MODE Fashion Modalità Modus 模式 モード Режим - Contre la hideur du monde
1973 : Première “Semaine de la mode”… Aujourd'hui, New York, Londres, Milan, puis Paris accueillent la "Fashion Week" pendant 4 semaines consécutives. Notons que Paris demeure la seule capitale à présenter de la "haute couture" (label protégé AOC depuis 1945). Arrêt sur la Paris F.W. Automne-Hiver 2019-2020 ! Parce que oui, la mode c'est d'abord un art, avant d'être une industrie !
"Fashion Week" : l'expression véhicule à tort un parfum de superficialité. Sans doute parce qu'il s'agit davantage de l'affaire des femmes, assimilées encore une fois à ce qui est futile et inutile ! Ce qui est faux, dans la réalité, comme tout le monde sait : chacun, femme ou homme, est reconnaissant de pouvoir regarder et/ou toucher un autre être que lui, paré de beaux vêtements et subtilement parfumé. Non ? Alors, pourquoi cet apriori – chez certains — vis-à-vis d'un art aussi fascinant que la mode ? Pourquoi, alors que tout a commencé dans la splendeur et le rayonnement de la Cour de Versailles ? Non, en fait, tout a commencé, bien avant, dans l'Antiquité avec la mise en beauté du corps. Impératrices ou empereurs, reines ou rois, guerrières ou guerriers, sujets des cours, etc. Tous "s'empanachaient" ! Et la culture du "folklore" est là pour nous rappeler que les paysans, au XVIe siècle comme en tout temps, arboraient les jours de fêtes les costumes typiques de leur région…
Photo : robe portée par l'actrice Kirsten Dunst, rôle titre du film éponyme de Sofia Coppola (2006), pour le "Vogue" US. Lors de la sortie du film aux Etats-Unis, la robe a décoré une vitrine du prestigieux magasin Barney’s sur Madison Avenue à New York.
Exposition "Marie-Antoinette, métamorphoses d’une image", du 16 oct. 2019 au 26 janv. 2020 à la Conciergerie.“Collections, couturiers, créateurs, ont largement investi la figure de Marie-Antoinette qui, de son temps déjà, entretenait avec les apparences et la beauté un rapport passionnel et cultivé. La mode s’est donc emparée du personnage, le transformant en phénomène ultra-contemporain et iconique, rapprochant la reine de plusieurs top models récents.”
Paris est le berceau de la mode. Mais comment la ville en est-elle devenue la capitale mondiale ? Réponse depuis le 6 sept. 2019 au musée du Fashion Institute of Technology de New York, pour l'expo "Paris, Capital of Fashion". https://www.fitnyc.edu/
9 Septembre 1988 - L'art de la Mode à la "fête des communistes"
"[…] Le défilé Saint-Laurent à la fête de l’Humanité se situe à la suite logique, dans l’histoire du Parti communiste français, d’une prise de position antérieure de Maurice Thorez (secrétaire national de 1930 à 1964) en faveur de la haute couture et plus largement de ce que l’on nommait alors 'articles de Paris', ce dans le but d’honorer cette production, au nom de sa richesse symbolique et des savoir-faire, du haut en bas de l’échelle, de ses artistes et artisans."“C’est d’un chic !”,J.-Pierre Léonardini, journaliste à l'Humanité/Théâtre : https://journals.openedition.org/chrhc/4843
Michel Boué (1947-1993)
Michel Boué et Claude Cabanes, le rédacteur en chef de l’époque, avaient décidé qu’il y aurait une rubrique "mode" dans L’Humanité, bien que le journal soit un organe de luttes des ouvriers et d’émancipation des travailleurs. "Michel Boué et les 'fées couturières'", Thierry Pastorello https://journals.openedition.org/chrhc/4833
À l'Humanité, Michel Boué s’employa à faire reconnaître la mode comme "art, et collectif de création". Le défilé d'Yves Saint Laurent à la fête de l’Humanité 1988 fut un évènement marquant : sa vision de la mode comme telle doit beaucoup à son regard de communiste. “Un esprit en mouvement, d'une conscience nette de la hideur et de la beauté du monde”, disaient ses collègues en parlant de lui. (“Le Roman de la robe”, Michel Boué, éd. Messidor, 1983 : il y raconte son aventure avec la haute couture. Préface de Christian Lacroix.)
On aime l'art, la création. Et la mode, dans tout ça ?
L'alliance des femmes et leur empathie pour la mode ne devraient pas surprendre ni porter à moquerie, discrimination ou critiques acerbes. La plus convaincue d’entre elles dira qu’elle est une femme, dans un pays libre et démocratique, où la coercition reproductive – ou à la beauté… quoi que ! – est moins marquée que dans d'autres pays.
