Dans "boîte à idées", la boîte démystifie, déconsidère l'idée: mettre une idée dans une boîte c'est la stocker, la prémunir contre son potentiel utopique, c'est lui arracher ses ailes.
Cet oxymore est significatif de la méfiance à l'égard des idées dans une société acquise à la logique marchande, à l'image d'un gouvernement soucieux de la ménager, redoutant de jouer la cigale sermonnée par la fourmi de l'Europe,et d'un Président de la République choisissant l'expression"boite à outils"pour convaincre le pays de son réalisme politique: grâce à cette trouvaille, la jeunesse est avertie: l'idée"n'est pas la soeur du rêve",mais un outil au service du monde de la finance dont les ruses sont innombrables pour donner un parfum d'aventure à la précarité, à l'apprentissage précoce , à l'interruption volontaire des études
Car l'école, loin d'être le lieu de tous les possibles,impose une vision étroitement utilitariste du savoir toujours assisté du verbe faire; on se garde de préciser, pour éclairer l'opinion, qu'enseigner,c'est d'abord instruire; on préfère laisser le verbe végéter dans une prudente intransitivité et pleins feux sur le verbe éduquer,oh combien fédérateur,consensuel,qui désamorce le souffre subversif des idées ; ainsi la mission de l'école , travestie en mission éducative, valorise le rôle du partenariat périscolaire, et secondarise celui de l'enseignant: ces propos concernent le secteur le plus vulnérable du secondaire:le collège où devraient circuler la culture, les arts, les idées, où devrait prévaloir le démon de l'analogie qui favorise l'esprit scientifique, la créativité etc....
J'essaie de me rappeler le visage de F.Hollande disant "boîte à outils",pour se rapprocher des Français, pour leur montrer qu'il avait bien les pieds sur terre, qu'il n'était pas dans les nuages; il aurait mieux fait de s'inspirer de V.Hugo revendiquant fièrement son statut de poète face aux esprits bornés,brocardant les rêveurs:Ah! On dit:"le poète, il est dans les nuages"!/ Soit! le tonnerre aussi!"
Mais la nouvelle économie , l'économie "immaterielle " va peut-être réhabiliter les idées et détrôner le savoir faire, c'est à dire tout ce qui réifie je ne parle pas du savoir faire artisanal, évidemment;ce qui coûtera cher, ce qui sera précieux consistera dans la conception d'un logiciel, d'un film,etc : " la fabrication", ou la diffusion s'avèreront faciles;la recherche des idées s'imposera comme primordiale, c'est à dire comme ce qu'elle depuis toujours.