11.06.2024 : Jordan Bardella annonce qu'il n'abrogera pas la dernière contre-réforme des retraites s'il s'installe en juillet à Matignon. Cette sortie tranche avec ses déclarations passées sur le sujet, ainsi qu'avec le vote des 88 député·es Rassemblement national (RN) en faveur de la motion de censure du 20 mars 2023. Elle intervient au moment où le RN négocie une alliance avec le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, très favorable à la poursuite des réformes néolibérales, et alors que le programme économique de Marine Le Pen en 2022 était déjà plus libéral que celui de 2017 : les mesures empruntées à la gauche – retraite à 60 ans pour tous, défense des 35 heures, sauvegarde du statut de la fonction publique, remise en cause de la loi Travail – en avaient disparu. Derrière le flou de la toute fraîche profession de foi signée Jordan Bardella se cache l'alignement du RN sur la politique économique de MM. Macron et Le Maire.
Va-t-il abroger la réforme des retraites ? @J_Bardella dans #RTLMatin avec Yves Calvi pic.twitter.com/jOmNV1d1wk
— RTL France (@RTLFrance) June 11, 2024
27.05.2024 : lors d'un débat réunissant les principales têtes de liste des dernières élections européennes, M. Bardella reconnaît malgré lui qu'il méconnaît le fonctionnement du Parlement européen. Pendant son mandat (2019-2024), son travail parlementaire s'est limité à être présent lors des séances plénières (3 jours par mois) et à y prendre le plus possible la lumière (52 interventions). Au cours de ces cinq années, M. Bardella n'a en effet déposé que 21 amendements et n'a pas produit de rapport (contre respectivement 3 460 amendements et 5 rapports pour Manon Aubry). Quant à ses votes, qui ont été notamment décryptés par la CGT, ils confirment la droitisation de la ligne économique et sociale du RN.
il a eu 0/20 pic.twitter.com/B1DSLHZXSQ
— Glupatate (@glupatate) June 6, 2024
18.01.2024 : le journaliste Pierre-Stéphane Fort révèle dans l’émission Complément d’enquête une photographie, probablement prise en 2017, sur laquelle on voit Jordan Bardella en compagnie de l’ancien chef du Groupe union défense (GUD) Frédéric Chatillon. Ce dernier a de nouveau été le principal prestataire communication de la campagne présidentielle de Mme Le Pen en 2022, malgré sa condamnation pour escroquerie. Deux autres anciens du GUD, Axel Loustau et Olivier Duguet, qui furent aussi les trésoriers du microparti de Mme Le Pen, étaient présents à la manifestation néofasciste du 6 mai 2023 à Paris (lire ici et là). Le fils du premier a été jugé cette semaine, suite à une agression homophobe qui a eu lieu dans la soirée du dimanche 9 juin à Paris, quelques heures après l'annonce de la victoire de la liste RN aux élections européennes (lire ici et là).
🔴 GUD connexion : #ComplementDenquete dévoile de nouveaux éléments sur les liens entre l’ex-chef de file du groupuscule d’extrême droite et le président du RN
— Complément d'enquête (@Cdenquete) January 18, 2024
▶️« Jordan Bardella : le grand remplaçant » ce soir à partir de 22h35 sur France 2 pic.twitter.com/tQ0gTcrpNi
8.12.2023 : « Je pense que notre pays est beaucoup trop attractif pour l'immigration », assène un Jordan Bardella déstabilisé par les questions de la journaliste de RCI Guadeloupe Barbara Olivier-Zandronis, qui lui rappelle notamment que la France n'est pas une destination privilégiée pour les migrants, qu'un rapport a effectivement conclu à « l'utilité sanitaire » de la fameuse Aide Médicale d'Etat et qu'il ne s'est pas positionné au Parlement européen sur la reconnaissance comme écocide de l'utilisation du chlordécone ou le renouvellement de la flotte des pêcheurs ultramarins.