Qu'elle aime les créations de mode, souvent extraordinaires, de stylistes qui vivent d’une passion peu commune, et ne se soucie pas des sceptiques. À croire que cette femme-là emmerde tous ceux qui veulent la réduire à une demi-mesure, et ce, depuis la nuit des temps…
Alors, vive les femmes, et vive la mode… en hommage aux écrivaines des siècles passés, “women-show”, faiseuses de mode, doctoresses pionnières de la médecine moderne, femmes pilotes des premiers avions, femmes photographes de guerre et autres navigatrices solitaires… : Alexandra David-Néel, Amelia Earhart, Colette, George Sand, Joséphine Baker, Margaret Bourke-White, Gerda Taro, Coco Chanel, Sonia Rikiel, Agnès b, Ann Demeulemeester, Florence Artaud, Isabelle Autissier…
Collection Automne-hiver 2019-2020 de la créatrice chypriote Maria Aristidou, "Clair de Lune" (Méphistophélès Productions) : une sophistication qui reste sobre, et des vêtements faciles à porter… Ornements colorés brodés à la main et fabriqués par la designer elle-même soulignent le romantisme intemporel, la féminité et l'unicité qu'évoquent chaque scintillement et poussière de la lune. Broderies à la main et tissus créés à partir de la laine, la viscose, le lurex, le coton, la soie et le velours, tous importés de France ou d'Italie.
Maria Aristidou et les jeunes créatrices et créateurs assurent la relève. Leurs "mentors" sont souvent leurs aînées, qui se sont investies les premières et imposées au fil du temps : Jeanne Lanvin, Madeleine Vionnet, Coco Chanel, Elsa Schiaparelli, Nina Ricci, Madame Grès, Madame Carven, Mary Quant, Vivienne Westwood, Rei Kawakubo, Emmanuelle Khanh, Christiane Bailly, Isabel Marant, Bouchra Jarrar, Maria Grazia Chiuri, Phoebe Philo, Clare Waight Keller, Sarah Burton, Stella McCartney… Toutes “des libres”. Elles ont fait de la mode et de la beauté leur empire !
Oui, dans les pas des créateurs, les Givenchy, Azzedine Alaïa, Christian Lacroix, Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler, Giorgio Armani, Valentino, Versace, Yohji Yamamoto, Issey Miyake, Maison Margiela, et autres Alexander McQueen, John Galliano, Nicolas Ghesquière…, d'autres magiciennes et magiciens de la mode arrivent (Ziad Nakad, Steven Khalil, La Métamorphose, etc., découverts grâce à l'agence Méphistophélès Productions). Les créatrices s'imposent, et certaines imposent leur vision de la place de la femme dans la société.
Il n'y a pas de règles, seulement des femmes qui se veulent libres : on peut être par exemple un reporter de guerre et une mère au foyer, et prêter attention à ses atours féminins lorsqu'on n'est pas "en mission" sur les zones sensibles. Ci-dessus, une photo de Manon Quérouil-Bruneel et Véronique de Viguerie : toujours prêtes à partir au "front", mais femmes très femmes, ouvertes aux tenues sages ou branchées !
Printemps 2017. Alors que 673 marches de femmes se déroulent dans le monde, la créatrice Maria Grazia Chiuri fait défiler les mannequins de sa première collection chez Dior avec une veste au style New Look et un tee-shirt "We Should All Be Feminists". L’expression est empruntée à l’écrivaine et activiste nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, celle-là même qui n’hésite pas à vanter en interview son amour du make-up. En effet, pourquoi considérer l’esthétisme comme une frivolité inutile ? Le mépris des “choses du corps” ne ferait-il pas justement le jeu du patriarcat, en contribuant à entériner l’idée que tout ce qui ne concerne pas l’esprit est superficiel et vain ?
Sans argent, pas de mode ! Point barre ! La mode est avant tout devenue une industrie, mais parallèlement, aussi, la transition écologique est en train de se faire."De la suppression de la surconsommation à un mode de vie minimaliste : c'est en cours !" : la bloggeuse bordelaise Anaelle décortique parfaitement le sujet sensible de l'argent opposé à celui de la protection de l'environnement."Sans pression, ni jugement." https://www.larevolutiondestortues.fr/gagner-argent-environnement-ecologie/
L'industrie de la mode se réveille ! Le monde de la mode britannique s’allie à Oxfam contre la culture du "jetable". En tête du mouvement : Vivianne Westwood, la pionnière de la mode excentrique et rebelle. La peinture n'est pas le seul art subversif !
C'est la crise ? Cela ne décourage pas les jeunes créateurs ! Depuis la récession, ils s’adaptent, le plus difficile étant de durer. Certains d'entre eux sont soucieux de l’impact, sur l’environnement, des matières qu’ils utilisent. C'est le cas d'Armine Ohanyan qui "recycle" le plastique en le couvrant d'or blanc, pour dénoncer la pollution de l'air, de la terre et des océans.
Armine Ohanyan s'inspire de la nature
Dans sa collection Automne-Hiver 2019-2020, "Let Fly" (Méphistophélès Productions), la touche "nature" de la collection d'Armine Ohanyan n'aura pas échappé à l'assistance. Le "biomimétisme*" a de beaux jours devant lui ! Mousseline de soie, organza de soie, satin duchesse, coton, etc., accentuent à la fois les aspects "volatil et métallique", "naturel et mécanique" de la collection qui rappelle les nervures des ailes des créatures terrestres. https://armine-ohanyan.com/pages/la-presse-en-parle
Inspiration : documentation, articles par France Culture.fr, Lemonde.fr, Nouvel Obs-Rue89, Libération.fr, L’Humanité, Elle, Paris Match, Madame Figaro, Télérama, Beauxarts.com, Air France Magazine, Paris le Magazine, TGV Magazine, L’Autre Journal, Les Femmes en mouvement, Ohla!, Egalitaria.fr, Madmoizelle.com…
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