On attendrait de citoyens républicains une conception positive de l' agrégation, concours objectivement destiné à recruter des professeurs "hautement qualifiés", inspiré du principe qu'il faut savoir beaucoup pour enseigner un peu, et dont les épreuves auxquelles sont confrontés les candidats sollicitent fatalement leur mémoire sélective mais plus encore les facultés les plus vives du cerveau. Les raisons qui frappent de soupçon, qui vont même jusqu' à disqualifier un concours national et démocratique qui honore le métier et l' institution sont rarement abordées de front : laissons de côté les critiques immatures, à l' évidente mauvaise foi, qui remettent ingénument en question l' indéniable somme de travail théorique et pratique requise par un programme aussi ambitieux à l' oral qu' à l' écrit : résumons ce qui peut faire comprendre pourquoi ce concours est "encombrant" : il est d' abord par les frustrations qu' il engendre dans un établissement secondaire chez les autres corps de professeurs qui n' ont pas besoin de fantasmer sur l' infériorité de leur statut parce que ils en vivent les effets incontestables et durables: leur travail hébdomadaire est beaucoup plus chargé en heures et ils ont la responsabilité de classes de m^eme niveau que leurs collègues agrégés, d' autre part leur salaire est très sensiblement plus bas: deux exemples d' injustice et d' absurdité qui mettent en cause non l' agrégation qui elle, subit les conséquences d' une idéologie où tout désigne le savoir spécialisé et reconnu dans sa compétence prioritaire comme un obstacle au sens pratique, au savoir faire de la vie "moderne" où se tolère la figure de l' intellectuel sur les plateaux de télévision et dans les autres medias, où les élèves et leurs jeunes parents - l' élite exceptée bien sûr qui elle se nourrit de tout-vivent dnas un présent immédiat où l' on refuse l' ennui et ses vertus, où la paresse féconde,ce fameux otium, est remplaçé par une agitation perpétuelle: dans ce contexte il faudrait tenir bon, former des professeurs de haut niveau mais de m^me niveau avec de m^mes salaires en maintenant des concours le plus exigeant , au lieu de faire le contraire c'st à dire adapter le niveau des professeurs à la médiocrité ambiante, alors que c' est de l' école qu' il convient d' espérer les vrais changements, mais les solutions pour changer l' institution dans le sens de la raison et d' une modernité effective sont entièrement politiques.
Billet de blog 23 septembre 2012
la vision de l' agrégation
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