L’un balaie le trottoir de sa lance à haute pression, du bord, aux murs des immeubles, tandis que l’autre pilote, un réservoir sur châssis, essuie-glaces en folie, de l’autre côté de la rangée de voitures en stationnement.
La scène est surréaliste, arrosage sous une pluie battante, j’ai le titre de la photo que je n’ai pas faite.
L’eau de pluie qui dévale la pente, depuis une bonne demi-heure, a déjà fait le boulot, mais le mec s’en fout, il arrose. Absurdité, comme ces camions poubelle qui agrippent des conteneurs toujours trop petits, renversant une partie du contenu sur la chaussée ou le trottoir.
Avez-vous déjà vu une poubelle parisienne qui ne déborde pas ?
Pour l’heure, le deuil du moment, comme on dit, d’une entrée ou d’un dessert, en bistronomie, captent les droits d’antenne de Z, le Zarma de la campagne présidentielle.
Bernard Tapie, célébré en héros national, escroc national, personnage oubliable, c’est sûr, de la comédie humaine version XXIème siècle. Comme on ne sait plus faire des Birotteau ou des Rastignac, on a Nanard. J’écris on l’a, parce que même mort, le type occupe l’espace médiatique, il faut dire, messieurs-dames, que la fille médiatique n’est pas farouche.
Dans la France de décérébrés, j’inclus les journalistes, les hommes politiques, les gens de rien dans cette appréciation, Bernard était adoré. Bientôt, le maire de Marseille, adulateur, lui aussi, de l’escroc corrupteur, et forcément corrompu, lui fera une plaque, qu’il posera sur le mur d’une place ou d’une rue, un futur coupe-gorge.
Castex, Macron, et d’autres, dont le nom m’échappe, se sont fendus d’un compliment dont ils auraient pu faire l’économie. Faire l’éloge d’un repris de justice, menteur, voleur, magouilleur, repreneur d’entreprises revendues en pièces détachées au préjudice d’un grand nombre de travailleurs et de leurs familles, ce n’est pas très glorieux.
Mais en période pré-électorale, on est facilement corrompu par la nécessité de ne pas froisser le bon peuple, pour qui Tapie était un redresseur de torts, un Robin des Bois, qui prenait aux riches pour se donner à lui-même, le fruit de ses larcins.
On peut trouver Tapie sympathique, c’est mon cas, ses manières décomplexées, son courage, un truc aussi peu français que la gastronomie et l’hygiène, sa gouaille, son énergie de pile Wonder, avaient quelque chose qui collait bien à l’époque où il a sévi. Il était taillé pour le rôle de donneur de leçons, et la télé lui tendait les bras, comme une nymphomane, retour d’une longue retraite au couvent, le ferait au premier venu.
Le délectable, dans les jours qui ont suivi le décès de Nanard, c’est quand même l’incroyable déluge de superlatifs, compliments, exégèses de la carrière du voyou, anecdotes, dont la plus barrée, est venue de Pierre Arditi, qui doit être trop vieux et trop socialo, alors que le socialisme n’existe plus, pour avoir encore le sens du ridicule.
Le vieux radoteur, le ridiculissime Arditi, s’est fendu d’une histoire aux termes de laquelle croisant Bernard Tapie dans un avion, lui demande comment ça va ? s’entend répondre, ça va moyen, parce que je viens d’apprendre que j’ai un cancer. Et Arditi de conter, je lui ai dit que s’il avait besoin de quoi que ce soit, qu’il n’hésite pas à m’appeler, Bernard a gentiment raconté ça dans une interview, ajoute le fat.
Une version de on s’appelle ? Je n’aurais pas relevé ce moment gênant, pour le gars qui soutient le PS comme la corde vermoulue soutient le cadavre du pendu, si je ne l’avais pas entendu raconter plusieurs fois la même histoire insignifiante, et dérangeante, démonstration d’égocentrisme et de bêtise, sur plusieurs chaînes de radio-télé.
Je regarde, comme tous les jours, la reprise de l’économie, depuis mon balcon. Le retour des hordes, valises à roulettes et branlage de smartphone pour faire jouir le GPS, je devine, dans mes rues, de ma ville, que la reprise économique est là, sous mon balcon.
