Amazon est aujourd'hui le symbole de l'exploitation des salariés jusqu'à la dernière goutte, un sujet auquel Jean-Baptiste Malet a consacré un livre "En Amazonie" dans lequel il décrit sa difficile expérience d'intérimaire en équipe de nuit chez Amazon. Sous un faux air d'entreprise cool et fun, Amazon les fait travailler à flux tendu avec des déplacements incessants et pénibles entre les immenses casiers de ses entrepôts.
Premier paradoxe. Pas rancunière, la firme de Jeff Bezos, le fondateur, met son livre en ligne qui le critique pourtant très sévèrement. Tout fait ventre à Amazon qui montre ainsi qu'un livre de plus ou de moins, noyé parmi dans les millions d'objets vendus tous les mois, ne lui fait pas peur.
Pour bien comprendre l'univers sans concession du géant mondial de la vente en ligne, lire l'article édifiant de J.B Malet dans le Monde Diplomatique, paru en novembre 2013, Amazon, l’envers de l’écran dont voici un extrait: " Selon les thèmes choisis par les managers, les salariés sont régulièrement invités à venir pointer costumés en sorcières ou en basketteurs. « Pendant ce temps, notre productivité reste bien sûr enregistrée par informatique, poursuit-il. On nous demande d’être des “top-performers”, de nous surpasser, de battre sans cesse nos records de productivité. Depuis le mois de juin 2013, les managers nous font même faire collectivement des échauffements et des étirements avant nos prises de poste. "
Le deuxième paradoxe concerne tous les clients d'Amazon. On a beau être informé de conditions de travail qui flirtent en permanence avec le code et la jurisprudence juridique autant qu'avec le respect minimum d'un salarié, force est de constater qu'Amazon propose le service le plus rapide, le moins cher et le plus facile à utiliser. Je m'étais promis de ne plus rien commander sur Amazon mais voila, où acheter ce cordon spécifique à mon smartphone? En moins de 10 secondes, la commande est effectuée, grâce à un processus particulièrement efficace, toutes vos données bancaires et postales lui ayant été docilement confiées. Elles sont ensuite réutilisées pour recommander d’autres achats à ses clients et ne jamais les lâcher, même quand ils abandonnent leurs commandes.
Tenter d'ignorer Amazon
Qui a la patience, pour rester en accord avec lui-même , de chercher sur la Toile le vendeur en ligne ou miracle, la boutique proche de chez vous qui propose la référence que vous cherchez ? Je suis bien conscient que ce billet ne fait qu'effleurer le cuir épais d'Amazon mais au moins, le message est transmis.
Pour éviter de culpabiliser, il faudrait moins acheter, faire ses achats à l'ancienne dans une boutique ou au minimum, faire appel à d'autres marchands en ligne dont on n'est même pas sûr qu'ils se comportent de manière beaucoup plus respectable. Une gageure!
Y a t-il de la place pour un portail qui rassemble tous les sites de e-commerce pour chaque type d'achat même s'ils sont plus chers et moins exhaustifs? On peut en douter, sachant qu'Amazon, figure en tête de tous les résultats de recherche tous produits confondus. Une redoutable incitation à oublier ses belles convictions.