Les Guadeloupéennes et Guadeloupéens, qui subissent déjà les coupures d'eau à cause de la vétusté des réseaux de distribution, doivent composer depuis un mois et demie avec des coupures d'électricité quotidienne de plus en plus longues qui mettent en péril la situation économique déjà fragile de m'île et les conditions de vie déjà précaires, ce à cause d'une grève des agents EDF de la plus importante centrale de production ; une grève qui ne semble pas justifiée aux yeux de tous, et qui semble se durcir.
Je publie ici le récit tel quel de mon correspondant en Guadeloupe :
« Je me permets de vous contacter pour vous sensibiliser à propos d'un mouvement social qui a lieu en Guadeloupe depuis le 19 décembre 2022. En effet, nous sommes nombreux ici à nous interroger sur le fait que cette actualité est très peu évoquée dans les médias nationaux. [Seules une ou deux dépêches AFP succintes ont été relayées par quelques médias].
Il s'agit de la grève d'une partie des employés, portée par le syndicat FE-CGTG, à la centrale de production EDF PEI de Jarry qui impacte très fortement la qualité de vie des Guadeloupéens aujourd'hui.
En résumé, cette centrale qui est la plus importante ici n'a produit que 20 à 25% par jour de sa production habituelle depuis le 19 décembre, début du conflit et, depuis mercredi 8 février 2023, elle est à l'arrêt complet.
L'électricité est désormais fournie exclusivement par la centrale CTM, la centrale de géothermie (Ormat), la centrale de secours de Marie-Galante et les petits producteurs privés qui revendent à EDF l'énergie, type éoliennes et panneaux solaires. Cette production est bien insuffisante par rapport aux besoins énergétiques de l'île.
Cette situation critique oblige EDF SEI (distributeur de l'énergie) à procéder à des délestages extrêmement longs qui nuisent à la population. Au début du conflit, 20 à 30.000 foyers subissaient des coupures quotidiennes d'environ 1 heure. Cette situation a duré du 19 décembre 2022 au 6 février 2023.
Depuis l'arrêt complet de la centrale d'EDF PEI cette semaine, entre 50 et 60.000 foyers sont privés d'électricité plusieurs heures par jour. Les délestages sont en moyenne de 3,5 heures et il peut y en avoir (très souvent) deux par jour, ce qui représente une moyenne de 7 heures de coupure par jour.
Je ne sais pas si cette information peut vous intéresser mais il me semble important de vous en faire part car j'ai du mal à croire que l'Etat laisserait une telle situation perdurer si elle avait lieu en France hexagonale (!).
Ces coupures ont des conséquences très graves sur l'économie du pays, le fonctionnement des entreprises ou la santé des personnes en HAD par exemple, sans compter la perte de nombreux appareils électro-ménagers, due aux coupures incessantes, dans une région dont 36% de la population vit sous le seuil de pauvreté (790 euros par mois pour la Guadeloupe). Tous les secteurs économiques sont touchés à l'exception des très grandes sociétés qui possèdent des groupes électrogènes pour pallier ce type de problème.
Vous savez peut-être les grandes difficultés que nous rencontrons avec la distribution de l'eau ici depuis des années à cause de la vétusté du réseau. Evidemment les délestages en électricité devenus obligatoires impactent directement la distribution de l'eau également...
Il semble que la société civile soit en train de s'organiser pour mettre en place une protestation devant la centrale PEI de Jarry ce samedi 11 février et lundi 13 février prochain. »