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Billet de blog 8 mars 2022

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UKRAINE : QUEL EST L'ENJEU ?

A une camarade qui pense devoir résoudre le problème de cette guerre par une négociation qui prendra en compte le pourcentage d'Ukrainiens pro-russes, voici ma réponse :

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La grande question, ce n'est pas de répondre à ce petit pourcentage d'Ukrainiens pro-russes, mais plutôt de savoir comment combattre un dictateur qui terrorise. L'intervention de Casques bleus de l'ONU, faute de brigades internationales ? Il faudrait pour cela un arrêt des combats, or Poutine exige le désarmement des Ukrainiens. Il dira aussi que l'ONU, c'est l'Occident. Et puis, il ne veut pas geler la situation : l'Ukraine est à lui ! Mettant en danger tout le monde, il n'offre à tous qu'un seul choix : se démettre.

Les Ukrainiens iront alors vers une guerre d'usure, pour ceux qui resteront… Un Tchernobyl social pour tout un pays. L'organisation du Vide.

Peut-être faudra-t-il en passer par là pour un temps ?

A mon avis, les Etats-Unis en sont là.

Des négociations sur la sécurité en Europe pourront avoir lieu.

Le régime de Poutine (pas le peuple russe) sera ainsi sanctuarisé.

Nous serons alors entrés dans une nouvelle époque, celle des régimes autocratiques à grande dimension. Qui rappellent que les peuples sont des pions pour qui possède l'arme atomique… Avis aux régimes iraniens, nord-coréens, syriens et tous les dictateurs putatifs.

Fin des révolutions ?

Dans pareil contexte, comment ne pas comprendre que bcp de nouveaux pays voudront en retour se défendre en adhérant à l'OTAN, sans parler de la légitimation de l'UE (pourtant une prison des peuples, le contraire de leur souveraineté…). Car l'un dans l'autre il est plus facile à leurs yeux d'exister dans un système démocratique IMPARFAIT que dans un régime où seul le chef et son clan décident de TOUT.

Voilà l'enjeu.

Il s'agit bien de savoir si l'on respecte la souveraineté des peuples et leur coopération… Ce n'est plus du multilatéralisme mais une logique des blocs et leur éventuel expansionnisme. Un dangereux précédent (une tentative d'annexion), un véritable retour en arrière dans les relations internationales. Sur le dos des populations.

La Grand Régression.

PS : Ajoutons ceci : oui, il y a une responsabilité des pays d'Europe, qui va avec la trahison des « élites » (en fait, des Bourgeoisies qui en ont fini avec les taches nationales), dans le fait de ne pas avoir discuté avec la Russie des conditions de la paix sur le continent et d'avoir laissé la main aux USA, à l'évidence. Il aurait été possible de mettre notre veto à l'adhésion toujours plus élargie des pays de l'Est à l'OTAN (sous l'autorité US), même si la demande de ces pays a sa légitimité ; possible de suivre l'application des Accords de Minsk ; possible de ne pas laisser les Américains armer l'armée ukrainienne, y compris avec l'envoi de conseillers… Il fallait anticiper, ne pas jouer avec le feu. Nous le payons maintenant, plus exactement les Ukrainiens le paient au prix fort. Notre irresponsabilité se fait sur leur dos, même si le gouvernement ukrainien en a sa part. Ils combattent à présent quasiment seuls pour leur auto-détermination, après que l'UE leur a fait miroiter un horizon commun et que l'OTAN leur fait accroire on ne sait quoi et que le gouvernement de Zelensky a poussé en ce sens. Pour autant, Poutine et son régime doivent payer le prix pour avoir franchi la ligne rouge.

Tout ça n'est pas fameux et nous renvoie les questions de défense à la face. C'est-à-dire à notre politique à l'encontre de la mondialisation capitaliste incarnée en premier lieu par les États-Unis, pointe avancée de la guerre pour l'argent, les ressources, la police, et sa version européenne : l'UE – qui prend des initiatives en surplomb au-dessus des souverainetés nationales ; mondialisation ralliée par la Chine et la Russie, avec leurs caractéristiques autocratiques et impérialistes propres.

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