La presse dans sa plus large acception et les médias en général ont besoin d'informations tonitruantes pour augmenter l'audience. S'il n'y a pas réellement une information essentielle et nouvelle, créons-là. A ce titre, le FN constitue un sujet de choix. Ce parti, fondamentalement xénophobe, serait désormais un épouvantail et de nombreux médias d'entonner derrière la vulgate, "FN, 1er parti de France". Qu'en est-il ? Dimanche 25 mai, un quart des électeurs parmi les 43,5 % de votants on voté FN. Cele ne représente guère que 10,7 % des suffrages et signifie simplement que près de 90 % des électeurs et électrices français n'ont pas voté FN. Pour les municipales de mars 2014, Le FN n'a récolté que 8 % des suffrages au premier tour alors que le score de Marine Le Pen à la présidentielle de 2012 était de 12%.
Le fait majeur des récents scrutins c'est que l'abstention augmente constamment, excepté une légère remontée pour ces dernières élections européennes en légère progression de 3 points, due probablement à la mobilisation des électeurs FN. Dans "Le Monde Diplomatique" de mai 2014, l'article Ce que s'abstenir veut dire montre bien cette tendance désormais établie. Ainsi, Bobigny, ex-fief du PCF, est aujourd'hui administrée par l'UDI mais le vainqueur de l'élection ne représente que 12,3% des résidents dans la commune à cause, surtout, de la forte proportion d'étrangers privés du droit de vote. Pour revenir à l'élection européenne du 25 mai 2014, le résultat est surinterprété voire hystérisé par les médias. Il ne s'agit pas de minimiser la possibilité que Marine Le Pen soit présente au 2 ème tour de la présidentielle de 2017, la seule élection qui compte en France du fait d'une constitution taillée sur mesure pour le général de Gaulle. Il faut aujourd'hui prendre du recul avec l'expression d'un vote FN issu d'une frange jeune et populaire, moins diplômée que la moyenne, qui ne connait pas les fondamentaux historiques de l'extrême droite en France et sa recherche systèmatique d'un bouc émissaire pour expliquer les crises écononomiques et les conflits.
Est-ce à dire qu'il n'y a aucun risque de voir le FN accéder un jour au pouvoir ? Aucun commentateur sérieux ne peut l'écarter. Le filet social bien que de moins en moins ténu, sert encore d'amortisseur à la crise économique dont on n'entrevoit pas la sortie prochaine. Mais si l'économie occidentale devait connaitre un krach majeur comme celui de 2008 due à l'explosion toujours possible d'une nouvelle bulle financière, on ne peut préjuger des réactions d'un electorat FN potentiel qui exclurait, les partis majoritaires, l'Europe et les immigrés dans un mouvement puissant. Dés lors la victoire de Marine Le Pen à l'élection de 2017 ne serait plus un scénario catastrophe mais une réalité dont les conséquences pour la France seraient majeures. Il s'agit aujourd'hui de mettre en questions une démocratie qu'il convient de dépoussiérer et qui ne réprésente plus vraiment l'intérêt général et se révèle stérile face aux immenses défis qui nous attendent, changement climatique, surexploitation des ressources non-renouvelables, prédation de la richesse des nations par la finance, fortes inégalités croissantes entre nantis et pauvres. Et la liste n'est pas exhaustive ...