... celles de l’Europe libérale et enfin, le selfisme des tenanciers de la baraque à frites à laquelle je me fournissais, il n’y a pas si longtemps, en idées, en projets et en espérance, le mot capital, ou capitalisme.
Je sais, la phrase d’avant est longue, mais je ne suis pas parvenu à la déprouster. Le drame, c’est que chacune et chacun, sait bien que le capitalisme devrait s’épeler captalisme, puisqu’il s’agit d’une machine à capter et pas à capiter, à dévorer le bien commun, la richesse produite à la sueur des peuples.
A la télé, Edwy Plenel mange des yeux, une blondinette savante, comme il se doit ; elle s’exprime sur le nouveau monde qu’est en train de nous fabriquer la jeunesse du monde, écolo et radicale. Il est heureux, le mediapartiteur, comme un Ulysse hébété, par le son de la voix juvénile ; il écoute la parole rassurante du bébé, en souriant, affirmer que le monde sera sauvé par les jeunes, oui messieurs, mesdames, par les jeunes, parfaitement ! Le lexique de la jeune fille, sont les mots clés, écologie et réchauffement climatique, elle a des projets, des objectifs, connaît les conséquences mais ignore superbement, jeunement, les causes, la cause.
L’écologie, pas plus que la simple survie de l’humanité, ne sont compatibles avec la voracité du monstre capitaliste, faham ?
Ce jeunisme, revenu de l’âge du shit, on dit bien l’âge de pierre, ou de fer ! ou, si vous préférez l’âge du Palace, m’agaçait à cause de la foule de jeunes cons que je fréquentais, et dont, me direz-vous, je faisais partie, est aussi mal servi aujourd’hui qu’hier.
Voyez, pour l’exemple, le jeune Macron qui piétine tout, à l’ancienne, comme un vieux, la solidarité, la tolérance, l’égalité et la liberté, des valeurs dont il devrait pourtant se réclamer en tant que roi de la république.
Voilà un autre jeune. Je viens de déraper sur une merde, plantée là, au milieu de ma zapette. A l’insu de mon plein gré, moi qui, comme tout le monde, attendait le visage intelligent d’Élisabeth Quin, sur l’écran de ma tv, je découvre le plateau de Cyril Hanouna, sur lequel pérore un jeune blanc, propre, bien coiffé, il arbore un badge, génération Z avec fierté, et conspue un autre jeune, un musulman, qui se sent, dit-il, comme tous les musulmans, insulté en permanence par Z et ses apôtres, les media télé-radio.
La justification de cette confrontation, est que le jeune rabza aurait, ce dont il se défend, craché sur Z, en pleine rue, tandis que celui-ci transportait ses courses, sous la pluie. Outre que cracher sur une ordure, ne me choque pas, c’est ne pas le faire qui heurterait ma conscience, instrumentaliser un non-événement qui n’aurait pas eu lieu, pour gaver le monde avec le vomi zemmouriste, est insupportable.
Je n’étais, cependant, pas au bout de mes surprises. Un peu plus tard, ayant payé ma dîme à l’impérialisme US en regardant un film à la con, au lieu d’un Buñuel que je me suis contenté d’enregistrer, j’ai joué avec ma zapette. Quelle horreur ! pas une chaine d’infos (?) continue qui ne diffuse un plateau d’expert et expertes, ils sont tous laids, mais qui fait le casting ? débattant de ... Zemmour et du zemmourisme.
Je sais pas vous, mais moi, je comprends que Zemmour est le nom d’une certaine France. Une partie de la population de ce pays, parmi laquelle, curieusement ou pas, on trouve beaucoup d’anciens étrangers, dont le racisme, l’intolérance, l’inculture, la méchanceté, fonciers, ne sont pas solubles dans les générations, en dépit de l’évidence que la question du climat et celle de la survie de l’espèce humaine devrait paraître, à ces abrutis de la génération Z, pour infiniment plus urgents à dire, que la propagation des idées haineuses, d’une gargouille chuintant des niaiseries, des approximations, des pseudo vérités, des statistiques moisies, produisant des parasites qui saturent les ondes du moment.
Zemmour est un produit de consommation, pas tout à fait comme un autre, mais il n’est pas conçu pour durer autant que les idées qu’il trimballe, d’une brocante médiatique à l’autre. Son obsolescence est programmée, puisse-t-il en être de même de ce monde fascistoïde à propos duquel, le visionnaire Pier Paolo Pasolini écrivait ce que le fascisme historique avait échoué à réaliser, le pouvoir conjugué, du marché et des médias l’opère en douceur (dans la servitude volontaire) : un véritable « génocide culturel », où le peuple disparaît dans une masse indifférenciée de consommateurs soumis et aliénés.
Je me souviens, sans nostalgie excessive, de la culpabilité que je ressentais quand je donnais rendez-vous à des potes du lycée pour aller casser du faf, la batte cachée sous la veste. Nous recevions autant de coups qu’on en donnait, dans une mêlée où, on se comptait à la couleur des fringues, et à la coupe de cheveux. A cette époque, les garçons de 20 ans avaient encore des cheveux.
On avait une vague idée de ce qui nous poussait à nous engager dans la lutte contre le fascisme, mais aucune, qu’on ramait vers la grosse vague de la consommation aveugle, et l’asservissement au capital, un autre totalitarisme, qui n’a ni couleur distinctive, ni coupe de cheveux.
De PP Pasolini encore, chacun ressent l’anxiété dégradante d’être comme les autres dans l’acte de consommer.