Prenons simplement les sujets qu' un responsable politique de gauche, à la campagne politique prometteuse,aurait dû aborder frontalement devant un public d'étudiants ,et de jeunes chômeurs non diplômés , diplômés ou surdiplômés :
le travail, l'instruction, le rapport exploitant exploité, la précarité: : quatre notions à revisiter :
Le travail: oser dire que le travail n'est pas une valeur en soi: faire la distinction entre travail choisi et travail subi c'est d'abord reconsidérer le chômage : c'est encore loin d'être le cas, et il est scandaleux de parler de chômage en général, comme s'il se distribuait harmonieusement entre toutes les régions de France, or l'évolution du travail ne doit plus faire du chômage une malédiction, mais une opportunité de reconversion heureuse : la robotisation , au lieu de favoriser les secteurs où la haute technologie ne profite qu'aux plus riches, par le biais d'un eugénisme ridicule ou inquiétant, et par l'octroi d'une longévité délivrée des affres de la vieillesse, doit s'attacher à libérer l'individu des taches asservissantes, avilissantes, sottement répétitives: il faut oser dire il n'y a pas de sottes gens,i y a des sots métiers parce que les choix économiques et financiers se préoccupent peu d'émanciper une population d'élèves que leur culture rendraient conscients , exigeants et peut-être dangereux?
Instruit ou ignorant tout jeune est en mesure de comprendre que l'intérêt d'un métier se reconnaît à la longueur, à la complexité , à la qualité de sa formation: oser dire qu'il existe de faux métiers, répartis entre des métiers "faciles" "pépères," que n'importe qui peut remplacer et qui ont évidemment droit au respect plus légitimement que ceux qui s'indignent du contraire, et des métiers objectivement pénibles voire dégradants, même,si certains bénéficient d'une formation moins courte que les précédents: oser dénombrer les vrais métiers, les professions gratifiantes exercées par passion , par plaisir , par curiosité , c'est en déduire qu'ils ne sont remplaçables que par leurs homologues et qu'il existe dans notre société civile une telle inégalité de considération, de fréquentation, d'empathie entre ces deux types de métiers qu'il n'y a sans doute que le service militaire tel qu'il n'existe plus, ou quelques occasions de réunions entre membres d'un même parti politique pour les faire se côtoyer .
Cacher à la jeunesse que le "patron" est, de nos jours un individu qui a fait les preuves de sa compétence, par concours ou par une expérience vérifiée de ses talents, et que le sort d'un chef d'entreprise polytechnicien est plus enviable que celui d'un ouvrier c'est encourager l'ouvrier à respecter le savoir et à prendre conscience de sa propre valeur, c'est à dire de l'injustice sociale qui l' a empêché d'exercer un métier où il n'est pas un simple exécutant: ce qui n'a pas été possible pour lui , il peut le rendre possible pour ses enfants : c'est dans la conscience d'une inégalité dans la maîtrise des connaissances qu'un ouvrier peut s'insurger non pas contre le"patron" mais contre son propre sort : il doit ressentir que la pire des humiliations n'est pas dans une monstrueuse inégalité des salaires qui fait du "patron le plus respectable l'être humain le plus abject, et le système qui l'autorise le système à abattre, mais dans la privation cruelle des atouts cognitifs, discursifs, techniques qui dénie à l'ouvrier toute existence singulière: l'ouvrier n'existe qu'en terme générique.
Notre ère post industrielle réclame une vision politique qui doit savoir quitter le plancher des vaches pour sensibiliser les jeunes à des choix où la sédentarité, la pérennité, la sécurité ne peuvent ^fonctionner comme des objectifs en phase avec l'accélération des connaissances etc....Mégoter son bien être, son confort dans une situation internationale, non telle qu'elle nous est racontée mais telle qu'elle doit se donner à voir, requiert un changement radical dans le comportement de ceux qui prétendent gouverner: Les jeunes devraient refuser d'emblée toutes les décisions qui leur assignent un avenir dont ils ne possèdent aucune clé : ils ont besoin de discours vrais et courageux: nous sommes tous des précaires , le problème n'est pas là .