J' observe avec mélancolie le fossé de plus en plus vertigineux entre les cerveaux humains: les uns performants, multipliant les preuves d' une agilité, d' une alacrité productives infatigables, qui doivent passer leur temps en colloques, en signatures de leurs ouvrages, en pétitions vertueuses, très demandés sur les plateaux de téle ou sur le ondes où l' on attend leurs commentaires toujours paradoxaux, volontiers provocateurs, aujourd' hui à Paris, hier à Newyork, demain à Londres, le plus souvent "relookés" c' est à dire qu' à leur intelligence s' ajoute la séduction de leur personne: fini la belle et la bête: on peut compter parmi ces cerveaux tous les intellectuels visibles, qui se sont rendus indispensables dans les medias dont certains en font partie,mais aussi tous les créateurs, les virtuoses, les chercheurs, les journalistes, les enseignants, bref une nouvelle classe dont les privilèges ne sont pas fondés sur la fortune, ni sur le pouvoir mais sur un otium studieusement employé et particulièrement gratifiant: cette catégorie d' individus est révélatrice du sort réservé sous peu aux humains: une inégalité qui peut-être dans un temps indéterminé les rendra étrangers les uns aux autres et induira -qui sait- deux nouvelles formes d' humanité: l' une ayant bénéficié d' un cerveau mobilisé au meilleur de ses performances , l' autre s' étant contenté de ou ayant été forcé à s' en tenir aux petits exploits qui ont n' ont pas eu à stimuler les nobles sphères de leur cerveau: quand la France a choisi la rentabilité immobiliere à un certain moment de son histoire, elle a pris la responsabilité d' étioler une multitude de ses cerveaux voués à s' agiter dans des occupations qui ont fait grimper la bourse et nous engager sur la voie du déclin, alors que si elle avait fait le choix d' assurer sa prospérité et sa singularité, elle aurait privilégié les nouveaux champs du savoir; elle aurait été à la pointe des recherches qui humanisent émancipent,et qui délivrent l'homme de sa servitude à des taches qui retardent son évolution: Trop de français sont exclus des grands débats de leur temps, or ce sont justement ceux qui ne partent jamais,faute d' argent et de désir, auxquels il faudrait réserver une place symbolique au Parlement.D'autre part à partir du moment où des avancées scientifiques mettent en évidence la nécessité pour chacun de prendre soin de son cerveau, il faut informer, dire pourquoi et comment, montrer le rôle des activités culturelles réfléchies et entretenues, élever le niveau de la télévision, des animateurs,autant de mesures au moins aussi salutaires que celles qui réglementent la vitesse ,le tabac etc. C'est dans la façon de mobiliser fructueusement les possibilités de son cerveau que se creuseront des inégalités aux conséquences néfastes et peut-être irréversibles:il est à la portée du plus pauvre de devenir riche du jour au lendemain(gagner au jeu, hériter..):aucun mortel ne pourra traduire du jour au lendemain,sans s' y être préparé la guerre du Péloponèse résoudre une équation, construire une argumentation ambitieuse,jouer une partita de Bach etc..Il suffit pour en être persuadés que les responsables du pays lisent très attentivement un ouvrage dont la parution remonte à l' an 2000 et qui aurait mérité d' inspirer une politique éducative et concitoyenne anticonsommatrice, il s'agit du dialogue échangé sur les neurosciences entre Jp.CHANGEUX,et P.Ricoeur, intitulé:"ce qui nous fait penser" admirable dialogue entre un philosophe et un scientifique soucieux d' élever leurs semblables au beau et au bien.
Billet de blog 18 octobre 2012
l' avenir est aux neurosciences!
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