"Vous estimez que les trottoirs parisiens, les campements de fortune de Calais, ont des points communs avec les auberges 5 étoiles ?"
— Caisses de grève (@caissesdegreve) December 10, 2023
Interview non complaisante de Jordan Bardella qui a valu a Barbara Olivier Zandronis un retrait de l'antenne de @RCI_GP pic.twitter.com/IMzhKcVDTw
5.11.2023 : « Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite », ose affirmer Jordan Bardella, qui affirmera encore quelques jours plus tard que son parti a « toujours été irréprochable sur ce sujet » et qu’il est même devenu « un bouclier pour les juifs de France ». Pour rappel : Jean-Marie Le Pen, qu’admirait le jeune Bardella – il a fièrement posé à ses côtés le 18 décembre 2013 [1] –, a été condamné à plusieurs reprises pour avoir déclaré que les chambres à gaz étaient « un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale » ; un député RN a tenu une librairie négationniste ; le directeur de campagne de M. Bardella en 2019 chantait « Zyklon Army » dans sa jeunesse ; le maire de Fréjus – dont M. Bardella est proche – est visé par des accusations d'antisémitisme (lire ici, là et là)... Quant à l'histoire de l'antisémitisme en France, elle est étroitement liée à celle de l'extrême droite, depuis La France juive d'Edouard Drumont (1886) et les éditoriaux de Charles Maurras dans L'Action française (première moitié du XXe siècle).
Jordan Bardella (@J_Bardella): "Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite" pic.twitter.com/abuavR7pRF
— BFMTV (@BFMTV) November 5, 2023
[1] Le Grand remplaçant. La face cachée de Jordan Bardella, Pierre-Stéphane Fort, StudioFact, mai 2024, p. 33. Cette révélation contredit le récit suivant lequel Jordan Bardella aurait rejoint le Front national (FN) à l'âge de 16 ans pour contribuer au travail de « dédiabolisation » entrepris par Marine Le Pen suite à son élection à la présidence du parti en janvier 2011.
* Le CV de Jordan Bardella (qui est né en 1995) se résume à un job d'été d'un mois en 2014 (agent administratif dans la société de son père) et à un stage de 3e au commissariat de Saint-Denis. Il a été l'assistant parlementaire du député européen Jean-François Jalkh (février-juin 2015), puis un salarié de la campagne du FN aux régionales en Île-de-France (juillet-décembre 2015), campagne à l'issue de laquelle il a lui-même été élu conseiller régional. Depuis mai 2019, il cumule ce mandat régional avec celui de député européen.
** Marine Le Pen, co-propriétaire du manoir de Montretout, touche 12 500 euros net par mois : outre ses rémunérations liées à ses mandats de députée et de conseillère départementale, elle continue en effet à percevoir 5 000 euros par mois de son parti, dont elle a pourtant quitté la présidence en septembre 2021 (lire ici et là). Son plus proche conseiller est son beau-frère Philippe Olivier, dont la fille fut la compagne de M. Bardella entre 2019 et 2023 ; la nomination de ce dernier, le 21 septembre 2017, au poste de porte-parole du RN coïncide avec sa relation (entre 2017 et 2019) avec l'une des filles de Frédéric Chatillon, qui est un vieil ami de Mme Le Pen (cf. Le Grand remplaçant, Pierre-Stéphane Fort, p. 53-74). A l'automne 2012, l'adversaire de M. Bardella pour la présidence du parti était Louis Aliot, qui fut le directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen et le compagnon de Mme Le Pen. Quant à Marion Maréchal-Le Pen, elle vient de tourner le dos à Reconquête ! pour renouer avec le parti fondé en 1972 par son grand-père et quelques-uns de ses amis.
*** En mars 2024, le Conseil d’Etat a rejeté une requête du RN qui contestait son rattachement à l’extrême droite dans la classification des candidatures établie par le ministère de l’intérieur.