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Syndicaliste ☆ Alliance écologique et sociale ☆ Prof et parent d'élèves à St-Denis (93) ☆ Historien

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Billet de blog 22 août 2025

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Les syndicats doivent appeler à la grève le 10 septembre

Depuis le début de l’été la date du 10 septembre circule autour de l’initiative “Bloquons tout”. Expression de la colère sociale, les syndicalistes doivent s’en emparer pour ne pas laisser le terrain au confusionnisme et à l’extrême-droite.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

À la promesse de politique d’austérité du gouvernement Bayrou, l’ascension constante de l’extrême droite en France et la crise écologique s'ajoutent le retour de Trump, l'explosion fasciste mondiale, l’engrenage militaire et guerrier, le génocide à Gaza, les politiques coloniales... Il y aurait de quoi désespérer. 

Pourtant, rien n’est jamais écrit à l’avance. Il peut suffire d’une étincelle. Les circonstances sont ce qui peut faire dérailler le quotidien. Et nous y sommes peut-être en ce début septembre. 

L’appel “Bloquons tout” a le mérite de remettre au centre la question de la nécessaire justice sociale et celle du rapport de force pour la gagner. Car si le partage des richesses s’impose, il ne s’obtient pas en demandant gentiment. Il faut appuyer là où ça peut faire plier : sur le système économique et les intérêts du capital. 

En 2016 nous lancions à une centaines de syndicalistes au début du mouvement contre la loi travail un appel “On bloque tout” qui visait à articuler grève et blocage de l’économie pour faire plier le gouvernement. En 2023 l’Union syndicale Solidaires a proposé de prolonger l’appel intersyndical à la mise à l’arrêt du pays du 7 mars par une grève reconductible et un blocage généralisé de l’économie. Dans les deux cas cela a été des échecs… fautes de capacité d’étendre la grève en terme de nombre de grévistes et de secteurs.

Illustration 1

En cette fin d’été 2025, partageons quelques réfléxions : 

  • Améliorer nos vies c’est le meilleur moyen de faire reculer durablement  l’extrême-droite. Pour cela nous avons besoin d’un mouvement social, d’une mobilisation qui permettra de gagner, sur les salaires, sur les conditions de travail, contre les actes et discriminations sexistes, racistes, lgbtqiphobes, validistes, pour l’égalité pour l'ensemble de la population dont la régularisation des sans papiers et qui permettra d’imposer une transition écologique rapide et juste.  
  • C’est principalement aux travailleurs et travailleuses d’organiser et de décider de la façon de mener les luttes sociales. Notre outil principal pour ce faire ce sont les syndicats. Mais nous savons que la force du syndicalisme en France a diminué. Et il existe des expressions et mobilisations qui montrent ses faiblesses, comme ce fut le cas au moment des Gilets Jaunes. Pour autant, loin d’une opposition il faut réfléchir à la complémentarité.
  • L’intersyndicale interprofessionnelle nationale va se réunir le 1er septembre. Elle a eu une expression forte contre la proposition scandaleuse du budget Bayrou en juillet et a initié un décryptage et une pétition qui a recueilli plusieurs centaines de milliers de signatures en pleine période de congés. C’est une bonne chose. Cependant il est probable au vu des positions et des pratiques variées des organisations syndicales que cela ne débouche pas sur la proposition d’une mobilisation unitaire d’ampleur au-delà d’une journée de mobilisation, du moins dans ce cadre à 8 (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO,  FSU, Solidaires, Unsa).

Dans ce contexte la date du 10 peut être l'étincelle attendue. Mais pas de blocage de l’économie sans grève et pas de grève massive sans nos syndicats. Syndicalistes nous pouvons faire la différence le 10 en amenant notre expérience et les moyens de populariser la date encore plus largement. C’est pourquoi, même si le mouvement syndical n’est pas à l’initiative, il faut regarder avec sérieux ce 10 septembre. En suivant par exemple l’appel de SUD Rail au blocage du ferroviaire.

Qu’il y ait des tentatives de récupérations nauséabondes ou des idées d’actions un peu loufoque, c’est indéniable. Mais nous ne combattrons pas le confusionnisme, le conspirationnisme et l’extrême-droite en leur laissant le champ libre. A nous d’aller sur le terrain, dans tous les quartiers, au-delà de nos lieux de travail, pour porter nos positions et nos valeurs. Si nous ne le faisons pas le 10, d’autres s’en délecteront. Au vu de la situation générale et de 2027 qui arrive au galop, nous n’avons pas les moyens de rester dans notre tour d’ivoire, il faut plus que jamais se jeter dans la mélée. 

Qu’avons-nous à perdre ? Au pire nous discuterons avec des personnes peut-être éloignées de l’action syndicale avec lesquelles nous pouvons converger. Au mieux nous entamerons le mouvement social dont nous avons radicalement besoin. 

On y va ? 

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