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Syndicaliste ☆ Alliance écologique et sociale ☆ Prof et parent d'élèves à St-Denis (93) ☆ Historien

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Billet de blog 6 juillet 2024

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Pour un Front populaire syndical

Si jamais le RN n'a pas les moyens de gouverner en juillet 2024, il reste très fort et progresse notamment dans le monde du travail. La responsabilité du syndicalisme est grande pour faire reculer la haine et empêcher la prise de pouvoir de l’extrême-droite, maintenant ou dans quelques années. Il faut réfléchir à des alliances à la hauteur de la période qui peuvent faire la différence.

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La centralité et le potentiel du syndicalisme uni

Nous le savons, le syndicalisme est un espace large, mais il a sa cohérence en tant que tel : quelles que soient nos différences de pratiques et de valeurs, il organise des travailleuses et des travailleurs et, a priori, veut améliorer leur quotidien. C'est ce que nous avons montré avec notre intersyndicale unie contre la réforme des retraites en 2023

Nous sommes (le syndicalisme) la force sociale la plus organisée et la plus implantée sur le territoire avec une capacité de coordination à toutes les échelles. Nous organisons des millions de travailleuses et de travailleurs. Bien sûr il existe nombre de structures, en particulier des collectifs et des associations, qui travaillent au quotidien dans les quartiers, dans les villages, sur les terrains de sports, auprès de différentes catégories de la population. Mais aucune avec la force de frappe des syndicats. 

Pour autant, nous ne vivons pas les mêmes réalités entre nos secteurs professionnels  et nos territoires,? y compris dans l’implantation forte ou non de l’extrême droite : quand une partie importante, voire une majorité des collègues votent RN et peuvent l’affirmer publiquement, ce n’est pas pareil que dans les lieux de travail où c’est une minorité discrète. 

Cette diversité est une force : elle doit nous permettre de mieux comprendre et de mieux agir, dans l’immédiat pour faire réduire fortement l’extrême-droite, et très rapidement pour gagner sur nos revendications et notre projet de société. 

Nous ne sommes pas toutes et tous sur le même point au niveau des structures. La CFTC, la CFE-CGE et FO n’ont pas suivi le reste de l’intersyndicale (CFDT, CGT, FSU, Solidaires, Unsa) sur le barrage à l’extrême-droite. A des échelles locales la CNT et la CNT-SO ont intégré l’intersyndicale, parfois même, et c'est une bonne nouvelle, la confédération paysanne.

L'urgence à ne pas retourner dans le quotidien "comme avant"

Nous ne pouvons pas croire que face à la situation générale, nous pouvons continuer de la même manière, tracer notre petit sillon tranquille. Quand la tempête risque de faire couler le navire, il faut être capable de s’adapter vite et rapidement. 

Il y a une priorité qu'aucune organisation syndicale n'a les moyens de résoudre seule.

C’est de poser la question de la division syndicale vis-à-vis des travailleuses et des travailleurs. Est-ce que quand l’extrême droite peut prendre le pouvoir, dans les jours, les mois ou les années qui viennent, nous allons nous battre entre organisation syndicale ou nous serrer les coudes ? Est-ce que nous allons continuer à nous présenter divisé⋅es aux élections ? Est-ce que nous pouvons travailler ce qui nous rassemble et porter des propositions fortes ensemble ? Nous défendre ?

Syndicaliste, nous avons une responsabilité majeure pour créer une sorte de “Front populaire syndical”, indépendant du Nouveau Front populaire, pour être à la hauteur de la période.

Cela pourrait prendre la forme d’une alliance spécifique dans le syndicalisme de lutte et de transformation sociale entre la CGT, la FSU, Solidaires et celles et ceux qui souhaiteraient participer. Nous pouvons créer une dynamique de confiance qui donnera de la force à nos luttes. Ou alors nous ne pensons que les alliances ce n’est bon que pour les organisations politiques et que le syndicalisme peut s’en passer pour affronter le fascisme qui est à nos portes ?

La première action d’ampleur que pourrait mener le “Front Populaire syndical” (on pourra lui trouver un nom plus pertinent ! ) c’est de mener une campagne de développement massive du syndicalisme sur l’ensemble du territoire. Il faut des outils de progrès social pour structurer partout une action et une sociabilité de résistance et de contre-attaque. 

Une chose est certaine, personne ne peut se payer le luxe du sectarisme. Ou alors c’est jouer contre notre camp et faciliter l'avancée de l’extrême droite. Notre capacité à porter l’unité, à dépasser les désaccords et les rancœurs, à générer des alliances, peut réellement faire la différence et créer un électrochoc qui renforce durablement le syndicalisme et en face un rempart puissant face à l’extrême-droite puis une machine à la faire réduire.

Avons-nous le choix ?


Ce texte est extrait (légèrement adapté) d'une contribution publiée le 4 juillet dans le cadre d'une réflexion lancée par la revue Les Utopiques sur la situation ouverte depuis la dissolution.

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