Pour une ingérence citoyenne.
(note de la traductrice: ce texte m'a été envoyé en réponse à mes remarques sur les réactions de lecteurs du blog, au sujet de la notion d'ingérence, et le souci de ne pas laisser des puissances étrangères interférer dans la libération du peuple iranien.)
La question de savoir s'il faut ou non se mêler des affaires intérieures d'un pays se pose régulièrement, en particulier dans les grands médias du "monde libre".
La vérité est que, peu importe à quel point certaines personnes essaient d'établir qu'il est préférable de ne pas interférer dans les affaires des autres, il s'en trouvera toujours pour interférer quand même. D'un point de vue citoyen, s'abstenir d'agir, ce n'est pas empêcher l'ingérence, c'est simplement la laisser à d'autres.
Dans le cas de l'Iran en particulier, être laissé tranquille avec ses propres affaires, ce serait plus comme une vache dans une grange, espérant qu'on la laisse tranquille, oui, que les mouches, les moustiques et les araignées, les autres vaches, les fermiers et les amis du fermier et tout le reste, la laissent tranquille.
Cela vous semble-t-il familier ? Avez-vous déjà essayé de rester tranquille, tout seul, au milieu d'un village plein de gens curieux ou amicaux ou impatients ou anxieux ou cupides?
Et puis même si c'était réellement possible, à quel point serait-il bon ou bénéfique de véritablement laisser les autres tranquilles ?
Serait-il plus avantageux pour les États-Unis de laisser l'Iran tranquille, par exemple ? Ils ne le feront pas de toute façon, n'est-ce pas ? Parce qu'ils savent que ce n'est pas avantageux pour eux.
Donc, tout d'abord, si vous pensez que vous allez laisser l'Iran tranquille pour que son peuple veille à ses propres affaires par lui-même, quelqu'un d'autre interviendra en votre nom de toute façon.
Deuxièmement, il est dans votre intérêt d'interférer.
Mais alors quelle serait une "bonne façon" de se plier à l'inévitable? Existe-t-il une "ingérence vertueuse"?
Pour me faire comprendre un peu mieux, je voudrais définir la qualité de vie sur terre comme une « résultante » de la qualité de vie de chacun.
C'est ainsi que je pense que vous devriez le voir. Je pense que vous devriez voir que si le niveau de vie est meilleur, par exemple, pour les femmes en Iran, alors toutes les femmes du monde pourraient avoir une vie meilleure. Pas seulement les femmes afghanes hein, ou les syriennes ou les irakiennes, mais les femmes d'occident et le reste des gens aussi.
Je pense que, malgré ce que certains peuvent vous dire, la qualité de vie de tous les habitants de la planète ne peut être cloisonnée que dans certaines limites.
Je veux dire, la distance qu'il peut y avoir entre deux populations ou deux communautés distinctes, elle est limitée.
Le spectre peut être assez large, mais il aura toujours deux extrémités déterminées. Pardon si cela vous semble alambiqué ou trop mathématique...
Je vais essayer une approche plus directe, au cas où: permettez-moi de vous poser une question : comment vous sentiriez-vous, en tant qu'homme ou femme, de vivre parmi des gens à qui cela convient très bien, qu'une jeune fille de 16 ans se fasse tirer une balle dans la tête, parce qu'elle «proteste» littéralement contre l'obligation de se couvrir les cheveux ?
Je te fais confiance, cher lecteur, je sais bien que ça ne te va pas, de vivre dans ces conditions. Cette rhétorique, sur la non-ingérence, n'a tout simplement aucun sens.
Ce qui a du sens, c'est que tu agisses, et si tu veux mon avis, cela aurait plus de sens si tu agissais en faveur de la liberté, qu'en faveur de la dictature, ou en faveur des intérêts financiers des plus puissants (de l'est ou de l'ouest, en turbans ou en costumes), n'est-ce pas ?
Mais alors que ferons-nous de ceux qui défendent encore la doctrine de non-ingérence ? Que ferons-nous au sujet de ceux qui insistent pour que personne n'interfère avec les affaires des Iraniens?
Eh bien, je dirais qu'il n'y a pas à se faire de souci pour eux... car tôt ou tard, quelqu'un interfèrera dans leur vie, à eux aussi, et ils comprendront à leur tour. À la dure.
Nos vies comptent, soyez notre voix.