Seule une intention vertueuse pouvait justifier l'entreprise qui consiste à ridiculiser les vices ou les erreurs qu'une société confond avec le bien ou le vrai ,et les risques étaient grands d'être censuré, ou emprisonné, et dans les périodes intolérantes jusqu'au fanatisme d'être puni de mort (cf la fiction d'Umberto Ecco): le pouvoir religieux n'a jamais fait bon ménage avec le comique ;et dans les pays occidentaux rares sont encore les sociétés qui acceptent de rire aux dépends de leur foi ou de leur croyance.
A cet égard la France est un pays d'exception : de qui, de quoi pourrait-on ne pas rire? les Guignols, le Canard, Charly, etc ont épuisé tous les sujets, nous ont tendu tous les miroirs de nos travers, de nos sottises, de nos leurres et ont honoré le genre satirique, genre artistique qui épingle la société contemporaine
Alors pourquoi ce genre comique côtoie t il à présent la tragédie et se compromet-il dans des discussions aussi pesantes qu'inconsistantes, et sans la moindre lueur d'esprit critique, d'analyse politique?
Pourquoi n'avoir pas prévu qu'en se trompant d'époque, qu'en ridiculisant les mythes ou les croyances d'une autre société que la leur, laique et républicaine, les auteurs satiriques s'exposaient à des châtiments comparables à ceux qu'imagina Umberto Ecco pour punir les moines qui avaient osé transgresser l'interdiction de lire les propos d'Aristote sur la comédie..;
Il existe aussi des raisons que l'on pourrait évoquer en questionnant plus frontalement et , bien sûr, plus politiquement, notre actualité menacée , à bien des des égards, d'un épouvantable esprit de sérieux, et qui aurait intérêt à se replonger dans Aristophane.
La recherche de la vérité ne se pratique pas avec des mentalités de propriétaire ou de prophète. Si écartelés soient-ils, et quoiqu'il en coûte, il faut tenir les deux bouts.
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