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Billet de blog 25 avril 2022

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Election de Macron 2022: une représentation limitée de la volonté populaire

A peine plus d'un vote sur 3 des inscrits pour Macron … Ce résultat n'est en aucun cas un vote d'adhésion à son programme de casse sociale. Les reports de voix des électeurs LR, LFI, PC, PS, Verts dont il a bénéficié, montrent un taux encore plus faible de convaincus par ses idées libérales. Comment se contenter d'une si faible représentativité à l'aune des grands défis qui nous attendent?

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L'histoire bégaie. Il y a 5 ans j'écrivais ce billet  pour pointer les chiffres record de l'abstention, des votes blancs et nuls  pour la présidentielle de 2017. Ces niveaux de retrait de recul démocratique pendant la Vème République sont encore dépassés en 2022. Les chiffres sont là: au second tour seuls 38,52% des inscrits ont mis un bulletin Macron dans l'urne. C'est peu, très peu, si l'on prend en compte le fait qu'une moitié des votants s'est prononcée pour faire barrage à la dangereuse hypothèse Le Pen. Un chiffre à préciser après les analyses détaillés du vote Macron mais au final, cela représente un score étriqué, de l'ordre de 20 % de soutien au maximum des inscrits !  (chiffres à préciser et à mettre à jour quand ils seront disponibles).

Comment représenter un peuple en n'ayant l'assentiment que d'un électeur sur cinq ?

Sur ce point Frédéric Lordon émet une opinion radicale dans son billet sur son blog Mediapart  La pompe à phynance dans lequel il écrit "Où aller pour trouver de la politique vivante ? Partout sauf dans un bureau de vote : dans un cortège qui prend la rue, dans une entreprise débrayée en AG, dans un amphi d’université occupée, sur un rond-point de « gilets jaunes Mais surtout pas dans un isoloir " Les Gilets jaunes en on fait les frais au prix d'yeux crevés et de blessures de tout nature.

En additionnant les abstentions, bulletins blancs ou nuls, on parvient à un chiffre de 34,2 % des électeurs selon les chiffres officiels, soit plus d'un sur 3 des inscrits qui ne donne aucun pouvoir au nouveau Président pour les représenter.  Plus explicite encore, seul 1 électeur sur 5 à voté pour son programme ! * C'est préoccupant dans une véritable démocratie représentative. L'analyse ce jour de Mathide Goannec détaille ces données électorales.

Au nom de ce soutien famélique, Macron aura les mains libres pour continuer à détricoter la protection sociale des français et à favoriser les ultrariches, riches et grandes entreprises. Passé maître dans l'art de la manipulation médiatique, il affirme tenir compte des opposants à ses propositions ultra-libérales. Il n'en sera rien. La mise en scène au Champ de Mars où il se dirige pompeusement vers l'estrade entouré d'enfants au son de L'hymne à la joie européen est un spectacle convenu à l'usage de millions de téléspectateurs sans doute blasés.

L'analyse précise du vote Macron montre qu'il est soutenu majoritairement par les classes d'âge de plus de 60 ans et encore davantage chez les plus de 70 ans. Le fait que ces classes votent plus que les autres strates de la population et l'aversion au changement expliquant sans doute cela.

La promesse d'un 3ème tour lors des législatives pour lesquelles Mélenchon projette de devenir 1er ministre est semée d'incertitudes. Tout reste à faire concernant ce projet de rééquilibrage des pouvoirs.

Des institutions et mode de représentation à bout de souffle

C'est un lieu commun de l'affirmer, il faut modifier les principes du gouvernement représentatifs pour face aux immenses défis sociaux, économiques, climatiques, qui nous attendent. La démocratie participative n'est encore qu'un slogan politique, un vernis de modernité du gouvernement. Ainsi, la convention citoyenne pour le climat initiée par Macron en 2019  a accouché d'une souris. Macron n'a repris que 10% des propositions des participants parmi les moins significatives ainsi que l'indique le site Reporterre

Le livre de référence Principes du gouvernement représentatif de Bernard Manin dont voici la recension démontre avec une argumentation précise que la démocratie occidentale aujourd’hui est une mélange complexe entre le parlementarisme, la démocratie des partis et la démocratie du public. Selon Manin, le gouvernement représentatif mêle en fait des traits démocratique et aristocratiques, vieux restants de la société du 18ème siècle.

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Nous avons entendu à longueur d'antenne la parole banalisée et haineuse du grand remplacement, stigmatisant l'immigré en lui niant le droit d'être français, même s'il paie taxes et impôts. Les votes Zemmour et Le Pen sont un exutoire improbable et dangereux à la peur du déclassement de masses apeurées et manipulées. Il existe d'autres facteurs minoritaires pour ces suffrages identitaires et racistes comme l'appartenance religieuse ou encore un vote d'opposition par méconnaissance profonde de l'histoire de l'extrême-droite.

Ces masses manipulées sont inaccessibles au raisonnement rationnel. Pour ne traiter que de l'insécurité économique, de très nombreux économistes tels David Card et d'autres expliquent dans cette émission de France Culture que la richesse nationale n'est pas un gâteau à partager dont la taille serait fixe mais qu'il s'accroît en proportion de ces travailleurs suppléentaires qui contribuent au PIB national. En bref, 10 % de travailleurs en plus créeront davantage de richesse à se répartir.

Depuis la nuit des temps, l'histoire repasse les plats. C'est le manipulateur le plus habile ou l'homme politique le plus avide de pouvoir qui parviennent aux sommets des Etats. Même les individus les plus intègres échappent rarement au tropisme délétère qui est l'abus du pouvoir ou pour le moins, son mésusage.

Est-il bien raisonnable dans un monde de plus en plus complexe de confier le sort de dizaines de millions de citoyens aux bons soins d'un seul homme (ou femme) providentiels, faillibles par nature.  Est-il normal, par exemple, qu'il n'existe aucun seuil de participation minimum au delà duquel le vote serait invalidé ?  D'autres modes de représentation populaire sont à trouver mais  la route sera longue et difficile.

* Détail du calcul: Macron a été élu par 38,50 % des inscrits. Parmi ses votants, 58% ont voté pour son programme (selon ce sondage Ipsos , soit 22,3% ( moins d'un électeur sur 5 ! La légitimité réelle de son élection est donc en cause.  

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