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Billet de blog 9 novembre 2025

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L’échec de l’Éducation Nationale : une perte de 44 Milliards € de croissance par an

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 Pourquoi un faible niveau en maths coûte des milliards à la France  

Le déclin du niveau en mathématiques en France est plus qu'un sujet d'inquiétude pédagogique : c'est une bombe à retardement économique. Derrière les classements internationaux se cache une perte de richesse future estimée à 44 milliards d'euros pour chaque génération d'élèves. Cet article décrypte ce chiffre choc, explique comment les experts mesurent l'inefficacité de notre système scolaire, et détaille les leviers stratégiques pour désamorcer cette crise.

 Le Chiffre Choc : Une Perte de 44 Milliards d'Euros

Le chiffre de 44 milliards d'euros représente la perte économique potentielle pour chaque nouvelle génération d'élèves qui entre à l'école primaire avec le niveau actuel en mathématiques et en sciences. C'est une véritable "hypothèque sur la richesse future du pays" : une dette que nous contractons aujourd'hui et qui pèsera sur la croissance de demain.

Ce montant est calculé en utilisant le concept de Valeur Actuelle Nette (VAN). En termes simples, ce chiffre ne représente pas une dépense budgétaire, mais la valeur actuelle d'une dette non financée sur le PIB futur. C'est la somme de toute la richesse que cette génération ne créera pas (en salaires, en productivité) à cause de ses lacunes, ramenée à sa valeur aujourd'hui.

L'impact se mesure sur plusieurs plans :

  • Manque de productivité : Des compétences plus faibles en maths et en sciences se traduisent par une main-d'œuvre moins qualifiée et donc une économie globalement moins performante.
  • Baisse de compétitivité : Dans un monde dominé par la technologie et le numérique, un déficit de compétences scientifiques constitue un handicap majeur face aux autres nations.
  • Comparaison alarmante : Pour mettre en perspective la gravité de la situation, la perte équivalente pour l'Espagne n'est estimée "qu'à" 7 milliards d'euros.

Mais comment les experts arrivent-ils à un tel constat ? Quels outils utilisent-ils pour mesurer le niveau des élèves ?

Le Diagnostic : Comment Mesure-t-on le Niveau des Élèves ? (PISA vs. TIMSS)

Les performances de la France sont principalement évaluées par deux grandes enquêtes internationales qui mesurent des compétences différentes : PISA et TIMSS
Les résultats PISA 2022 ont révélé une baisse historique de 21 points, tandis que les scores TIMSS au primaire restent médiocres. Cette double crise révèle une faille institutionnelle : l'incapacité de l'école primaire à construire des fondations solides (TIMSS) garantit mécaniquement l'échec des élèves, des années plus tard, à appliquer ces concepts dans la vie réelle (PISA).

Les chercheurs ont développé un indicateur plus fin pour juger de la véritable efficacité de notre système scolaire : le LQI.

Le LQI : L'Indicateur Qui Isole la Performance de l'École

L'Indice de Qualité de l'Apprentissage (LQI, pour Learning Quality Index) est un outil statistique conçu pour mesurer la contribution nette de l'école à la réussite d'un élève. Son objectif est de "gommer" l'influence du milieu social, économique et culturel de la famille pour savoir si l'école est efficace par elle-même, pour tous les élèves.

L'analyse du LQI pour la France aboutit à deux conclusions majeures :

  1. Une faible efficacité au primaire. Le LQI de la France est "significativement en dessous de la moyenne de l'OCDE" pour le primaire. C'est cette inefficacité pédagogique qui est directement à l'origine du calcul de la perte de 44 milliards d'euros. Cette inefficacité est profondément structurelle ; l'analyse montre que le LQI du primaire n'a que peu varié, ce qui indique que le problème est ancré dans le système lui-même et n'est pas une simple conséquence de chocs récents comme la pandémie. Le paradoxe est d'autant plus frappant que l'analyse LQI montre une efficacité relative meilleure au secondaire. Le système semble donc "corriger le tir" plus tard, mais il est incapable de compenser le retard massif et structurel accumulé au primaire, là où tout se joue.
  2. Le paradoxe français. L'indice LQI est particulièrement mauvais pour les élèves issus de milieux favorisés. C'est un résultat contre-intuitif qui mérite d'être souligné.

"Cela signifie que notre système scolaire ne parvient pas à transformer les avantages sociaux et culturels de certains élèves en excellence. Autrement dit, nous ne savons pas tirer le meilleur de nos plus grands potentiels, ce qui est un immense gâchis pour le pays."

La reconstruction de l’Éducation nationale est un impératif pour réduire les inégalités sociales et préparer la performance économique à long terme.

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