Déclinées en cinq catégories, humains, terre, technologie, univers, vie, les infographies de cet ouvrage concoctées par l’équipe du magazine scientifique Epsiloon, offrent une vision saisissante de l’empreinte de l’espèce humaine sur notre Terre. Chaque graphique est un coup de sonde explicite dans la complexité du monde. Au-delà de longs textes lus par un nombre de plus en plus réduit de lecteurs, les notions simples ou élaborées prennent une forme abordable qui donne l’envie d’aller plus loin avec d’autres ouvrages et publications.
L’initiative d’Epsiloon repose sur des ressources de connaissances considérables, les publications scientifiques, les statistiques (OMS, OCDE, etc.), les synthèses de groupes d’experts, les communications, les bases de données de l’équipe d’Epsiloon.
Les événements récents sont restitués dans une large perspective historique. Ainsi, le Covid qui a touché 0,3% de la population est de loin la moins importante des pandémies à comparer à la peste noire au 14ème siècle qui fit de 75 millions à 200 millions de morts. Ou encore la grippe espagnole dont la très large fourchette de mortalité se situe entre 17 et 100 millions de morts au début du 20ème siècle.
A l’heure où Elon Musk prétend coloniser Mars, notre méconnaissance de la planète bleue saute aux yeux. Sans parler de la composition exacte des profondeurs terrestres dont nous savons peu de choses. Dans les océans, seuls 26% des abysses ont été cartographiés.
Suite au réchauffement climatique, la fonte des glaciers dans les glaciers et calottes polaires est en cours. Dans l’Antarctique, la fonte déjà en cours devrait s’accélérer à partir de 2050. Une série d'infographies simples mais explicites rendent compte du phénomène.
Lutter contre les conséquences de plus en plus visibles du réchauffement n’est pas une mince affaire. L’Amazonie est aux prises avec la prédation des Etats et des firmes privées. Les pages sur le casse-tête du crédit carbone sont très intéressantes. La spéculation, la fraude (1,6 milliards au fisc français en 2008 et 2009 !). La chaîne graphique des impacts montre le mur des résistances des intérêts privés et des malfaiteurs.
La notion de température moyenne du globe est mal comprise par le grand public. Ainsi, il y a 100 millions d’années elle était de 31°C, ce qui en faisait une planète invivable pour notre espèce. Aujourd’hui la température est de 14°C et elle permet l’existence de notre espèce.
Les impacts du carbone et de l’industrie ne sont plus à démontrer. Au Texas, les puits de pétrole et de gaz de schiste rejettent des centaines de milliers de tonnes de CO2.
La folie des grandeurs est de retour malgré l’inanité de tels projets. Ainsi, les réalisations les plus insensés repartent de plus belle depuis 2020 avec la tour Sky Mile à Tokyo, pas moins de 1700 m prévue dans 15 ans.
Les problèmes majeurs de l’IA et du numérique
Objet de spéculation et levier pour attaques et méfaits importants des pirates, le numérique est un accélérateur des impacts écologiques négatifs. De la sorte, l’énergie consommée par un smartphone pour sa production est cinq fois supérieure à celle liée à sa production.
Plus anecdotique mais non moins énervant, tous les bugs des logiciels et applications nous font perdre 20% de notre temps. L’infographie en détaille toutes les causes, depuis les pop-ups envahissants jusqu’aux pannes totales, toute la gamme des types d’incidents comme le mauvais fonctionnement, inadéquation avec les besoins, les difficultés d’utilisation. On image les centaines de millions d’heure perdues depuis l’avènement de l’informatique grand public ...
L’emprise des Gafam sur Internet est massive. Meta et Google sont les plus gros investisseurs dans les câbles sous-marins essentiels aux gigantesques flux permanents de données qui transitent dans le fond des océans.
Côté IA, face à la demande explosive de puissance de calcul et de stockage qu’elle induit, Amazon veut investir plus de 100 Milliards de dollars dans le cloud et les services d’IA générative.
Du côté des cyberpuissances, l’internet est dominé par le trio Etats-Unis, Chine et UE. Les américains excellent dans la collecte de renseignements sensibles et influencent lourdement les cadres réglementaires qui sont autant d’instruments de domination mondiale. La Chine dans la surveillance de ses citoyens. La Russie dans les cyberattaques et le contrôle de l’info) . En France et l’UE, les infrastructures civiles (santé, transports, énergie, etc.) sont particulièrement vulnérables. Un classement où curieusement manque l’Etat d'Israël pourtant très actif dans ces domaines.
L’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des enfants et adolescents
Quelques courbes du livre, faciles à interpréter et adossées à de très nombreuses études aux conclusions convergentes montrent que les jeunes de 18 à 25 ans souffrent de dépression, soit plus de deux fois qu’en 2005. Deux fois plus de jeunes qu’il y a 10 ans pensent au suicide. Un enfant sur deux présente des troubles de la dépression ou de l’anxiété Tous les chiffres sont en augmentation depuis 10 ans De nombreuses études relient cette explosion à l’arrivée des réseaux sociaux. Il faudrait aussi introduire une notion absente du livre : le poids des inégalités sur le mal-être étudiant ou sur les jeunes salariés précarisés.
Beaucoup d’autres domaines tels l’invasion des plastiques à l’échelle mondiale, la représentation vertigineuse de l’Univers, la vie des espèces animales sont abordés dans le livre.
Un ouvrage qui est une incitation bienvenue et réussie à aller plus loin pour prolonger la richesse des infographies.
Epsiloon Data : Le monde en infographies
150 Pages - 15€ -