes entre ce qui est de gauche c’est à dire nécessairement anticapitaliste, désormais désigné comme extrême, et l’éventail des gauches centristes macron compatibles, dont on sait la préférence pour le marché, ce machin antisocial. Les valeurs de la république et de la démocratie, vous dis-je.

Par la grâce de la démocratie, cette valeur à géométrie variable, des minorités absolues se sont révélées, en lieu et place des anciennes majorités relatives, fruits de la même.

De ces minorités exigeantes, le peuple tout entier, y compris la partie un peu moisie, constituée par les électeurs du RN, attend que sorte une sorte de consensus, en tous cas, un support, un véhicule capable de soutenir un programme.

Le Président qui tient plus d’un Arturo Ui, très décadent, que de Jupiter, avec l’aide de son jeune Roma, a réussi, grâce au système électoral majoritaire à deux tours, ce furoncle démocratique, à ne pas sombrer totalement dans la fosse qu’il a lui-même creusée en dissolvant l’Assemblée Nationale.

Assis sur une improbable minorité absolue, à l’instar des composantes du NFP et de LR, il peut encore tirer quelques ficelles, pour attacher ce qui lui reste de dignité à d’autres minus politiques et constituer une sorte de force qui lui permettrait de résister à la réalité.

Qui vivra verra.

Une autre valeur, potion qu’il est nécessaire d’ingérer pour être conforme, c’est celle du sport, et particulièrement, celle de l’olympisme.

Donc, juste au moment où on évite de justesse la collision entre Bardella-Le-Pen et tout le peuple, c’est à dire les blancs, dominants, et les gris, les noirs, les frisés, les binationaux, les d’origine immigrée, les français pas de souche, les dominés, on veut nous fourguer les Jeux Olympiques comme porteurs des valeurs du sport, soit la névrose obsessionnelle de Pierre de Coubertin, un réactionnaire raciste, dont la déclaration, que l’histoire aura mal retenu, si l’on se réfère au fait que pas un journal, fût-il écrit ou parlé n’y a fait la moindre allusion, les races sont de valeur différente, et à la race blanche, d'essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance, résonne en accord majeur avec le contexte.

Concernant le rituel grotesque du relais de la flamme olympique, les parisiens ont pu voir 60 véhicules de police, l’intégralité de l’effectif de la fameuse BRAV, 30 véhicules de gendarmerie dont deux véhicules de commandement, en convoi, suivant un type pas tout jeune, en short et T-shirt blanc tenant une sorte de bâton renflé en son milieu, au bout duquel brûle (?) une courte flamme, avançant entre deux haies de policiers – oui encore – et quelques passants, surpris par le gros son de trois camions plateaux ouvrant la voie, sur lesquels se trémoussent des jeunes colorés, au son improbable craché par des amplis brouillons. 

On enfoncera le clou en usant de la faculté, si l’on peut dire, de consulter le journal Le Monde, où il est mentionné l'idée originale de la torche avait été soufflée à Hitler et Goebbels par un dénommé Carl Diem, patron du Comité olympique du Reich.

Et voilà le travail !

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