La mort de Eric Hobslawm, un penseur, dirai-je tout simplement, auquel MEDIAPART a rendu hommage-c' est tout à son honneur- m' a rendue particulièrement mélancolique:j' ai ressenti un certain malaise à m'être accommodée de ce qu' est devenu le paysage intellectuel de la France au regard des promesses de sa propre histoire: à quelques exceptions près, parmi lesquelles figurent aussi des personnalités qui ont fait voeu de retrait médiatique, le pragmatismee économique, l' avis des experts, l' esprit de sérieux des journalistes d' information, leur ton moralisateur, leur rituel d' insignifiance, la politique réduite au service des grandes émotions collectives qui suivent tel fait divers présenté le plus souvent comme inédit dans l' horreur, alors que la consultation des archives montrerait le contraire, mais le micro-trottoir ne pourrait pas alors nous offrir le spectacle consternant de commentaires obtenus sur le vif dont il faut reconnaître qu' ils servent au moins à faire mesurer l' ampleur de la fracture sociale, du fossé vertgineux qui s' est creusé au sein d' une population non seulement en matière d' argent, de cadre de vie, de bien-être, de dignité, mais ce qu' il est presque insurmontable de rattraper( alors qu' on peut devenir par le loto, les jeux richissime en un jour):la maîtrise des mots,la culture, la conscience critique etc), même commentaire sur le désespoir exhibé à l' écran d' ouvriers humiliés, frustrés dont on est sûr qu' ils ne se réclameront plus d' être les "damnés de la terre" et que peu leur importe de "changer la face du monde". Bien sûr, ces exemples que je pourrais multiplier ne concernent pas la classe éclairée ni les qui dédaignent la télévision mais tous deux sont responsables des effets nocifs de cette idéologie qui plombe tout espoir d' émancipation. voilà pourquoi je me suis rappelé l' enthousiasme que m' avait procuré la lecture de "L'âge de extrêmes", d' une lucidité sans concession sur la situation régressive de l' aura intellectuelle, des exigences dans la confrontation au réel et je partage encore, malgré l' accueil plus que réservé auquel il a droit en France, les événements qu' il pointe à l' origine du reflux d' une influence rayonnante, positive, active, qui a fait cruellement défaut par exemple comme contrepoint salutaire au climat de la France dont la gauche a hérité: évidemment les mythes introduits par ce qu' on a pris pour des nouveaux philosophes,-Je dirai, comme la grand'mère de Sartre:"Glissez, mortels, n' appuyez-pas!"_ l' écroulement du communisme, l'essor du neolibéralisme et résultat du prétendu respect que l' on doit même envers les fourvoiements conséquents , au non des droits individuels à l' erreur, la disqualification de la Révolution réexaminée à l' aune de ses dérives-et grand à MEDIAPART pour la publication d' un article qui réhabilite entièrement le mot et son contenu- mais le coup porté par Furet continue d' infléchir les esprits et dans le grand public auquel s'adresse les médias dont je parlais, l' amalgame est intériorisé et peu importent les mises en garde: pas de distingo entre le communisme et le nazisme. Au secours des défaillances d' une déontologie de gauche viennent des penseurs, hélas qui n' en sont pas, mais qui savent se débarrasser de dogmes et de la crainte de de dé plaire pour tenir le cap d'une pensée soumise à l' épreuve du réel: deux au moins ont attiré mon attention, J;c.Guillebaud qui ne m' a jamais déçu et dont besion de lire le nouvel essai pour l' avoir entendu en parler et j' ai trouvé qu' il parlait d' or, et B.Latour dont je partage entièrement son souci d' enquêter sur ce moi j' appelle "le préférable".Je préciserai dans un autre billet.
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