On pensait avoir connu le pire avec l'ancien, le nouveau le bat encore...Je parle ici de nos Présidents de la République et des moutons noirs qui les accompagnent. A chaque fois, et depuis des dizaines d'années, c'est de pire en pire....
Est-ce que nos élites se délitent ou n'est-ce finalement qu'un simple glissement néo-libéral ?
Le côté facile, et moi aussi j'y participe des fois, c'est de les traiter de tous les noms. Non seulement cela soulage mais cela permet aussi, dans un monde complexe où l'ennemi semble diffus et inatteignable, d'avoir une cible à viser. Mais la problématique qui nous concerne est-elle aussi simple ? En effet, nous avons changé les personnes et pourtant, le pire s'accélère encore....L'explication doit se trouver ailleurs...
Pour faciliter la réflexion de tous, je vais essayer de synthétiser ce que veux dire un « glissement néo-libéral » pour moi. Bien sûr, qu'avec le capitalisme, il existait déjà mais en France, suite à la mise en place du programme du CNR (Conseil National de la Résistance) et de mai 68, nous avions réussi à le freiner....
A cette époque, grossièrement, sur 100% de richesses produites par le travail, 60% étaient réinvesties dans le travail (Service Publics dont l'Hôpital et EDF-GDF, salaire, formation, renouvellement de l'outil de production, etc) et 40% restait à la finance (oh, les pauvres et pourtant ils étaient moins nombreux que nous). En ce temps-là, l'Etat, donc nous, à travers les élections, avait des leviers d'actions économiques et sociales : cette approche se nommait « l'économie politique ». L'économie était donc au service des politiques qui agissaient sur la répartition des richesses crées. C'est ainsi que nous étions devenus la 4ème puissance du monde.
Nous avions de la recherche, de l'éducation, le meilleur réseau électrique du monde, l'énergie la moins chère d'Europe et donc du monde aussi. Une péréquation tarifaire : où que vous étiez, vous aviez droit à avoir du courant au même prix que les autres. Nous fabriquions des chaussures, des habits, des médicaments, etc. Notre santé était envié bizarrement par les Américains du Nord qui se demandaient comment avec tant de « social », nous faisions mieux et moins cher qu'eux en matière de santé....notre population était en meilleure santé que la leur ! (30% d'obèses à ce jour)
Mais c'était hier...Attention, je ne dis pas hier c'était mieux, je dis aujourd'hui c'est pire et ce n'est pas du tout la même approche. En effet, si les choses ont glissées dans un sens, dans le futur, si nous en prenons conscience et si nous agissons, elles pourraient glisser en sens inverse. Hier c'était pas mieux mais comme aujourd'hui c'est pire, il faut se battre aujourd'hui pour un autre demain !
Aujourd'hui on ne parle plus « d'économie politique » mais d'économie tout court et il parait que c'est devenu une science. J'en rigole encore car tous ces experts et divers prix Nobel en économie n'ont jamais vu arriver la crise de 2008 alors que moi et sûrement beaucoup d'autres en avions envisagé et analysé les contours. De fait, aujourd'hui, l'Etat est toujours là mais ne possède presque plus de leviers pour agir, il est au service de l'économie et donc de la finance. Contrairement à ce que tout le monde croit et à ce que les capitalistes osent dirent (trop d'Etat nuit à l'économie), l'Etat est beaucoup, beaucoup plus fort qu'avant. En effet, ce qui est paradoxal ici, alors que l'on ne parle que d'économie et plus de politique (utilisation de l'économie), c'est que sans des Etats très très forts, il serait impossible au capitalisme financier de survivre. C'est en effet eux qui avalisent et sont les gendarmes de la circulation libre de la finance. C'est eux qui signes les accords de « libre » échanges, eux qui permettent, comme le Luxembourg ou l'Irlande, de trouver des paradis fiscaux à la porte de notre économie, etc, etc.
L'Etat providence existe toujours ! Il est simplement le principal outil de la finance privée !
Aujourd'hui, le résultat est que la tendance s'est inversée. Sur 100% des richesses que nous produisons, au moins 60% retourne au capital et le reste.....C'est la misère du monde !
Effectivement, si nous sommes plus nombreux et qu'en même temps, le camembert à partager diminue....Il ne nous reste plus grand chose à mettre sur notre morceau de pain....Et demain, plus de pain non plus ?
C'est cela le glissement néo-libéral : créer de la richesse avec pour seul objectif, non pas de répondre à des besoins, mais d'en créer encore plus et encore plus....
Ma question est : pourquoi dès lors créer de la richesse ? Si c'est pour que M. Amazon aille dans l'espace en polluant autant que moi toute ma vie, j'ai du mal à comprendre le raisonnement.
Donc, pour réussir cela, l'équation est simple : prendre encore plus à ceux qui travaillent !
Nous avons donc la destruction du code du travail, seule protection collective permettant au salarié de rééquilibrer la subordination qu'il doit à son employeur. Nous avons le chômage qui fait pression sur les actifs pour la baisse de salaire. Nous avons la destruction des Services Publics ; il est hors de question que la finance puisse se priver de marchés si rémunérateurs. Il n'y a qu'à voir combien on paye un Epadh, au regard du service rendu, ou de regarder le prix de l'énergie pour en mesurer la réalité. La santé n'est plus un bien Public, c'est du fric à faire pour les actionnaires, ces feignasses qui n'ont jamais travaillé de leur vie.
Si nous revenons à notre question, il se pourrait que nous y trouvions un cercle vicieux qui s'auto-alimente de manière tellement récursive qu'il ne peut qu'être sclérosé : en fait l'inverse complet des progrès de la science des organisations ! Alors que l'on sait que toute rationalité est limitée, alors que l'on sait qu'un système pour qu'il fonctionne et perdure doit être ouvert et changer, sous peine de de sclérose puis de crise, dans des limites permettant de retrouver une homéostasie (une équilibre), on fait tout pour que justement rien ne change car les dominants veulent toujours continuer à dominer, quoi qu'il en coûte, et cela commence à nous coûter beaucoup ainsi qu'à notre planète.
Aujourd'hui, il y a moins de fils d'ouvriers qui font des études supérieures qu'en.....1950 !
Donc, de fait, à force de « cousinage » nos élites se délitent (ils ne renouvellent plus leur ADN) car ils ont un discours unique qui est celui du néo-libéralisme. En fait, ce qui a longtemps fait la force du capitalisme « sensé », l'adaptation à la critique sociale, n'existe plus. C'est donc vraiment un cercle vicieux :
Le glissement néo-libéral a construit des élites sclérosées par la même pensée et donc le glissement néolibéral s'accélère....Et donc, nos élites seront de plus en plus sclérosées et donc......
En fait, sans changement d'idéologie y compris dans notre éducation, dans la recherche, dans la santé, etc,etc......Nous ne pourrons rien faire de plus ! La problématique est complexe et globale !
Donc, se pose la question, pourquoi veulent-ils tous y aller sachant qu'au bout de quelques mois ils disent tous la même chose : on y peut rien, il n'y a pas d'argent magique....nombril sort de ce trou....
Si nous n'avons pas une vrai prise de conscience que ce qui était possible hier à la sortie de la guerre est non seulement possible aujourd'hui mais que l'on peut le développer.....
Nos enfants auront besoin de plus que de courage, ils auront besoin d'une vrai conscience politique de classe et de combattre pour elle.