Ce que je vois aussi, si je tiens compte du nombre incroyable des gens qui débarquent de la plus grande gare d’Europe, la Gare du Nord est celle-là, c’est que, le grand remplacement a peut-être commencé.
Il faut dire à Zarma, que ce ne sont pas les rabzas qui vont nous remplacer, c’est les touristes. Ils s’y appliquent avec bien plus d’acharnement ! Une fois rentrés chez eux, ils sont pas bien, là-bas, hein ? ils conspuent les salauds de français qui leur ont servi de la merde à bouffer, dans la patrie de la gastronomie, racontent les Airb&b pas propres, et la gueule d’empeigne des parisiens, mais ils reviennent quand même !
L’envahisseur est de retour, les bistrotiers retrouvent leurs bonnes habitudes, réchauffent des croissants de la veille, transvasent des fonds de verres de bière pour en faire des tous neufs, les complètent, il est vrai, par une giclée de pompe fraîche, une sorte de chantilly sur un gâteau mort.
Et puis, enfin, à part de ça, j’ai beau tendre l’oreille, je n’ai toujours pas entendu un candidat à la présidentielle, un débateur, un économiste, un philosophe ou un sociologue, prononcer le mot capital ou capitalisme pour dire l’origine certaine des catastrophes climatiques, sociales et économiques qui attendent la planète, ces grands événements, dont la pandémie Covid 19 n’est pas le moindre, qui ont commencé à liquider la vie sur terre, par espèces entières.
Je propose ici, de donner la définition du Robert et du Larousse, c’est la même, du mot économie, ensemble de ce qui concerne la production, la répartition et la consommation des richesses et de l'activité que les hommes vivant en société déploient à cet effet ; elle permet de comprendre que le capitalisme est une façon d’appréhender le concept d’économie, qui n’a rien d’obligatoire.
La fin du communisme soviétique, que, par pudeur, on appelle la chute du Mur, est la conséquence d’une manière dirigiste et liberticide d’appréhender l’économie, la domination du marché en est une autre.
Aujourd’hui, on parle d’économie sociale et solidaire, une manière d’économie qui ne nie pas le marché, pourvu que ce soit celui où tu vas faire tes courses, et pas cette entité fumeuse, communauté de prédateurs qui domine le monde et le fait courir à sa perte.
Enfin, et hélas, il est question de la pédophilie dans l’Église. Trivialement, je me suis posé la vertigineuse question de la pertinence de regarder l’horreur produite continûment par la secte vaticane, sur une période aussi brève que les 70 ans, objet du rapport Sauvé.
L’Église catholique sévit sur la planète depuis plus d’un millénaire, sur la planète, n’est-ce pas ? La commission Sauvé, la bien nommée, ne concerne que les faits commis par les dégénérés en soutane, sur notre territoire pendant une fraction ténue de l’existence de l’église et du clergé.
Combien d’enfants, d’adolescents ont-ils subi, et subissent encore, la Loi du violeur, dont les exactions sont connues de tous temps par la hiérarchie, les évêques, les monseigneurs, et les papes ? Peut-on seulement les compter ?
Combien de ces gosses ont-ils fait de grandes études, sont-ils devenus de hauts dirigeants, hommes politiques, patrons, généraux et magistrats, enseignants, scientifiques et chercheurs ?
Quelle vision du monde leur aura imposé la souffrance et la honte d’avoir été violés, déshumanisés, culpabilisés, et quelles conséquences sur leurs pratiques, leurs décisions ?
J’ai entendu à la radio, un sous-pape, celui qui lâche la vapeur quand le moteur chauffe, prononcer un truc qui m’a littéralement soufflé, l’église n’a pas les moyens de financer la réparation des préjudices causés aux victimes des pédocriminels, nous demandons aux ouailles de contribuer par leurs dons à cette œuvre.
L’église demande aux parents, voire aux victimes des crimes dont elle est complice, de payer la facture. Impayable, non ?Alea jacta est