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Billet de blog 31 décembre 2023

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Macron, une réaction française*

Emmanuel Macron vient de faire voter une loi Immigration raciste et xénophobe. Ce n'est guère surprenant, tant ses clins d’œil appuyés à l'extrême droite et ses références à la monarchie ont été nombreux·ses depuis 2015. Rappels.

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8 juillet 2015. Ministre de l'Economie depuis dix mois, Emmanuel Macron déclare à l'hebdomadaire Le Un (n°64) : « Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. »

8 mai 2016. Encore ministre de l'Economie, Emmanuel Macron préside les fêtes de Jeanne d'Arc, à Orléans, à l'invitation du maire (LR) Olivier Carré, qui rejoindra peu après La République En Marche. Son discours est disponible ici.

19.08.2016. C'est au Puy du Fou, dans le fief des Villiers (décrypté par Complément d'enquête et un quatuor d'historiens), qu'Emmanuel Macron lâche la phrase (« L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste ») qui précipite sa démission du gouvernement, onze jours plus tard.

© Guillaume Meurice

16.11.2016. Peu après avoir quitté le centre d'apprentissage de Bobigny où il a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, Emmanuel Macron « rend visite aux rois de France » à la basilique de Saint-Denis, raconte un journaliste de Challenges (ce dernier rejoindra l'Elysée dès septembre 2017 et déjeunera en octobre 2020 avec Marion Maréchal-Le Pen).

29.05.2017. Trois semaines après son élection, Emmanuel Macron reçoit en grande pompe Vladimir Poutine au château de Versailles. Il s'y adressera aussi aux parlementaires début juillet et y organisera au mois de janvier suivant le premier sommet « Choose France ».

16.12.2017. Le nouveau président fête son quarantième anniversaire au château de Chambord.

7.11.2018. « Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat », déclare Emmanuel Macron au cours d'une « itinérance mémorielle » ratée, dix jours avant le premier acte des Gilets jaunes. Propos confirmés en décembre 2020 : « Pétain fut le héros de 1917 et un grand militaire. »

© Élysée Infos

31.10.2019. Le président de la République accorde un long entretien à Valeurs actuelles sur l’immigration, l’islam, le communautarisme, etc., quelques semaines après avoir évoqué les possibles « excès » de l'Aide médicale d'Etat.

11.02.2020. Emmanuel Macron fait référence à Charles Maurras, que la République a été tout près de célébrer en 2018, devant des député·es de sa majorité. En décembre 2022, son ministre de l'Intérieur, qui a lui-même flirté avec le mouvement monarchiste, citera à la tribune de l'Assemblée nationale une autre figure historique de l'Action française : l'historien Jacques Bainville.

1.05.2020. Emmanuel Macron appelle Eric Zemmour pour lui apporter son soutien après que ce dernier a été pris à partie dans la rue, et lui demande à cette occasion une note sur l'immigration.

6.07.2020. Après une « discussion [...] d'homme à homme », Emmanuel Macron nomme place Beauvau Gérald Darmanin, qui avait évoqué une « crise identitaire » dès décembre 2018 et fera adopter en avril 2021 la loi dite « Séparatisme ». Entre 2017 et 2022, Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal ont été maintenu·es respectivement à la tête des ministères de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur.

14.07.2022. Réélu depuis peu face à Marine Le Pen, dont le parti vient d'obtenir deux vice-présidences à l'Assemblée nationale, le président de la République parle de la nation comme d'un « tout organique ».

En 2023, Emmanuel Macron a poursuivi sa politique économique réactionnaire, recadré sa Première ministre sur le RN « héritier de Pétain », utilisé à plusieurs reprises le terme « décivilisation », parlé éducation dans Le Point, martelé « l'ordre, l'ordre, l'ordre », fait voter la raciste et xénophobe loi Immigration et apporté pour finir, à la suite des médias contrôlés par Bolloré, son soutien à Depardieu. Le barrage promis en 2017 et en 2022 est depuis longtemps devenu « boulevard », comme le rappelle le titre du dernier livre de Sébastien Fontenelle.

MACRON / EXTRÊME DROITE : DU REMPART AU BOULEVARD © BLAST, Le souffle de l'info

* J'emprunte le titre de ce billet à la remarquable enquête de François Krug sur l'extrême droite littéraire (Michel Houellebecq, Sylvain Tesson, Yann Moix), dont Mediapart a publié des extraits. Lire aussi une récente série d'été et l'édifiant dossier « Macron : à droite toute ! » du site d'information indépendant qui héberge ce blog.

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