Je comprends bien la position du ministre de l' Education Nationale, prudente, résolument anticonflictuelle, soucieuse de ménager l'opinion, de répondre à ses attentes, de quitter Platon pour Aristote, le ciel des idées pour le possible et le vraisemblable, comme le recommandait il n' y a pas si longtemps un corps d' inspecteurs généraux en plein élan refondateur, et j' ai failli renoncer à ce billet, consciente que Vincent Peillon partagerait sans réserve mes critiques et les auraient même formulées avant moi,si au autre ministre que lui en eût étél'objet. cela dit, je commencerai par citer deux phrases de Vincent Peillon qu' on ne saurait taxer de langue de bois:" Il ne faut humilier personne" et "Il faut une école bienveillante": deux impératifs à l'éthique honorable, mais qui plombe l'horizon d' un projet audacieux donc difficilement consensuel, et semble dans la deuxième phrase ouvrir l'école à d' autres intervenants peu compétents. Pourquoi ne pas reconnaître à ces deux phrases qui ne sont pas refondatrices, le mérite de vouloir protéger les élèves des blessure de la mauvaise note , et laisser aux parents le dernier mot en matière d' orientation? L' Ecole n' est ni un ring ni un tribunal: ce n' est peut-être pas à elle de peser prématurément sur le destin de celui qu' elle est est chargée d'élever ;Refonder l' Ecole c' est commencer par respecter sa substance: un conservatoire- pas un sanctuaire- des connaissances humanistes et scientifiques, leviers des enjeux non d' un présent factice, mais d' une modernité à l' abri des pièges de l' ignorance, celle , par exemple qui consiste à prétendre innover par le syntagme farfelu"humanités scientifiques", comme si le passé le plus lointain ne fournissait pas la preuve d' esprits brillants, humanistes c' est à dire cumulant les disciplines où se confondent savoir scientifique et ce qu' on appelle les "humanités" c' est aussi vrai pour Parménide, pour Pythagore, que pour les médecins , les grands patrons de médecine dans la première moitié du vingtième siècle,.A son statut de conservatoire il faut ajouter celui de laboratoire :l' Ecole doit offrir aussi le moyens de critiquer les connaissances qu' elle transmet: elle doit émanciper, relancer le désir du savoir qui humanise, qui favorise la solidarité ontologique qui unit le citoyen et l' homme.
Billet de blog 14 octobre 2012
Quelle refondation? Quelle ambition?
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