"On ne construit pas de discours sur les dérives" dit Ricoeur: c'est vrai quand il s'agit d'argumentations théoriques, c'est loin de l'être en politique, parce que la société n'a pas toujours les moyens de comprenre ses intérêts:il faut alors la convaincre, et avoir la sagesse non pas de renoncer mais d'examiner si telle réforme proposée n'est pas exposée à des dérives que l'opinion confondra avec elle.
Et parfois il serait souhaitable de mieux soumettre sa proposition à l'épreuve des faits et ne pas hésiter à la modifier,à l'adapter aux circonstances; ce n'est pas par medias interposés que se commente un choix politique; si raisonnable, si mesuré soit-il, il sera évalué non pour ce qu'il représente mais sur l'image de son auteur, image captive des medias qui se complaisent souvent, à quelques exceptions près, à n'attirer l'attention, en matère de politique intérieure, que sur le spectaculaire.
La vie parlementaire, doit se poursuivre dans des lieux d'échanges d'idées,toutes catégories sociales confondues; la démocratie ne doit plus être le droit à la jouissance privée d'un groupe privilégié qui semble concentrer tous les monopoles, y compris celui de la sottise, du mensonge,le pouvoir de manipuler l'opinion, de créer l'événement, de ressortir encore plus riche, encore plus puissant des pires ennuis avec la justice, de mépriser le service public, d'en préserver leurs enfants, dont la scolarité se passe en grande partie d'ailleurs à l'étranger;etc
ll est primordial d'écouter "tous les laissés pour compte" de l'Etat républicain, leurs ressentiments, leurs griefs, tout ce temps d'amertume, de chômage, d'humiliation les a dotés d'un principe de réalité capable de percer à jour ceux qui s'apprêtent à les utiliser: il faut leur insuffler de l'espoir, mais avant il faut des mesures qui réparent l'injustice inouie d'avoir exigé de l'argent d'une classe sociale qui ne prend jamais de vacances et qui s'use à survivre; il faut déjà appliquer la loi inscrite dans la constitution: assurer le gîte et le couvert à tout citoyen qui en est privé.
Cependant la politique ne peut pas se conduire sous les seules pressions du présent, parce que l'avenir de la cité ne doit pas être sacrifié à ou compromis par un pragmatisme ponctuel qui, sous couvert de viser l'intérêt général, ne servirait en réalité, et parfois même à son insu, que l'hégémonie financière.
Et ses innombrables zélateurs s'impatientent du retard de la France à rendre enfin les armes, à laisser la loi du profit, sous l'empire de l'instant,"dévorer" son histoire ; ils s'emploient à infiltrer dans l'opinion l'image d'un gouvernement incompétent, escomptant une perte de confiance telle que toute mesure heureuse soit disqualifiée.
Et c'est là où la politique ne doit pas se laisser impressionner - certes réparer les erreurs, surtout les injustices; qui pourrait sérieusement penser que Hollande appliquerait un autre programme que celui d'une économie libérale désormais adoptée par les socialistes et que ces nouveaux habits ne le mettraient pas mal à l'aise pour s'adresser pédagogiquement à tous ceux de nos compatriotes qui ont pris à la lettre les promesses ardentes de sa campagne électorale?
Et c'est là où la politique doit assumer ses reponsabilités et la liste de ses manquements à l'attente d'un peuple qui semblait rassemblé et sans doute prêt à comprendre qu'on ne puisse encore restaurer qu'un peu de sa dignité et un peu de son pouvoir;
Or il est encore temps que le gouvernement oriente sa politique en engageant le peuple dans des projets d'avenir dont les enfants recueilleront les fruits, c'est un discours sur la jeunesse et tout ce qu'elle doit renouveler pour qu"elle contribue à la survie des principes des droits de l'homme et des principes de la Republique.
Madame Taubira a donné l'exemple des pouvoirs de la rhétorique au service d'une politique sans concession politicienne: il faut faire confiance aux mots ,au verbe, pour redonner à la politique la mission de persuader les citoyens que la cité doit leur survivre.