La pandémie et ses conséquences, c’est à dire la relative réclusion à laquelle nous avons été soumis, nous a privés de l’essentiel de cette répétition, du tissage méthodique de la toile de notre vie, nous en a fait perdre l’habitude.
Combien ont-ils fait un pas de côté, ou foncé tête baissée dans une voie qu’ils méconnaissaient de leur personnalité ? Combien se sont-ils laissés aller au désespoir, à la violence contre eux-mêmes, et leurs proches ? Combien, enfin, ont-ils décidé de prendre la fuite ?
Au total, les bouleversements occasionnés par les confinements et les couvre-feux successifs, auront-ils été plus sociaux, humains, psychiques qu’économiques. Même si le tam-tam médiatique du moment, sonne bruyamment la mobilisation des acheteurs, statut auquel la population est réduite par la bonne presse, dont les propriétaires sont les gros producteurs de biens manufacturés, qu’il faut bien vendre, certains, iconoclastes, regardent l’acte de consommer avec défiance.
Tant mieux.
Toutefois, ces encore maigres troupes, qui ressemblent par leur nombre et leur détermination aux fameux compagnons de la libération, qui ont répondu, dès 1940 à l’appel de de Gaulle, et n’étaient que 1068 si on ne compte pas les 18 unités combattantes et les 5 communes qui en faisaient partie.
J’ai entendu ça, ce matin, sur France Culture, la chaîne encore propre de Radio France. Eh bien, ces mille et des poussières, ont libéré la France, permis la victoire sur l’oppresseur nazi, donné à notre pays la fierté et l’honneur que Pétain avait jetés dans les eaux ferrugineuses de Vichy.
Je ne sais pas si les résistants d’aujourd’hui, qui se liguent contre l’opresseur capitaliste, ceux qui vomissent le statut d’acheteur ou de consommateur, tiennent à celui de citoyen, au nom de peuple, sont une phalange ambitionnant de devenir une armée, un corps vivant, solidaire, immense, infatigable dans la recherche du chemin vers la lumière, mais il y a une possibilité.
Je veux être considéré comme un citoyen, agissant, pas seulement dans les urnes, mais tous les jours, pour que la vie en commun, ne soit pas réduite à servir les intérêts de quelques-uns, qui se seraient emparés des concepts comme liberté, égalité et fraternité, dont chaque lettre ruisselle encore du sang de ceux qui les ont élevés au rang de valeurs essentielles de la république et de la démocratie.
J’en ai marre de cirer les pompes des GAFA, des grandes fortunes derrière lesquelles il y a de grands crimes, hein ? de Pinault qui avec une morgue incroyable et un cynisme stratosphérique a installé sa fondation d’art, expression de sa vantardise et de son insolence, dans la BOURSE DE COMMERCE...
Faut vous dire, Monsieur, Que chez ces gens-là, On n'cause pas, Monsieur, On n'cause pas, On compte chantait Brel.
Bas les masques. Macron et Carlito. Le premier téléphone à M’Bappé. C’est vrai, c’est toi ? S’extasie le You tubeur, dont le seul titre de gloire est un nombre à six chiffres représentant la quantité de ses clients followers en RS. La conversation avec le président, c’est du gagnant-gagnant, pour les deux parties. L’un est convaincu d’avoir pécho la jeunesse youtubée, tandis que l’autre, s’est enrichi grâce à deux passages publicitaires sur sa vidéo, en 20 minutes. Ainsi, les pauvres mecs confinés dans un réseau social mondial, c’est à dire ramant seuls, au milieu d’un océan dix fois plus étendus que le Pacifique, sont-ils élevés au rang de porte-paroles d’un président qui tente d’exister, quoi qu’il en coûte en ridicule et en démagogie, conscient qu’il est, sans doute, de la batte du dégagisme, déjà levée.
Pour faire plus léger, je ne me lasse pas de voir la Seine couler des eaux tranquilles sous les ponts, et la passerelle des arts. Je n’aime pas les foules, mais celles constituées de couples, de familles, de solitaires, levant le nez sous les façades, revenant du Jardin du Luxembourg, allant au Palais-Royal, ces promeneurs qu’on dirait des évadés, ne me dérangent pas.
Les parapluies de couleur brandis haut par des guides, pour permettre aux masses compactes de touristes, tout juste descendus d’énormes autocars, ont disparu. J’espère à jamais.
L’authenticité que viennent chercher ces hordes, est soluble dans leur présence. Alors, à quoi bon ?
Le joli mois de mai, est tout gris, la météo gâche un peu la fête. Mercredi, jour d’ouverture des terrasses, nous avons assisté à des scènes incroyables. Ce type assis à deux mètres de l’auvent de la terrasse, flambant neuve, d’une brasserie, mangeant et buvant, têtu, un parapluie en main, tandis qu’un déluge de grêle s’abattait sur la rue. D’autres, tout aussi obstinés, se tenaient, apparemment indifférents à la tempête, pinte en main, debout à côté du premier. Faut-il avoir été frustré, avoir développé une soif énorme de bière et de liberté, pour faire ses dévotions aux temples de Bacchus version café Richard dans ces conditions apocalyptiques.
Demain commence mon année érotique comme l’autre Serge faisait chanter à Jane. Faut bien vieillir, n’est-ce pas ?