La Grèce n'aurait sans doute jamais dû entrer dans la zone Euro. Elle serait probablement en meilleure posture financière aujourd'hui. L'absence de cadastre ne permet pas d'identifier les impôts fonciers et ne facilite pas les investissements. Impossible par conséquent de taxer les importants avoirs fonciers du clergé orthodoxe. De plus, les grecs n'ont aucune confiance en un Etat inefficace qui ne les protège pas suffisamment. Lors d'un voyage en Grèce, notre guide soulignait, avec un clin d'oeil entendu, que le toit de beaucoup de maisons n'était pas construit, car ainsi, les propriétaires n'était pas taxés. Les riches armateurs et autres fortunes du pays ont exfiltré depuis longtemps leurs avoirs dans des sanctuaires fiscaux. Les dépenses militaires dont principalement les achats à la France, l'Allemagne , les USA ont conditionné en partie les prêts de l'UE. Oui, la Grèce a maquillé ses comptes publics avec l'aide de Goldman Sachs entre 2001 et 2004 et plus tard en 2009.La banque américaine a donc spéculé sur la dette grecque mais il est impossible de le prouver car elle n'est pas tenue de rendre publique ses opérations. Lire à ce sujet, l'article de Jean Quattremer.
Dresser les peuples les uns contre les autres
Mais l'erreur est faite, il faut aujourd'hui résoudre un problème d'annulation d'une grande partie de la dette dont les grecs ne peuvent évidement plus s'acquitter. Les tenants de la doxa libérale en Europe ont beau jeu d'agiter le spectre du remboursement des dettes publiques par les contribuables. Le non au référendum de dimanche dernier a rendu hystériques les idéologues libéraux. Sur iTélé, on a entendu un journaliste du Figaro appeler à un référendum en Europe pour demander aux électeurs s'ils veulent rembourser la dette sur leurs deniers propres. Une démarche populiste s'il en fut ... En Allemagne, des commentateurs médiatiques et politiques excitent la meute en expliquant que les retraités grecs touchent des pensions aussi élevées que les retraités allemands. ce dont on peut fortement douter. Le travail des médias serait, en l'occurrence, de faire précisément le point à ce sujet ( âge de départ en retraite, durée de cotisation, montant des retraites). Cette exacerbation simpliste des égoïsmes européens est très dangereuse. Elle désignerait les grecs comme seuls coupables de leur maux, alors que les dessous de cette affaire sont beaucoup plus complexes. Mais la complexité n'est pas médiatique. Mieux vaut brosser les lecteurs, téléspectateurs et électeurs dans le sens du poil, en évitant la pédagogie, trop peu rentable.
Pour aller plus loin, lire l'analyse d'Alternatives économiques "Qui a le plus à perdre à un Grexit? :
- Fermer brutalement la porte au nez des Grecs, plonger dans le chaos un pays dont la position stratégique est vitale pour l’Europe et perdre 320 milliards d’euros.
- « Accompagner » la Grèce vers la sortie de la monnaie unique, perdre 320 milliards d’euros et donner à tous les peuples surendettés l’envie de quitter le navire euro.
- Alléger la dette grecque, et mettre sur pied dans la foulée un mécanisme de mutualisation des dettes pour l’ensemble des pays de la zone.