Qui es-tu pour m’inspirer une peur aussi intense ? Parfois elle me glace tellement d’effroi qu’elle me laisse immobile, drapée dans un carcan de
certitudes qui font trop souvent mon habitude. Ne vois-tu pas ma grandeur ? Égérie d’un monde que je voudrais nouveau, j’étale pourtant ma
prestance, symbole évident, s’il en est, d’une non obsolescence. Qui es-tu ? De quel droit renvois-tu la violence de tes mots, de ta couleur, de ta
noirceur pour essayer, dans la terreur, de me transpercer le cœur ? Ne vois-tu pas que ce qui ceint ma tête, même si je n’ai pas de trône, est
clairement une couronne ? Qui es-tu, toi l’étranger aux membres imparfaits, pour venir troubler la quiétude de ma maison, qui fait que de toi, un
jour, il faut que j’ai raison ? Pourquoi ai-je peur de toi ? Tu es si loin, si minuscule que tu en deviens ridicule quand, ô sacrilège, tu portes haut le drapeau de ton appartenance à un autre collège. Ne vois-tu point que c’est vers moi qu’il te faut cheminer ?
Je veux pourtant, si tu te soumets, avec attention, éclairer pour toi une route pavée, bien sûr, de bonnes intentions. Mon bras pointé haut et fièrement dans l’éther azuré, n’exhibe-t-il point la flamme qui pourrait illuminer les sombres recoins de ton âme ?
Pourquoi ai-je peur de toi ?
Est-ce parce que tu oses montrer aux yeux de tous tes horribles cicatrices, stigmates s’il en est, des combats que tu as pu mener, des combats que tu as pu gagner et dont je te suis, en grande partie redevable ?
Je tiens pourtant, comme un fardeau tout contre moi, ne le vois-tu vraiment pas, la litanie de ce qui devrait être ta liberté ;
Pourquoi ai-je peur de toi ?
Réflexions sur la liberté
La grande liberté ultime de quelques-uns ne peut qu'être un très lourd fardeau pour la liberté du plus grand nombre.
Ce très lourd fardeau n'est qu'accepté de bon gré par ceux qui pensent un jour pouvoir accéder à cette récompense suprême
Etre vraiment libre dans ce monde ne serait donc qu'avoir le droit de faire supporter sa totale liberté sur les autres ; un "contrat social" finalement excessivement déséquilibré, non ? Drôle de monde et drôle de sentence: la liberté de quelques-uns ne s'arrêtent pas à la liberté des autres, elle la piétine simplement.
Je sais au moins pourquoi je lutte: contre le déséquilibre de ce contrat social.
Je comprends que ceux qui possède cette liberté ultime n'ont pas envie de la perdre; c'est pourquoi ils ont donc peur de la nôtre!
Par contre, quand on sait les possibilités qu'il y a vraiment d'y arriver, je ne comprends pas ceux qui marchent dans la combine...Car, finalement.... ils sont moins libres que moi, coincés comme des rouages entre deux étages jusqu'à ce que là haut, les ultimes, les fassent redescendre pour en mettre d'autres (faut changer les rouages de temps en temps pour faire croire que le système fonctionne). Le problème pour nous, c'est que finalement ce sont tous ces rouages qui aux "ordres" perpétuent le système qui finalement ne peut que, à de rares exceptions près, finalement les enfermer et les remplacer par d'autres.
En fait, il faut juste arrêter de rêver : l'universalité de la liberté n'existe pas car pour que le plus grand nombre en bénéficie d'un peu plus, il va falloir en enlever beaucoup à quelques uns.
Si nous arrivons à comprendre et intégrer cela, nous aurons fait un grand pas en avant!