Christophe Dejours dans « Le facteur Humain » décrypte avec clairvoyance l'importance du facteur humain dans la sécurité industrielle. Mais, on peut rapprocher sans aucun problème ses écrits de toute approche sur la sécurité.
Avec le COVID, nous parlons aussi de sécurité, certes virale ici, mais de sécurité avec un important facteur Humain, puisque nous sommes confinées (ou « con »-in fine).
En effet, quelles nouvelles aujourd'hui
Il est prévu de renvoyer les enfants à l'école le 11 mai et, par contre, de ne pas ouvrir les bars et restaurants !
Comment comprendre cela alors qu'il n'y a pas forcément moins de proximité dans les écoles que dans les bars et les restaurants ?
C'est exactement ce type d'incompréhension, voire de paradoxe qui empêche le plus d'avoir une réelle sécurité, quelle soit industrielle ou virale.
En effet, dans cette ouvrage, il est démontré clairement les choses suivantes
La sécurité n'est et ne sera jamais une question de norme, d'habitude ni de réflexes mais de réflexion : le réel des situations peut changer chaque jour et même d'heure en heure. Avoir une habitude, c'est le risque de se tromper sur la chose à faire (si vous freinez sur la neige comme sur le sec, vous allez dans le décors. Si vous traversez quand le bonhomme est vert et qu'une voiture grille le feu, vous êtes mort : il faut traverser quand il n'y a pas de danger, c'est cela la réflexion)
Pour que ceux chargés ce cette sécurité agissent dans la réflexion (le facteur Humain), ils faut qu'ils comprennent et intègrent la nécessité de le faire et trouve de la cohérence dans ce qu'on leur demande comme agissement pour générer le résultat voulu en matière de sécurité.
Donc, en fait, avec ces annonces, le gouvernement fait finalement tout pour que la sécurité du confinement marche de moins en moins : toute la cohérence ayant disparu, pourquoi agir et faire ce qu'on nous demande ? Allons-nous courir plus de risques que les élèves et les salariés ?
Et c'est pour cela qu'ensuite vient la répression car il est complexe de faire agir quelqu'un en sécurité quand il ne trouve aucune logique à ce qu'on lui demande de faire : obéir sans comprendre, cela confine (sans jeu de mot) à une forme larvée de dictature.
Ici, la dictature de l'économie financière et actionnariale !
Si on « libère » les écoles pour envoyer les parents au travail, plus rien ne s'oppose à libérer tout le monde, à ouvrir les bars, les restaurants, etc. Si, on ne libère pas les vieux, c'est pour leur protection ou pour ne pas engorger des hôpitaux qui le seront avec les profs, les élèves, les salariés et leurs familles ?
En définitive, clairement faire ainsi, c'est presque afficher que le confinement ne sert plus à rien maintenant que nos hôpitaux sont moins saturés.
Comme quoi, l'idéologie de la pensée unique et « le facteur Humain » ne peuvent être compatibles