"La parfaite raison fuit toute extrémité/ Et veut que l' on soit sage avec sobriété": voilà une devise que pourraient adopter les "modérateurs", ces figures apaisantes, anges gardiens choisis pour que cet espace inédit, concurrent du monde ordinaire, ne devienne pretexte commode pour régler leur compte aux frustrés, Don Quichottes impénitents, blogueurs blagueurs déterminés à épater la galerie..
Mais cette maxime du Grand Siècle dans la bouche de Philinte,s' adresse, au-delà d'Alceste, à tous ceux qui se laissent aller à pousser trop loin leur zèle: ceux ,par exemple, qui cherchent dans le culte du présent de quoi à assouvir leur désir de nouveauté.
Le sens de la mesure, qui fait de "l' honnête homme" celui qui" ne se pique de rien"(La Rochefoucault), vaut encore mieux pour rappeler au principe de réalité ces adeptes de la rupture.
Il s'agit de leur rappeler que tous ces bonds de la sciences émanent du travail acharné de chercheurs, pour la plupart formés à la culture du passé qu' ils sont loin de renier, en vrais amants de la science: le vrai progrès n' est pas dans la confusion étourdie des rôles: la technique triomphante et l' homme sommé de s'incliner et d' immoler tout ce qu' il doit à ses aînés..
La raison consiste à reconnaître que rompre avec le leg du passé est prendre le risque de méconnaître les innovations de son temps: le passéisme n'est-il pas surtout l'impossibilité de déloger le passé du présent par inculture et d'ignorer ainsi autant l'un que l'autre?