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Billet de blog 21 novembre 2021

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Il n'y a qu'une seule façon de tuer le capitalisme : des impôts, des impôts ...

Je discute avec une amie, qu’on interroge parfois, me dit-elle, es-tu toujours de gauche ? Elle se marre, dit que bien sûr, elle en est toujours.

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Forcément, comme entrepreneure, impliquée dans les nécessités patronales, contrainte à des arbitrages moraux, des pragmatismes, elle peut apparaître comme n’étant plus telle.

Elle connaît la musique, Marx et consorts, elle les a lus, s’y réfère. Si elle concède à la droite le concept de liberté d’entreprendre, c’est à la liberté, tout court, qu’elle est attachée.

Ainsi, être ou ne pas être de gauche, être ou avoir été de gauche, sont-elles des interrogations qui en disent long sur la désuétude dans laquelle est tombée la notion.

Suis-je moi-même toujours de gauche, me demandé-je, nonobstant. Une question à laquelle je ne sais répondre que par qu’est-ce que la gauche de nos jours ?

La gauche c’était il y a longtemps, quand il y avait encore des ouvriers et des syndicats, des manifs pour l’égalité des droits, contre le racisme, pour une augmentation des salaires, contre les réformes stupides de l’éducation nationale, contre la peine de mort ; quand il y avait encore des grèves, que ceux qui allaient alimenter les chaines d’opinion qualifiaient de prises d’otage ... quand je me référais à Marx, Engels, Proudhon, Fourier, Leroux, dans les grands débats qui nous trouvaient, militants, étudiants, ouvriers, blancs de fatigue au petit matin.

Pour saler l’ambiance d’un peu d’anarchisme, je tentais Bakounine, le maître des ruptures, me faisait vilipender pour ce détour hors de la norme. L’insoumission, grande valeur de gauche, d’accord, mais on ne sort pas du rang.

Depuis le congrès de Metz en 1979 et l’irruption du pragmatisme économique prôné par Michel Rocard, autrefois partisan de l’autogestion, dans le corpus idéologique du PS, qui admet le principe selon lequel il n’y a pas d’alternative à l’économie de marché, en rupture avec l’essentiel de l’histoire de la gauche, il ne reste guère plus que le microcosmique Parti Communiste Français pour porter le lourd fardeau du Grand Soir.

Les autres gauches, dont je pourrais aujourd’hui me contenter, celle de Mélenchon, et d’autres, moindres, ne me procurent pas le thrill que le sentiment d’appartenir à un groupe humain fraternel, égalitaire, solidaire, attaché aux libertés individuelles, me donnait.

Aujourd’hui, la grande cause qui mobilise la jeunesse mondiale, et quelques vieux, c’est la sauvegarde de l’environnement, la lutte pour la préservation de la diversité, et contre tout ce qui problématise le climat. Les idéologies ignorantes de l’écologie, indifférentes au sort de la planète, tombées en désuétude au fond de l’impasse du capitalisme, n’en ressortiront plus.

Suis-je écolo ? Je m’interroge alors, sur le terme, écologie. Est-ce une valeur de gauche ? Une cause à défendre ? Peut-on faire de la politique avec le seul souci de la préservation de la nature ?

L’histoire de l’écologie moderne, de Ghandi, à Thunberg, fourmille de penseurs, théoriciens, philosophes, écrivains, soucieux du devenir de la nature ; pour ne citer que Steinbeck, Jonas, Anders, Guattari et son écosophie, Derrida, Serres, Latour, Dumont, Gorz, et j’en passe forcément, la production abondante d’écrits, d’interventions publiques, d’interviews de ces écologistes, ces inquiets, n’ont eu aucun effet sur l’idéologie de la croissance.

L’écologie politique dans notre pays ? Un ring de boxe, un lieu de chamailleries, où se retrouvent des moi-je qui n’ont d’autre objectif que trouver un poste et une carrière.Comment donner à l’écologie une texture idéologique, élaborer une pensée écologique, comme le propose Timothy Morton dans son livre La pensée écologique ? Qui pour le faire, qui n’ait peur ni de combattre ouvertement la version ultra libérale du capitalisme, mortifère pour l’humanité, de remettre en cause le système économique mondial, dont la croissance est la colonne vertébrale ?

Comment faire de l’écologie sans parler de décroissance, de sobriété, sans remettre en cause la conjonction production/consommation/destruction ? 

Donc, je serais plutôt écolo. Un écolo de gauche, parce que le progrès, une autre des valeurs fondamentales de la gauche, aujourd’hui, c’est d’agir sur le frein, éduquer les masses consommatrices, au less is more que Mies Van der Rohe prônait en architecture.

A part de ça, le monde d’après, convalescent de la pandémie démarrée en 2019, sent venir la rechute. Les économies obèses des pays occidentaux s’inquiètent d’un 5ème round, de perdre encore, un match qu’elles croyaient avoir gagné.

Les vaccins sont impuissants à vaincre le SARS Cov19, le Delta virus mutant, il se déporte pour se dérober aux produits de Moderna et Pfizer, triomphe, en attendant que d’autres mutations, nous donnent l’occasion d’égrener l’alphabet grec, derrière nos masques devenus permanents.

Comme l’écrivait Félix Guattari, il risque de ne plus y avoir d'histoire humaine sans une radicale reprise en main de l'humanité par elle-même.

Le pire n’est jamais certain, dit-on, voire !

 Citation de K Marx dans le titre : Il n'y a qu'une seule façon de tuer le capitalisme : des impôts, des impôts et toujours plus d'impôts. Karl Marx

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