Est-elle irrémédiable l' erreur d' avoir fait l' Euro avant de faire l' Europe?

Ce qui manque à l'Europe est la conscience véritablement historique de partager un avenir politiquement forgé. Grand réconfort un ministre de "gauche modérée"s'aventurant en toute indépendance à rappeler l' éthique de la gauche dans une Europe artificiellement construite sur un leurre: l' Euro,dont sans doute"l utilité" est d' avoir démontré, à l'échelle planétaire, la fragilité,l'immense résponsabilité,"du monde de la finance" dans le désastre d' un système économique qui n' en continue pas moins d' exercer son hégémonie prédatrice, s' arrogeant le droit de culpabiliser les peuples, de les appauvrir voire de les affamer, de prétendre nous imposer de " régler" ce qu'il a "déréglé ", et de plus sous son contrôle!Eh bien il faudrait harceler le gouvernementpour qu 'il  persuade le président de la République de saisir l'occasion offerte par son ministre: donner sens à sa "subversive" déclaration, "je hais le monde de la finance", en confiant à un ministre aussi authentiquement progressiste, et, ce qui est souvent un travers de la gauche, insensible à l' ascendant du neolibéralism, la mission de dessiner les contours d'un projet, en phase avec deux évidences,fermement rappelées dans son discours: la croissance pour la gauche ne saurait s'en tenir à la consommation, l' Europe ne se fera pas sans les peuples; or l' effondrement de la croissance qui se généralise en Europe est le levier possible d' un début de rassemblement propice à la conscience d' un avenir commun cimenté par une croissance renouvelée, qui réponde aux questions suivantes: que privilégier? les marques de yaourts ou les moyens d' élever  à la culture le plus grand nombre possible d' enfants, ne serait- ce que pour en faire des citoyens éclairés? pour qui la croissance? pour les seuls Européens? pour les seuls occidentaux?, pour les pays dont nous convoitons les richesses naturelles? Mais ce que j' évoque serait le résultat des efforts, des sacrifices peut-être,aux fruits que nous ne recueillerons pas,d'une figure invisible,imprévisible, qui n' a d' autre existence que politique, qui n' est ni l' opinion ni le résultat d' un referendum, mais le peuple, l' oublié de l' histoire,et qui pourtant la fait.