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Billet de blog 27 janvier 2023

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Voix d'Iran: Utopie, Dystopie, on est loin d'en avoir fini...

Le témoignage d'aujourd'hui se penche sur la nature dystopique de la République Islamique. Difficile de savoir si cette perspective génère de l'espoir ou au contraire du découragement, mais une chose est sûre: le salut est à rechercher du côté de l'art, de la création, de la beauté et de la vie.

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L'Iran est une dystopie. Il est quelque peu déconcertant de savoir qu'une utopie n'est pas une possibilité réelle, alors qu'une dystopie est si facilement accessible. C'est comme savoir que vos meilleurs rêves et souhaits ne se réaliseront jamais, mais que vos pires cauchemars, si.

Dans le cas de l'Iran, le mal est déjà fait.

Le gouvernement ici n'a ménagé aucun effort pour faire pression sur son peuple afin qu'il se rende. Il a violé toutes les lois de la nature et de l'éthique auxquelles nous aurions pu penser, et même certaines auxquelles nous n'aurions jamais pensé.

Bien sûr, il y aura toujours plus de mauvaises choses auxquelles ils pourront penser. C'est devenu leur métier, de savoir transformer le monde en un gouffre de douleur et d'angoisse. 

Cette secte qui promeut littéralement le deuil, les pleurs, l'automutilation et l'autodestruction existe depuis plus de quarante ans, avec des ressources financières et naturelles presque illimitées.

Et les femmes ont toujours été ciblées, presque comme si elles représentaient tout ce qui est mal, comme le monde matériel, la vie, le bonheur, les fêtes, la guérison ou le salut. 

Ces gens parlent et agissent comme s'ils connaissaient les femmes mieux que quiconque... sauf qu'ils ne pensent tout simplement pas que les bonnes choses soient bonnes. Ils préfèrent juste les larmes au rire. Ils préfèrent la maladie à la santé.

Même les scénaristes les plus prolifiques de Hollywood ne pourraient pas proposer une dystopie aussi sombre que la République islamique. Et même leurs pires méchants pourraient apprendre une chose ou deux des ministres de la République Islamique et des hauts gradés de l'IRGC. 

Et pourtant, il y a encore des gens dans le monde libre qui débattent de la façon dont ils devraient qualifier la République islamique, ou l'IRGC. 

Au fond, qu'est-ce qu'une dystopie ? Permettez-moi de raccourcir un peu la définition, pour simplifier: une dystopie c'est là où il n'y a pas de variété.

Une fois que vous essayez de tout niveler dans une société, quelle que soit l'idéologie sur laquelle se fondé le nivellement, cela se traduira par une dystopie. 

C'est parce que l'idée même que nous sommes tous égaux peut facilement être mal interprétée. 

"Nous sommes égaux" n'est pas la même chose que "Nous devrions être tous égalisés, afin de devenir identiques". "Nous sommes égaux", signifie que nous le sommes, par définition, même si nous avons l'air différents, ou malgré le fait que nous disons ou pensons des choses différentes. 

Cela signifie aussi qu'avoir n'importe quelle sorte de pensée, et l'exprimer, ne fera pas de nous des criminels.

Et alors, pourquoi n'avons nous pas plutôt une utopie ?

C'est parce qu'il n'y a jamais assez de variété pour ça. Il n'y a jamais assez de couleurs et de parfums dans un jardin, pour que l'on puisse dire "ok, c'est exactement la bonne quantité, et c'est exactement comme ça que ça devrait être". Si vous croyez pouvoir dire cela, c'est qu'en fait vous êtes dans une dystopie.

Donc, techniquement, vous ne pouvez pas réussir à créer une utopie, mais quand même, si vous savez dans quelle direction vous devez aller, alors vous pouvez éviter de créer une dystopie. 

Et si vous avancez dans la bonne direction, alors vous pouvez en être heureux.

Le bonheur c'est penser que l'avenir sera meilleur. Le malheur, c'est savoir que l'avenir sera pire.

J'essaie de rendre les choses un peu plus simples, pour que vous puissiez comprendre pourquoi la République islamique doit partir. 

Elle doit partir, car elle est contre la variété- elle est contre tout ce qui est bon. 

Il convient de rappeler que la République islamique a toujours pensé que « la fin justifie les moyens ». Nous, nous devons nous souvenir que, même si nous voulons mettre fin à ce régime diabolique, nous ne pouvons pas simplement dire que "tous les moyens possibles" sont bons, ou acceptables.

Ce n'est pas vrai. Nous devons mettre fin au régime, oui, mais nous devons le faire avec de la variété.

La probabilité d'un autre système fasciste, juste après celui-ci, n'est pas aussi faible qu'on pourrait le penser. La variété et la pluralité sont très importantes. L'inclusivité est importante.

Le cœur de la république islamique est vulnérable à la couleur, au bonheur et à la créativité. C'est très facile de voir ça, de là où je me trouve. 

Peut-être qu'en plissant les paupières et en inclinant un peu la tête, vous le verrez vous aussi... 

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