Ce texte n’a pas la prétention de subvenir à des nécessités pédagogiques qui concerneraient mon audience, mais voyez, regardez, écoutez, comme les choses vont.
A chaque époque où émergent des envies au sens biblique, un relâchement total du concept de société, d’intérêt général ou d’utilité publique, où apparaissent, envers tel ou tel bouc émissaire d’une frustration zemmouriste, le lepénisme étant désormais philosémite, et socio compatible, les haines à intensité suffisante à commettre des guerres civiles, froides, il est question de profit, de croissance, d’enrichissement, bref de capitalisme.
Le pouvoir suprême est d’abord celui de l’argent.
Entre les mains avides des Trump de la planète, le pouvoir démocratique, quelle que soit la manière dont il a été acquis, la démocratie étant le cache-sexe des pires dictatures et totalitarismes, impensés de pouvoir absolu, tartufferies criminogènes, n’a qu’un but, l’argent.
Les Etats-Unis, propriétaires et imprimeurs du dollar, dont personne ne sait combien il en circule, tiennent à leur monnaie, devise de réserve principale de l’économie mondiale, oui, le dollar est as good as gold, depuis Bretten Woods, commanditent ou exécutent des crimes faciles, comme la mise à mort du colonel Kadhafi, ce fou inventeur et promoteur du dinar-or pour émanciper son pays et les pays africains de la tutelle du dollar, dans les échanges commerciaux, notamment ceux concernant le pétrole, se livrent sans frein à des manipulations de démocraties, de démocratures et de dictatures, partout où les intérêts des USA peuvent être compromis depuis des décennies, sans aucune mise en cause par le reste du monde.
La vassalisation de la planète par l’argent, parce que l’argent-roi a son palais aux USA et nulle part ailleurs.
Quand le Droit International s’appliquait à tous les États du monde, à l’exception notable, désormais banale de l’Etat d’Israël, une sorte de plafond de soie semblait flotter au-dessus des peuples et des pays civilisés, rendant audibles les discours dans lesquels les mots liberté, égalité, fraternité, partage et solidarité, étaient utilisés jusqu’au borborygme, et plausible une prospérité partagée.
Mais le Droit International n’existe plus. L’autorité du Droit doit sa consistance même, à l’adhésion entière de ceux à qui elle s’applique. C’est une autorité qui ne supporte pas la subversion, qu’elle soit polémique ou physique.
Chacun peut constater qu’en enjambant les systèmes de contrôle, les contre-pouvoirs, la démocratie, la diplomatie, la précaution oratoire, l’hypocrisie politicienne, l’ubuesque gouvernement trumpiste des Etats-Unis d’Amérique, a fait du Droit International, l’épave de l’ordre international, échouée sur la banquise d’un nouvel ordre F.L.I.P.P.A.N.T.
L’économie étant l’alpha et l’oméga du récit politique mondialisé par le capitalisme global, Donald règle leur compte aux naïfs qui ont pris ses positions pendant sa campagne électorale pour une contribution au spectacle de stand-up du clown tueur, quand il s’agissait d’un programme, qu’une population de cow-boys, abrutis par la consommation, bouffis par l’ignorance et l’obésité lui a permis de mettre en œuvre.
Alors faisez gaffe, parce que le gars Trump tire dans tous les coins, fracasse les vitrines des marchands de bagnoles de fromages et d’alcools européens et japonais entre autres cibles, fait fi des accords de libre-échange et des accords douaniers qui ont bouffé le temps et la santé de plein de lobbyistes, essaie de faire un croche-patte aux chinois qui en ont vu d’autres, en usant des tarifs douaniers, c’est à dire de l’argent.
Trump est un dealer au sens propre, quand il échangerait bien avec les chinois, quelques points de taux de tarif douanier, contre la possibilité d’acquérir Tik Tok, cette fosse d’aisance dans laquelle sont jetées les civilisations.
L’auteur de ce billet ne se lève pas le matin en se disant, tiens, qu’est-ce que je vais bien pouvoir trouver d’horrible a chroniquer, il cherche, au contraire, quelque chose qui sentirait bon la lavande, l’air frais d’un sous-bois en été, le piment des embruns atlantiques, pendant une balade sur le sable, la surprise d’une rencontre avec un lièvre ou un chevreuil, l’envol soudain d’une perdrix, le son clair d’un ru, presqu’invisible dans une campagne épanouie par le printemps, une conversation amoureuse ; mais la réalité est autre, la submersion touristique, traduite à la fenêtre d’une rue montmartroise, Montmartre en colère, habitants piétinés, l’infatigable discours sur la nécessité de convertir l’Europe a un empire guerrier, les réquisitions du parquet financier à l’encontre de Sarkozy, médiatisés mezzo voce par les media vs la tonitruance des mêmes sur celles de l’affaire Depardieu, l’inquiétude des millions de salariés européens, qui voient venir la catastrophe du chômage, la brutalité de Trump qui a le mérite de la sincérité, what else ?
Le réel comme source d’inspiration, comme sujet, n’est pas une option ; pour reprendre une phrase de L’ile mystérieuse de Jules Verne en 1874 le chroniqueur est un de ces intrépides observateurs qui écrivent sous les balles, « chroniquent » sous les boulets, et pour lesquels tous les périls sont des bonnes fortunes.
Écrire ou se taire. Bizarre formulation, car écrire n’est pas parler et vice-versa, il s’agit peut-être de taire peut-être, son envie d’écrire, ce désir puissant, urgent et presqu’irréfragable de concrétiser des idées, des pensées, briques fragiles, matériau de l’architecture des êtres. Écrire, c’est désobéir, ne pas respecter la commande, d’où qu’elle vienne, ne pas lire le contrat.
Sur France Culture, ce matin, a l’occasion d’un entretien avec Christine Angot, la plus fréquentable des écrivaines, à propos de l’écriture justement, Guillaume Erner convoque Antoine Compagnon qui révélait dans un livre, que Barthes n’aurait écrit que des ouvrages de commande, celui-ci disant de l’écriture qu’elle est une dépense inconditionnelle, pour rien, une activité perverse qui ne sert à rien, ne peut pas être comptabilisée, le pour rien étant une perversion.
Pour en terminer avec les citations, cet extrait de textes, écrits à Rodez en 1944, par Antonin Artaud, à propos de l’écriture poétique, nous n'avons jamais écrit qu'avec la mise en incarnation de l'âme, mais elle était déjà faite, et pas par nous-mêmes, quand nous sommes entrés dans la poésie.
Le poète qui écrit s'adresse au Verbe et le Verbe a ses lois. Il est dans l'inconscient du poète de croire automatiquement à ces lois. Il se croit libre et il ne l'est pas...
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