Silk Road (avatar)

Silk Road

Abonné·e de Mediapart

206 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 septembre 2018

Silk Road (avatar)

Silk Road

Abonné·e de Mediapart

Un Ouïghour est accusé de terrorisme pour avoir réglé sa montre à l'heure locale

La Chine a arrêté un homme de la minorité ouïghoure parce qu'il avait placé sa montre à une heure différente de Beijing, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport. Mettre les horloges à "l’heure d'Urumqi" est donc considéré comme une forme de résistance contre le Parti communiste chinois.

Silk Road (avatar)

Silk Road

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Les jeunes ouïghours à Kachgar jouant le rôle de figurines aux touristes chinois en 2014

Alexandre Ma

Cet article a été publié originellement en anglais par le site d’information Business Insider le 09 septembre 2018. Voir la version originale ici : https://www.businessinsider.com/uighur-man-detained-setting-watch-differently-beijing-human-rights-watch-2018-9

La minorité ethnique ouïghoure du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, fait l’objet d’une surveillance et sans précédent.

  • La Chine est accusée d'avoir enfermé 1 million de personnes appartenant à la minorité ethnique ouïghoure musulmane dans des centres de détention ou des camps de rééducation dans le pays.
  • Selon un nouveau rapport de Human Rights Watch, un homme ouïghour a été arrêté pour avoir changé sa montre à deux heures de retard sur Beijing.
  • L’homme aurait changé d’horloge pour passer à l’heure d’Urumqi, qui suit l’horaire naturel et locale dans l’ouest du Xinjiang.
  • La Chine ne compte qu'un seul fuseau horaire officiel, mais les horaires d'éclairage naturel diffèrent d’une région à l’autre à travers le pays.
  • Changer les horloges en "temps d'Urumqi" est considéré comme une forme de résistance contre le gouvernement chinois.

La Chine a arrêté un homme de la minorité ouïghoure parce qu'il avait placé sa montre à une heure différente de Beijing, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport.

L’homme non identifié a été arrêté suspecté de terrorisme et envoyé dans un centre de détention du Xinjiang, dans l’ouest de la Chine, a rapporté l’organisation à but non lucratif, citant un ancien détenu identifié par le pseudonyme de Nur. La date de l'arrestation et de la détention n'était pas claire.

La source du groupe d'activistes, identifiée par le pseudonyme de Nur, a déclaré: "Je connais un gars ... qui a été emmené pour avoir placé sa montre à l’heure d’Urumqi, ils disent que c'est ce qui le rend suspect pour le terrorisme."

La Chine justifie sa surveillance et sa répression au Xinjiang en prévenant le terrorisme, et a accusé à plusieurs reprises les militants ouïghours de lancer des attaques terroristes dans tout le pays depuis au moins le milieu des années 1990.

D'anciens détenus ont détaillé la torture physique et psychologique dans les camps politiques chinois. Des détenus récents ont également déclaré avoir été contraints de chanter des cantiques patriotiques en chinois et privés de nourriture s'ils ne s'y conformaient pas, a rapporté le New York Times.

L'heure d'Urumqi, ou l'heure du Xinjiang, est un fuseau horaire officieux situé à deux heures de Pékin.

La Chine a un fuseau horaire officiel pour tout le pays - China Standard Time (CST) - qui suit les heures de Beijing. Mais parce que le pays est si grand, Pékin a en fait deux heures d’avance sur l’horaire naturel du Xinjiang, à l’ouest.

Mao Zedong, le fondateur de la Chine moderne, a fusionné tous les fuseaux horaires du pays en un seul pour renforcer «l’unité nationale».

Mettre les horloges à "l’heure d'Urumqi" est donc considéré comme une forme de résistance contre le Parti communiste chinois.

Les autorités chinoises ont utilisé diverses excuses pour justifier la détention des Ouïghours au cours des derniers mois.

Au début de la semaine, les autorités du Xinjiang ont arrêté quatre journalistes ouïghours pour avoir "fait double face", un terme signifiant faire un discours sur le Parti communiste chinois mais critiquant en privé ses politiques, a rapporté Radio Free Asia.

Le gouvernement chinois a nié l'existence de camps d'internement, mais a reconnu un programme de "réinstallation" pour les personnes qu'il qualifie d'extrémistes.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.