Dans son parti-pris du 12 novembre, Le Degré zéro de la politique, Edwy Plenel affirme que l'affaire Jouyet n’est pas une affaire Fillon mais une affaire Hollande. Par une interprétation personnelle des faits, il occulte délibérément que Fillon ait pu de manière très plausible, demander à Jouyet qui était son secrétaire d'Etat aux affaires européennes, d'accélerer les procédures judiciaires concernant Sarkozy. Cette information ne constitue aucune révélation sur le marigot politique et ne surprend pas, de la part de Fillon qui ne se différencie pas de ses adversaires à l'UMP et ailleurs en matière de coups tordus. De manière plus générale, faut-il d'ailleurs accorder autant de place dans les médias à des jeux politiques médiocres alors que tant de lourds problèmes restent à résoudre, il serait trop long de tous les citer ici ? Mais Edwy Plenel met à profit ce moment médiatique pour accuser Hollande d'instrumentaliser l'affaire Jouyet comme s'il s'agissait d'une faillite supplémentaire du pouvoir. Je ne tiens à défendre aucun des protagonistes directs ou indirects de l'affaire Jouyet, ni a savoir à qui profite, sa bévue, car cela a peu d'importance. La chronique scrupuleuse des escarmouches et réglements de comptes politiques n'est pas l'exercice journalistique que je préfère dans Mediapart, surtout quand il débouche sur une analyse incomplète des faits.
Nul besoin de cette affaire pour savoir que Jouyet navigue sans aucun etat d'âme de gauche à la la droite et vice-versa, en passant par l'autorité des marchés financiers où il fut inexistant. Ou encore, de noter que Sarkozy est prêt à tout pour reconquérir un pouvoir dont il ferait le plus mauvais usage. Sans préjudice de l'attitude fielleuse de Fillon, le "collaborateur" zélé de Sarkozy durant 5 longues années et qu'il souhaite renvoyer dans les oubliettes de l'histoire. Quand à Hollande, sa position constante à la droite du PS, ne peut décevoir que ceux qui ont espéré. Tout cela apporte t-il un nouvel éclairage aux lecteurs sur les moeurs politiques ? On peut en douter.